L’érotisme subtil chez Edith Wharton (1)

Edith Wharton est née à la fin de la guerre de Sécession en 1862 à New York City et morte en 1937 à Saint Brice sous Forêt au Pavillon Colombe. Les textes choisis pour illustrer l'érotisme subtil chez Edith Wharton sont extraits de trois romans New Yorkais: The House of Mirth, The Custom of the Country et The Age of Innocence publiés dans un même recueil intitulé THREE NOVELS OFNEW YORK chez Penguin Classics Deluxe Editions (150 th Anniversary Edition-2012). Le texte en français qui est donné ici n'est pas celui des diverses traductions de l'ɶuvre de Wharton. Il reflète simplement ma curiosité d'aller au devant du texte original.

The house of mirth (La maison de la fête) 1905

Titre français: Chez les heureux du monde

Personnages de la scène de début du roman:

Lily Bart, héroïne du roman, égérie de la société new yorkaise, assidue de la maison de la fête. Son nom est ambigu: Lily a l'éclat du lys mais Bart signifie " barbe " en allemand. Son destin sera tragique.

Selden, jeune avocat intellectuel dont la bibliothèque contient une édition originale des Caractères de La Bruyère mais qui vit ... en appartement et non pas dans une maison comme un aristocrate. Il est présent à la première et à la dernière page.

Selden s'arrêta net. La foule grouillait dans la Grande Gare Centrale et ses yeux avaient été happés par la vue de Miss Lily Bart.

C'était un Lundi du début Septembre et il revenait à son travail après um rapide séjour à la campagne, mais que faisait Miss Bart en ville à cette saison? Si elle avait été ici pour prendre un train, il aurait pu imaginer qu'elle se rendait de l'une à l'autre de ces maisons de campagne qui se disputaient sa présence après la clôture de la saison de Newport; mais son air désabusé l'intriguait.. Elle se tenait à part de la foule qui glissait autour d'elle soit vers le quai soit vers la rue, et elle avait un air indécis qui pouvait, comme il le soupçonnait, être le masque d'une intention bien arrêtée. La pensée lui vint soudain qu'elle attendait quelqu'un, mais il se demanda pourquoi cette idée lui était venue. Il n'y avait rien de nouveau au sujet de Lily Bart, pourtant il ne pouvait jamais la voir sans un secret mouvement d'intérêt: c'était un de ses traits de caractère qu'elle éveillait toujours un questionnement, que la plus banale de ses actions paraissait le résultat d'une profonde réflexion.

Une pulsion de curiosité le fit dévier de son chemin vers la porte et passer devant elle. Il savait que si elle ne voulait pas le voir, elle saurait jouer la comédie de l'indifférence. Et mettre les talents de Miss Lily à l'épreuve l'amusait.

Elle s'avança, souriante, presque empressée dans son intention de l'intercepter. Une ou deux personnes en passant tout près d'eux ralentirent pour les regarder. Car Miss Bart avait une silhouette qui valait que s'attardât même le banlieusard pressé de sauter dans le dernier train.

Selden ne l'avait encore jamais vue aussi rayonnante. Son visage éclatant tranchait sur les teintes ternes de la foule, la rendait plus remarquable que dans une salle de bal et, sous son chapeau sombre et sa voilette reparaissait la douceur de jeune fille, la pureté du teint qu'elle commençait à perdre après onze années de couchers tardifs et de bals interminables. Était-ce vraiment onze années, se demanda Selden et avait-elle vraiment atteint le vingt-neuvième anniversaire dont ses rivales la créditait ?

-Quelle chance ! répéta-t-elle. Comme c'est gentil d'être venu à mon secours !

Il répondit joyeusement qu'agir ainsi était son métier et lui demanda de quelle forme d'assistance elle avait besoin.

Bruno Autin

Café littéraire de Valréas

30 septembre 2021


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois