QI • Christina Dalcher

QI • Christina Dalcher

Un livre saisissant, douloureux, prenant, nécessaire qui m’a tenu en haleine !

╰☆ Résumé ☆╮

Et si un chiffre déterminait l’avenir de nos têtes blondes ?

Le potentiel de chaque enfant est régulièrement déterminé par une mesure standardisée : son quotient Q. Vous obtenez un score suffisamment élevé et vous pourrez fréquenter une école d’élite avec à la clé un avenir en or. Votre score est trop bas, vous serez envoyé dans un internat fédéral avec des débouchés très limités. Le but ? Une meilleure société où les coûts de l’éducation baissent, les enseignants se concentrent sur les élèves les plus prometteurs et les parents sont heureux.
Elena Fairchild, enseignante dans l’une des écoles d’élite de l’État a toujours soutenu ce système. Mais lorsque sa fille de neuf ans rate un test et doit partir pour une institution fédérale à des centaines de kilomètres de là, elle n’est plus sûre de rien. À part une chose : elle doit retrouver sa fille à tout prix.

✿ Mon avis ✿

QI est un livre qui bouleverse, qui choque, qui donne envie de faire des recherches, d’approfondir le sujet. QI c’est une partie de notre Histoire melée à de la science-fiction. Et ça fait peur ! Peur qu’on en arrive vraiment à ce point-là, qu’on répète nos erreurs, qu’on parte sur un sombre chemin où les mauvaise décisions s’accumulent… pour en arriver à l’un des pires moments de l’histoire de l’humanité. Comme des goutes qui se rajoutent dans un vase sans qu’on le regarde, un jour, on risque d’arriver au bord et de faire déborder le contenu. Et alors là, il sera trop tard…

Je reste assez vague car je n’ai pas envie de trop en dire mais il faut quand même que je vous présente deux trois choses pour vous convaincre de le lire. Car oui, j’ai passé un moment de qualité, stressant et douloureux… mais un moment qui m’a marqué, qui m’a donné à réfléchir et qui m’a fait trembler pour l’héroïne, cette femme qui se bat pour sa fille comme une lionne.

Dans ce récit, on vit dans une société patriarcale où tout est mesuré. Tout. Et en fonction du quotient Q que l’on a, on a la vie qu’on a. On a le droit d’aller dans les bonnes écoles, d’apprendre les choses qui nous permettront d’avoir un bon travail (et pas de travailler à flipper des hamburgers ou à vendre des boucle-d’oreilles en toc) et puis on a le droit de passer en priorité dans les files d’attentes aussi… un concept qui nous rappelle bien évidemment l’apartheid mais aussi les horreurs du XXe siècle européen.

L’autrice fait d’ailleurs elle-même le rapprochement avec l’Allemagne nazi puisque l’un des personnages secondaires est une femme qui a grandi dans les jeunesses hitlériennes. On part donc sur un livre où plusieurs aspects sont assez malaisants, où la différence est marquée, où la distinction de classe (en fonction du quotient Q) est primordiale et définit l’entièreté du quotidien des gens.

Tant de règles, de loi, de comportements et d’obligations qui sont définis par ce satané chiffre. Ça fait vraiment peur ! J’ai retrouvé l’ambiance dérangeante de La Servante Ecarlate mais aussi un peu le ton de 1984. Des livres dont certains aspects semblent mine de rien se développer dans la vie réelle à certains niveaux…

Un livre où les hommes et femmes sont des moutons qui doivent suivre ce qu’on leur dise SINON… sinon leurs enfants iront dans les écoles jaunes, dans des endroits éloignés qu’on pourrait comparer à des prisons (même si ce n’est évidemment pas l’information officielle transmise à la population) et où le droit de visite se réduit à quelques heures par trimestre, sinon ils perdront tous les privilèges qu’ils ont acquis. Le moindre écart aux règles (comme s’absenter un jour pour cause de maladie) fait perdre des points de Q à la personne, ce qui impacte ensuite ses proches, le reste de la famille. Bref, vraiment pas un monde où j’aimerais vivre. Et lorsque je vois le mal que cela fait à Elena et à sa plus jeune fille, je me dis que le monde deviendra vraiment fou le jour où on se met à prendre des décisions comme cela…

On découvre là un miroir de notre futur si l’on ne fait pas un peu plus attention à certains choix, à certaines lois et décisions qui sont prises à l’échelle (inter)natioanle. Une science-fiction ancrée dans notre quotidien qui rappelle, comme le souligne si bien l’autrice, la parenthèse eugénistes que les USA ont mis en place au début du XXe siècle. Christina Dalcher nous parle de xénophobie, de l’instinct, de l’acquis, de l’inné, d’intelligence et d’ADN, de race, de ce qui fait de nous des humains… le meilleur comme le pire. Un livre douloureux qui blesse notre ego d’humain, car en tant que race (humaine) nous avons déjà failli et participé tacitement à tellement d’horreurs.

Quand l’homme se décide à jouer à dieu grâce à la science… et quand ceux qui sont au pouvoir commencent à diriger le monde de la plus mauvaise des façons.

Un livre saisissant, douloureux, prenant, nécessaire qui m’a tenu en haleine et qui m’a heurté dans mon cœur de maman tant je me suis prise d’affection pour l’héroïne. Une lecture qui marque, un lecture qui reste en tête !

 CHRONIQUE #830 – Avril 2023

  • Parution : 2022
  • Editeur : pocket
  • Nombre de pages : 416 pages
  • Genre : Littérature SF

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois