Paul - Zoé Valdés

Je dois cette lecture grâce à l'opération Masse Critique du site Babelio en partenariat avec la maison d'édition Arthaud. 

Paul - Zoé Valdés

Je ressors de cette lecture avec un sentiment très mitigé pour plusieurs raisons. Je reconnais le talent d'écriture  et littéraire de Zoé Valdès qui a une plume facile et libérée, sa capacité à me dérouter, à me bousculer et à m'embarquer dans son récit. J'avoue avoir tiqué à de nombreux moments au cours de ma lecture, notamment en début de récit où on démarre par la fin de vie du peintre Paul Gauguin, son agonie et ses désirs pédophiles (tantôt en rêve, tantôt en souvenir de ce qui a été vécu). Résumer cette biographie Paul à ces scènes érotiques voire pornographiques serait extrêmement réducteur mais il faut reconnaître que le choix de l'autrice et de sa maison d'édition d'une telle entrée dans l'histoire est osé et assumé (vu qu'il n'y a eu point de changement).

Qu'ai-je appris de cette lecture ? D'abord que Paul Gauguin est un artiste qui s'est découvert sur le tard, qu'il a vécu longtemps une vie de cadre installé avec une femme danoise et de multiples enfants, que sa vie de couple ne l'a guère passionnée (celle de père encore moins) et qu'il est difficile de résister à la maîtresse Peinture qui exige obsession et absolue fidélité. Par le prisme valdésien, on y apprend les amitiés et soutiens solides du monde artistique (les frères Van Gogh,l'adulé Pissaro) pour cet esthète qui n'aurait de recherche vers le vert et le flamboyant tandis que son pote Vincent ne jurera uniquement que par le bleu (une quête vaine). On découvre un homme avide et jouisseur de tout : des corps, des couleurs, des paysages. On vit avec cet homme et dans ses pensées interprétées par Zoé Valdès.

Zoé Valdès justifie son choix de parler de cet artiste malgré la vie décousue et son aspiration pour une gente féminine très jeune, en éludant le débat sur sa part de responsabilité en tant qu'écrivaine d'éclairer un artiste qui a usé de son ascendant sur des plus jeunes pour atteindre la félicité picturale. Elle clôt le sujet en bottant en touche et en prétextant qu'elle n'a pas à juger de tels agissements pervers (qui trouvent grâce auprès des "parents adoptifs" particulièrement conciliants). Toutefois, de façon très subtile, elle mobilise ces mêmes agissements pour en détailler son propre récit, à de nombreuses reprises et sans que cela serve son histoire. Je m'interroge donc. 

À lire si cela vous dit. 

Éditions Arthaud.


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