Antigone, Sophocle / Jean Anouilh / Bertolt Brecht

Bonjour tout le monde !! 🤗

J’espère que vous allez bien en ce vendredi. De mon côté ça va, j’ai hâte d’être en week-end même si face à la surcharge de travail je vais être obligée de travailler ce week-end chez moi 😦 pas ouf donc. Je profiterai de ma pause pour aller lire que ce soit à la plage au soleil ou dans mon canapé bien au chaud.

Depuis début janvier je me suis trouvée une meilleure organisation le soir en rentrant du travail (quand je ne suis pas en déplacement) et cela me permet de lire plus. Je suis contente car mon sac de bibliothèque ainsi que mes livres de chez-moi vont pouvoir être tous lus. C’est pour ça que je vous fais pas mal de chroniques littéraires en ce moment, mon rythme a augmenté et j’ai toujours autant envie de vous partager mes retours.

Dimanche dernier, j’ai participé au café littéraire organisé par l’association Regards Croisés portant sur le livre Antigone de Sophocle. Afin de pousser l’exercice de réflexion jusqu’au bout j’ai décidé de lire deux autres versions pour comparer. Cet article aborde donc les trois car je ne trouvais pas cela pertinent de les distinguer.

Résumé :

Antigone, Sophocle / Jean Anouilh / Bertolt Brecht

Auteur : Sophocle

Genre : Théâtre, Classique

Édition : Librio (Théâtre)

Année : 2005

Nombre de pages : 94 pages

Antigone doit mourir. Elle le sait.
En bravant l’interdit de son roi, en offrant une sépulture à son frère Polynice, elle accepte son funeste destin. La fille d’Œdipe a décidé d’obéir à la loi éternelle des dieux, non à celles des hommes. Pas même Hémon, son amant, ne pourra arrêter l’héroïne antique.

Antigone, Sophocle / Jean Anouilh / Bertolt Brecht

Auteur : Jean Anouilh

Genre : Théâtre

Édition : La Table ronde (La petite vermillon)

Année : 2008

Nombre de pages : 123 pages

L’Antigone de Sophocle, lue et relue et que je connaissais par coeur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l’ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre.
Jean Anouilh

Antigone, Sophocle / Jean Anouilh / Bertolt Brecht

Auteur : Bertolt Brecht

Genre : Théâtre

Édition : L’Arche

Année : 2000

Nombre de pages : 77 pages

Titre original : Die Antigone des Sophokles (1959)

Voici : nos frères,
L’un et l’autre entraînés dans la guerre de Créon
Contre la lointaine Argos, la guerre pour les mines de fer,
L’un et l’autre tombés, ne seront pas
L’un et l’autre recouverts de terre.
Celui qui n’a pas craint le combat, Étéocle,
Sera, dit-on, couronné puis enseveli selon l’usage.
Mais l’autre, mort d’une mort misérable, Polynice,
D’après ce qu’on a proclamé dans la cité,
Aucune tombe ne devra abriter son corps,
Personne ne devra prendre pour lui le deuil.
Abandonné sans pleurs ni sépulture,
Il sera dévoré par les oiseaux. Quiconque fera
Quoi que ce soit contre ces mesures
Sera lapidé. Alors dis-moi ce que tu comptes faire.

Mon avis :

La version initiale, celle de Sophocle donc, ne m’était pas du tout inconnue. Je l’avais déjà lue et étudiée lorsque j’étais au collège en Latin, puis au lycée et enfin lorsque j’étais à la fac de droit. J’avais donc pas mal de notions en tête, l’histoire et le contexte. Pour ceux qui ne connaissent pas du tout, Antigone est une tragédie grecque écrite par Sophocle en 441 avant J.-C. Malgré la vieillesse de la pièce de théâtre, elle est très simple et rapide à lire et le message véhiculé toujours d’actualité. Antigone est la fille d’Œdipe (l’homme qui a tué son père et épousé sa mère pour la faire courte), elle a pour soeur Ismène, et Polynice et Étéocle ses frères. Le trône devait être mis en alternance chaque année entre Étéocle et Polynice. Étéocle commence le règne et au moment de le passer à Polynice il refuse, les deux frères se font la guerre et meurent. Étéocle est considéré comme vainqueur et plus « pur » donc il aura le droit à une cérémonie d’enterrement et à une période de deuil. Polynice non, son corps sera déposé dans la ville de Thèbes comme le roi Créon l’a décidé (il vient d’arriver au trône). Quiconque donnera une sépulture digne à Polynice sera tué.

L’histoire racontée par Sophocle commence donc au moment où les deux frères sont déjà morts et où Antigone s’entête à donner un enterrement digne à son frère alors que son corps est dehors livré aux rapaces et que l’odeur de putréfaction se répand dans la ville. Malgré la menace de son oncle, le roi de Thèbes, elle décide de recouvrir le corps de son frère et ainsi se retrouve face à la punition prévue. Si vous connaissez ce classique vous savez pertinemment comment cela se termine et quelle est l’implication des divers personnages.

La version d’Anouilh est souvent étudiée à l’école car plus abordable. Personnellement je ne l’ai pas étudié et je ne l’ai pas vraiment apprécié. Elle est plus moderne certes, les deux frères sont un peu des bad boys des temps modernes mais le message même et les tensions internes de chaque personnage se ressentent moins. La version de Bertolt Brecht ne m’a pas plue, je pense qu’il aurait fallu des explications complémentaires pour bien comprendre le message derrière. La scène se situe au moment de la Seconde Guerre mondiale où Polynice a déserté après que son frère ait été tué. Les déserteurs étaient tués également. J’ai bien compris que ce livre était une volonté de dénoncer le régime nazisme mais la lecture ayant été moins fluide j’ai certainement raté quelque chose.

Tout l’enjeu du livre est cette dichotomie entre les lois divines c’est-à-dire non écrites (enterrer dignement quelqu’un) et les lois écrites par le roi mais immuables (ne pas donner d’enterrement à Polynice). Cette opposition se retrouve toujours aujourd’hui, par exemple nous sommes dans un État laïque mais bon nombre de nos lois sont en réalité des lois religieuses par le passé. Le droit canon a régi beaucoup de nos textes notamment le Code civil. Pour Créon les lois des Hommes prévalent alors que pour Antigone c’est la loi divine qui s’impose. Elle est ainsi prête à mourir pour respecter sa propre volonté : offrir un enterrement à son frère. Lorsque je l’ai relu j’ai directement pensé à la période du Covid-19 où malgré le nombre limité de personnes autorisées à venir assister aux cérémonies, certains bravaient la restriction des 10 personnes afin d’être présents et ainsi enterrer dignement un membre de leur famille ou un proche. À l’inverse, certains pays du monde ont dû mettre les corps dans des fosses communes car ils n’avaient pas assez de moyens pour enterrer chaque personne. Plus généralement cela amène à une réflexion sur la mort, et sa valeur pour ceux qui restent.

Les versions de Jean Anouilh et de Bertolt Brecht diffèrent sur la punition prévue par le roi donc je ne détaillerai pas ici car l’intérêt est justement d’aller se renseigner. Disons que c’est plus nuancé et dans un des cas Créon tente de sauver Antigone de la mort.
Ce qui est incroyable et remarquable c’est le déterminisme d’Antigone, elle est butée, connaît les risques et pourtant y va. Très badass comme femme il faut l’avouer. J’ai eu en tête tous les résistants pendant la Seconde guerre mondiale qui connaissaient les risques et qui pourtant sabotaient et résistaient mais également tous les résistants des pays autoritaires et totalitaires qui manifestent, portent des actions et luttent à leur façon. Antigone est prête à mourir pour ses convictions comme des hommes et des femmes de toute époque. Elle s’oppose à tous, à la société, à son oncle, à une génération qui raisonne différemment. C’est ce qui fait le succès de cette pièce, elle est universelle à travers le temps.

Antigone est une tragédie grecque que bon nombre d’entre nous connaissons. Elle fait partie de ce patrimoine littéraire grecque avec une vision de la démocratie instaurée derrière. Malgré l’ancienneté de l’écrit, il reste toujours d’actualité car des femmes et des hommes se battent tous les jours pour leurs convictions. La version originale de Sophocle est pour moi un incontournable à lire au moins une fois dans sa vie. Les autres versions qui existent (et il y en a pleins) permettent de comparer et de s’attarder sur d’autres points mis en exergue. Dans tous les cas je vous recommande vivement cette lecture.

Et vous, avez-vous déjà lu ce livre ? N’hésitez pas à me dire tout cela dans les commentaires pour que nous en discutions ⬇

Je vous souhaite une excellente journée, un bon week-end par avance, et je vous retrouve bientôt dans un prochain article ! 🐘

Laure


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois