Jean-Christophe

Jean-Christophe

" Jean-Christophe "

ROLLAND Romain

(Albin Michel)

Le Lecteur a pris son temps, tout son temps. A peine moins de deux ans pour parcourir les presque mille six cent pages du roman qu'il avait découvert en la phase ultime de son adolescence. Afin de le savourer tout en retrouvant tant et tant des émotions qui marquèrent son autrefois et qui ne se sont pas effacées de sa mémoire.

Romain Rolland lui est venu voilà désormais plus de soixante ans par plusieurs biais. Par l'intermédiaire de son père en premier lieu, qui lui vanta l'Ecrivain pacifiste, l'européaniste, le républicain. Par celui de Paul Werk, son oncle, grand liseur parmi les liseurs, et dont la bibliothèque recelait tant de trésors, dont nombre de romans et d'essais de Romain Rolland. Et puis M. (Michel ? la mémoire du vieil homme n'est plus très fiable) Jolly, son professeur de lettres qui laissa en lui d'indélébiles traces. L'aboutissement avec Jean-Christophe. Qui donc lui offrit en 1961 ou 1962 l'édition définitive, établie par la maison Albin Michel, de ce monumental roman ? Un roman que Roman Rolland destina Aux âmes libres de toutes les nations qui souffrent, qui luttent et qui vaincront.

" Comme une succession d'étages, il embrassait l'ensemble de sa vie... L'immense effort de sa jeunesse pour prendre possession de soi. Les luttes acharnées pour conquérir sur les autres le simple droit de vivre, pour se conquérir sur les démons de sa race. Même après la victoire, l'obligation de veiller, sans trêve, sur sa conquête, afin de la défendre contre la victoire même. La douceur, les épreuves de l'amitié, qui rouvre au cœur isolé par la lutte la grande famille humaine. La plénitude de l'art, le zénith de la vie. Régner orgueilleusement sur son esprit conquis. Se croire souverain de son destin. Et soudain rencontrer, au détour du chemin, les cavaliers de l'Apocalypse, le Deuil, la Passion, la Honte, l'avant-garde du Maître. ... "

Parle-t-on de Romain Rolland, aujourd'hui, dans les écoles de la République, là où l'on enseigne, en principe, les Belles Lettres ? Est-il considéré par l'Institution comme l'un des Ecrivains majeurs de cette période charnière qui relie le 19° siècle d'Hugo au 20° siècle d'Aragon ? Le vieux Lecteur l'ignore. Mais il persévère dans sa reconnaissance et son admiration à l'égard de cet Ecrivain-là. Et il rêve que l'une ou l'autre de ses petits-enfants s'emparera demain de cet ouvrage qu'il considère comme l'un des monuments de la littérature française.


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