La Vérité engendre la Haine (Nicolas Bouquillon)

La Vérité engendre la Haine (Nicolas Bouquillon)

Auteur : Nicolas Bouquillon
Éditions : Ex AEquo
Parution le : 25 novembre 2022
204 pages Thème : Policier

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon

La Vérité engendre la Haine
Pour quelle raison une sénatrice, un ancien ministre fondateur d'un célèbre parc à thème historique, et un secrétaire d'Etat en charge de la Mission Patrimoine également présentateur vedette, sont-ils monstrueusement assassinés à quelques heures d'intervalle ?
Quelle machination pousse un commando lourdement armé à partir en plein jour à l'assaut du ministère de la Culture puis à semer la terreur sur des Champs-Elysées bondés ?
Quand se dévoile un mystère caché depuis près de cent cinquante ans par nos institutions, un jeune historien spécialiste du dix-neuvième siècle s'allie à une policière téméraire pour découvrir quelle vérité engendre autant de haines, et tenter d'empêcher la chute de la République. "

Bonjour à toutes et tous !

Je vais commencer par les remerciements et donc MERCI à l'auteur pour m'avoir fait parvenir son livre. J'ai eu un peu peur, je dois bien l'admettre de me retrouver plongée dans une histoire de politique (moi qui ne surveille absolument pas ce qui se passe en haut pour plein de raisons) mais il s'agit d'un policier et 3 personnages plus ou moins importants qui se font tuer sans qu'ils ne soient dans le même "camp" cela intrigue plus qu'un peu. 150 ans d'institution (j'ai eu beau chercher je ne trouvais pas la date exacte à garder en mémoire et surtout ce qui avait pu se produire à cette époque), 150 ans de mensonge ? Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que nous oserions nous mentir ? (chut, on ne rigole pas !) Le résumé intrigue déjà, 3 morts, un assaut militaire au ministère de la culture (What ?) une poursuite sur les Champs-Élysées (Pardon ?) Forcément, je devais le découvrir et j'ai eu raison ! Donc un grand GRAND merci à l'auteur, parce que j'ai été bluffé !

Veritas Odium Parit, la Vérité engendre la Haine porte bien son titre. Au delà du récit, cette simple phrase/titre reste dans le vrai. Toute vérité n'est pas toujours bonne à dire, mais dans notre cas, la Vérité a un prix à payer, celui de la haine, de la mort, de la destruction. Si cette vérité est vraie (dans notre réalité, dans notre monde), alors il y a bien des choses qui auraient dû changer. Serions-nous prêts à cela ? Pas certaine le moins du monde et cette vérité qui fait si peur a deux "camps" : ceux qui veulent la faire taire et ceux qui veulent la révéler. Nous comprenons bien vite que les morts dont nous allons suivre les quelques minutes qui leur restent à vivre sont de ceux qui veulent faire éclater au grand jour le mensonge dans lequel les personnages vivent depuis bien trop longtemps. Trois personnalités publiques à différentes échelles dont personnes ne pourraient mettre en commun, si ce n'est des échanges téléphoniques, rien de plus, rien de moins. Notre sénatrice, Sophie Dutertre était une femme de terrain qui ne cherchait pas à écraser les autres avec le parti dans lequel elle était. Une femme qui avait beaucoup de rendez-vous et donnait de son temps à quiconque en ressentait le besoin. Pharaon (oui, moi aussi j'ai eu un court instant de surprise avec ce prénom) est stagiaire pour cette femme qui a disparu tragiquement. Cet homme a découvert le corps et en est meurtri. L'attention qu'il portait à son stage, à cette femme, à son travail le déstabilise aisément et ce n'est pas Gloria Novacek Lieutenant de police qui va y parvenir de suite.


Une enquête de police se met en place, jusqu'à la découverte des deux autres corps à quelques heures d'intervalle. Des heures sombres pour la France qui semble avoir peur du terrorisme. Le lieutenant ainsi que son équipe et les autres équipes chargés des enquêtes vont devoir travailler de concert pour tenter de dénouer des motifs, des explications, des moments clés sans savoir vraiment où cela vient. Peut-être que le fait que Pharaon soit (comme par hasard) étudiant en Histoire, avec un grand H et passionnée d'une époque qui tombe pile dans les années dont nous allons avoir besoin, toujours est-il que WAOUH ! Ce n'est pas un terme parfait, mais il donne mon ressenti sur le sujet d'une manière générale sur la façon dont l'auteur nous entraine dans une reconstitution des monuments importants et de la façon dont fonctionne le cerveau d'un cultivé (bien plus que moi sur cette époque d'ailleurs). J'ai été fascinée par la manière dont Pharaon tire son épingle du jeu sans en faire des tonnes. C'est un personnage qui ne sait pas vraiment quoi faire de sa vie, il aime l'école, apprendre et se voit mal travailler dans un domaine qu'il n'aime pas. L'Histoire et la politique sont ses passions, mais l'Histoire en premier et avec ses connaissances et sa manière de réfléchir et de procéder nous avons un personnage qui est à la fois énervant par ses questions et intriguant par son parlé soutenu. L'histoire de la confiture étalée, je confirme que j'y ai pensé quelque instant, jusqu'à ce que je comprenne comment Pharaon agit. Il ne cherche pas à étaler sa science, il a des points de vue et des joutes verbales différentes du commun des mortels.


Le début est un peu long, des corps retrouvés, des questions, des pensées pas super sympa de la part de Gloria envers la population et elle-même. Un secret qui attire les convoitises, sans savoir de quoi il s'agit (heureusement la fin nous l'indique). L'horreur dans un pays qui se veut libre de penser, de parler, de faire ce que chacun veut (sans compromettre la liberté des autres). Le personnage de Pharaon est important dans le sens où il va se retrouver aux côtés d'un lieutenant qui ne veut pas de civil, mais va bien devoir se confronter au fait qu'il en sait plus que n'importe qui d'autres. pas sur les crimes en eux-mêmes, mais sur bien des éléments qui pourraient amener les enquêteurs à comprendre le pourquoi du comment. Gloria n'est pas une femme facile à vivre aussi bien dans sa vie privée qu'au travail, donner des informations non plus, mais lorsqu'elle se voit dans l'obligation de devenir le garde du corps de cet homme qui est aux antipodes de ce qu'elle imagine comme un héros, le secret qui n'est ps encore dévoilé tape sur les nerfs et autres choses d'ailleurs. Physiquement, les coups tombent tout comme les corps meurtris. Mentalement, nos méninges se réveillent et c'est un véritable jeu de pite que nous offre l'auteur. Qui est derrière tout cela ? Mystères, mystères, car même en arrivant sur le final et en écoutant bien, nous comprenons que l'histoire même si elle se termine ici sur qui a tué ces trois personnages et pourquoi, il reste toujours le doute suivant : et si dans l'ombre nous avons un marionnettiste toujours libre d'agir ? La conduite à tenir de Gloria nous laisse perplexe et si nous comprenons qu'elle ne veut pas mélanger travail et privé, elle se prive trop sans que nous ne comprenions vraiment le pourquoi. Quelques éléments nous laissent entendre ce pourquoi, j'aurai aimé en avoir un peu plus. Par contre j'ai adoré cet éternel gamin de Pharaon qui ne voit pas le mal.


Un duo improbable ainsi formé qui m'a fait penser à "Anges et Démons" de Dan Brown dans le sens où nous avons deux personnages vraiment à l'opposé et l'un des deux est doué, extrêmement doué dans ce dont nous allons avoir besoin pour dénouer les mystères d'une enquête complexe. Les débuts toujours un peu long, nous avons les événements qui viennent de plus en plus vite. Les temps morts deviennent rares, le stress monte, les cavalcades et autre course-poursuite qui ne lâchent pas les personnages. Une très bonne enquêtrice mais complètement dépassée par l'Histoire et un étudiant féru de cette même matière mais qui vit dans un autre monde. Les deux sont complémentaires pour tenter de survivre dans un jeu de chat et de souris dont ils n'ont pas les codes. Force brute et connaissance, un bon mélange qui va les emmener et nous emmener loin dans le passé ! J'ai adoré "écouter" Pharaon lorsqu'il plonge dans cette époque lointaine et pas si lointaine à la fois. Mon fils saurait reconnaitre ce qui est véridique ou non, pour ma part je n'en sais rien et cela me convient parfaitement d'être tombée sur ce cours d'Histoire improvisé. Avec de tels personnages je ne savais pas à quoi m'attendre au niveau de la plume et je dois dire que c'est haut, très haut. Du langage soutenu, des termes peu vus en écriture, ce récit est carré, c'est le terme que je cherchais. Carré vis-à-vis de l'intrigue, des personnages, de leurs modes de fonctionnement, à la limite du militaire. Cela me fait penser que le travail de recherche (à moins que l'auteur soit lui-même un historien de grande renommée) a été énorme ! Impossible de trouver dans les livres d'histoires traditionnels tout ce qui a été indiqué, montré du doigt, utilisés.

" - Coucou les fachos, dit Bouboule en levant les yeux vers eux pour la première fois. Tiens ma frite, petit.
Autour des deux camps la foule continuait d'avancer lentement sans leur prêter attention. Ne manquait qu'une boule de foin roulant entre les protagonistes, une musique d'Ennio Morricone et les gros plans sur les regards.
Pharaon pris la barquette d'une main tremblante et recula en continuant de regarder tous les participants au pugilat qui allait commencer. Une frite posée sur le rebord de la barquette tomba par terre. Ce fut le signal que les deux bandes rivales attendaient.
Dans un fracas apocalypse, les deux clans se ruèrent l'un vers l'autre. On aurait dit un combat de Lucha Libre avec Bouboule Nhovski dans le rôle de Teddy Riner. Sauf que Riner aurait détalé bien vite face à la force brute de Bouboule. Il utilisait un style de lutte peu conventionnel, composé majoritairement d'une généreuse distribution de baffes haute-fréquence, assurées tel un moulin hyperactif par ses grandes paluches à la vitesse où Audiard enchaînait les répliques. Il variait les mouvements en y associant de temps à autre de puissants coups de têtes et de vigoureuses projections des genoux, dans un ensemble harmonieux dont aucune des composantes n'aurait été homologuée par quelque fédération sportive que ce soit. Nonobstant l'aspect non académique de son style, qui faisait mesure d'exemple pour ses compères tentant avec plus ou moins de grâce de le singer, il fallait reconnaitre l'efficacité des prises puisqu'un observateur neutre aurait été bien forcé de constater que les vieux gagnaient. "

La Vérité engendre la Haine (Nicolas Bouquillon)

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