Chroniques Martiennes, de Ray Bradbury

chroniques martiennes   Résumé : On suit les expéditions successives des Hommes sur Mars. Humoristique, horrifique, philosophique, tous les genres se croisent au fil de ces nouvelles, de ces tranches de vie. On y découvre l’émerveillement des débuts, la construction de rêves, l’égarement du pouvoir, le danger de la technologie, le choc des cultures et bien d’autres travers que connait l’humain.

   Mon avis : Il y a une sorte de crescendo très appréciable au cours de ce livre. Même si quelques touches comiques ressortent ici et là, le ton s’assombrit clairement au fur et à mesure que les nouvelles s’enchaînent. Ce qui donne au tout un air de conte philosophique sur l’humain qui détruit tout ce qu’il touche.

   Le style, quant à lui, est simple et au profit du récit. On est directement aspiré par les lignes qui défilent ; ce qui est d’autant plus honorable que passer d’une nouvelle à l’autre me coupe un peu dans ma lecture d’ordinaire, me freine. Le fait que chaque histoire soit reliée par le contexte aux autres doit y jouer aussi.

   Certaines nouvelles sont, toutefois, un peu lassantes. Ce sont quelques rares textes qui n’apportent pas de nouvelles données à l’histoire globale et qui jouent sur des mystères qu’on perce bien vite si on repense aux histoires précédentes. Mais ce côté-là se rattrape par des tournures et idées originales.

   Il est dommage aussi que les Martiens se fassent rares en milieu de livre. Les meilleures histoires du recueil les mettent en scène physiquement, à l’exception d’Usher II qui arrive à surpasser toutes les autres sans une seule référence aux extra-terrestres. Ce qui me fait une parfaite transition...

   Cette petite perle littéraire, prémisse de Fahrenheit 451, met en scène la fameuse maison Usher qu’un homme a reconstruit dans la réalité. Il y inclue des robots prenant la forme des créatures et inventions littéraires qui ont disparu lorsque, des années plus tôt, le gouvernement a décidé de brûler tous les livres, films et œuvres d’art. Plus précisément, il rejoue les grandes scènes de Poe, autant de La chute de la maison Usher que de Double assassinat dans la rue Morgue, Le puits et le pendule et bien d’autres. Le tout avec une certaine réflexion sur l’intérêt de l’art et le danger de l’ignorance, pour une sorte de slasher hybride qui touche la perfection.

   Tout aussi parfaite, la nouvelle Les hommes de la Terre, est un bijou d’humour et d’horreur. La deuxième expédition d’humain arrive sur Mars pour découvrir les lieux et savoir ce qu’il est advenu de la première. Seulement, eux qui s’attendent à une certaine reconnaissance ou admiration de la part des Martiens tombent sur un peuple qui n’a que faire qu’ils viennent de la Terre. Chaque habitant, blasé, veut se débarrasser d’eux et les envoie vers un voisin qui saurait les accueillir comme il se doit. L’effroi de la chute est aussi bon que l’humour du début.

   Je ne parlerais que d’une troisième histoire, car s’il fallait citer toutes les perles de ce recueil, il me faudrait écrire un roman entier. La troisième expédition, donc, nous fait découvrir, sur Mars, une ville point pour point similaire à une ville d’Amérique. Mais une Amérique du passé, qui ne connait pas les nouvelles technologies. Comble de la surprise, vit dans cette ville les grands parents du chef de l’expédition. Sauf que ces derniers sont morts depuis des années. Voyage dans le temps ? Paradis revisité ? A l’expédition de le découvrir…

   En bref, un très bon recueil/roman. Une imagination sublime, des tons variés, des personnages qui semblent réels. Des chutes, de l’humour, de l’horreur, du mystère. Ça ne m’étonne pas de voir ce livre parmi les grands classiques de la SF, bien que l’auteur ait précisé, à juste titre, que ce n’est pas de la SF mais de la fantasy, car il n’a jamais cherché à être crédible ou à faire quelque chose de plausible. Comme il l’a si bien dit, la SF représente une réalité possible, la fantasy représente de l’irréel pur. 

Murphy


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