Les étrangers - Éric Pessan et Olivier de Solminihac

Les étrangers - Éric Pessan et Olivier de Solminihac « Ils ont traversé la guerre, […] la famine, le désert, la mer. Ils ont plusieurs fois échappé à la mort et ils sont morts plusieurs fois. Ils ne savent plus avec certitude comment ils s’appellent, ils n’ont plus de papiers d’identité valables. Et beaucoup de gens ne croient pas en leur existence, soit qu’ils ne les voient pas, soit qu’ils ne veulent pas les voir, et en même temps ils en ont peur, et en même temps ils croient qu’ils sont partout. Mais quand tu commences à voir les fantômes et à les connaître, tu t’attaches à eux. Tu essaies de les faire repasser du côté de la vie. Tu te bats pour ça. »
Toute l’histoire de ce court roman tient dans cet extrait je trouve. Basile, un lycéen à la vie bien rangée, croise un soir quatre jeunes migrants dans une gare désaffectée. Ils sont tendus, effrayés, ils fuient quelque chose. Quand l’un d’eux se fait enlever sous ses yeux par un passeur, Basile va tout faire pour lui venir en aide, pour lui éviter de disparaître définitivement.
Les migrants, les passeurs, la mafia, le regard porté sur une population « d’invisibles », la découverte d’une réalité face à laquelle on préfère se voiler la face, il y a tout ça dans ce texte rédigé à quatre mains. Bien sûr il y a aussi cette nuit où les événements s’enchaînent, où le suspens va crescendo. Mais la mécanique du récit ne repose pas sur l’action à tout prix. Le but est de pousser à la réflexion sur le sort des réfugiés, d’ouvrir les yeux sur sa propre condition pour relativiser ses propres tracas, pour ne pas s’émouvoir de petits drames personnels alors que d’autres en vivent de bien plus grands.
A travers l'expérience vécue par Basile on découvre la terrible situation d’une population abandonnée, l’inhumanité de certains, prêts à toutes les abominations pour profiter de leur désespoir et le soutien sans limite apporté par ceux qui prennent le risque de leur venir en aide. Éric Pessan et Olivier de Solminihac signent avec ces « étrangers » un titre malheureusement d’actualité, aussi instructif que percutant.
Les étrangers d’Éric Pessan et Olivier de Solminihac. L’école des loisirs, 2018. 125 pages. 13,00 euros. A partir de 13-14 ans.
Les étrangers - Éric Pessan et Olivier de Solminihac
Une pépite jeunesse évidemment partagée avec Noukette.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois