Pachinko - Min Jin Lee

Début des années 1920, dans un petit village coréen, la jeune Sunja se laisse séduire par un riche étranger. Lorsqu'elle tombe enceinte et apprend que son amant est déjà marié au Japon, elle refuse la solution qu'il lui propose : devenir son épouse coréenne. Ce refus est le point de départ d'un exil qui s'étendra sur quatre générations. Pour éviter la ruine et le déshonneur à sa famille, Sunja épouse Isak, un pasteur chrétien qu'elle connaît à peine et qui lui propose une nouvelle vie au Japon. S'étendant sur huit décennies et quatre générations, découvrez le récit épique d'une famille rejetée par deux pays, aux prises avec l'histoire et secouée par des questions d'identité, d'amour, de mort et de survie.

Pachinko - Min Jin Lee

Je remercie tout d'abord lecteurs.com pour cette belle réception. Quand ce roman a était proposé en concours, le résumé a tout de suite attiré mon attention.

"Pachinko" est une magnifique saga familiale où l'on suit une famille coréenne immigrée au Japon sur quatre générations.
On commence l'histoire avec Hoonie et Yangjin qui tiennent une pension sur l'île de Yeongdo. Ils ont eu une fille, Sunja. A la mort de Hoonie, Yangjin a continué à tenir la pension et à élever seule sa fille. Quand Sunja se laisse séduire par un riche japonnais et tombe enceinte de cet homme qu'elle ne savait pas marié au Japon, elle refuse de devenir sa femme Coréenne. Le pasteur Baek qui souhaite remercier la famille pour l'aide qu'il a reçue propose à Sunja de l'épouser afin de lui éviter le déshonneur. A peine mariés, Sunja et son mari partent au Japon rejoindre le frère et la belle-sœur de celui-ci...

J'ai adoré ma lecture.
C'est un roman que j'ai dévoré malgré ces 640 pages.


On suit cette famille Coréenne sur quatre générations et quatre-vingts ans. Avec elle, on découvre la dureté de la vie des Coréens au Japon. On les appelle Zainichi et c'est un terme qui désigne également leurs descendants plusieurs générations après. Ils sont victimes de discrimination. La vie est hyper dure pour eux dès l'école où ils sont rejetés par les autres enfants et subissent la discrimination de la part de leur professeur. En grandissant, certains emplois ainsi que certains quartiers leur sont interdits. Ils doivent faire face à la dureté de la vie, car les Japonnais ne leur reconnaissent aucun droit.

Personne n'accepte de louer à des Coréens. Tu verras, au sein de la paroisse, comment on vit ici. C'est inimaginable: des dizaines de personnes qui s'entassent dans une pièce faite pour deux, des hommes et des familles qui se relaient pour dormir. Des porcs et des poulets à l'intérieur. Pas d'eau courante. Pas de chauffage. Les Japonais trouvent que les Coréens sont crasseux, mais ils n'ont pas d'autre choix que de vivre dans la saleté.


A travers cette famille, Min Jin Lee raconte également l'histoire de la Corée et celle du Japon. L'auteure balaie tous les grands événements qui se sont produits en Asie et dans le monde depuis les années 1910. A cette date, la Corée est une péninsule se trouvant sous l'emprise du Japon. On assiste à la Seconde Guerre mondiale, à l'alliance entre le Japon et l'Allemagne. Quand la défaite arrive, le pays avec ses idées expansionnistes a tout perdu et les conséquences se ressentiront sur plusieurs décennies. De son côté, la Corée se divise, ce qui mène à la guerre de Corée durant trois ans et aboutit à la création de deux pays. Les coréens exilés ne peuvent désormais plus y retourner au risque de se faire tuer par le nouveau régime.

Moi qui avais très peu de connaissance sur l'histoire du Japon et de la Corée, je ressors de cette lecture en ayant appris beaucoup de chose sur cette période difficile. Nous suivons les parents de Sunja puis Sunja ainsi que ces enfants et petits-enfants. Au travers eux, nous voyons les préoccupations et les espoirs des nouvelles générations évoluer, en fonction de la situation politique...

Sunja-ya, le destin d'une femme est de travailler et de souffrir. Souffrir, et souffrir encore. Mieux vaut t'y attendre dès maintenant, tu sais. Tu grandis, alors il faut bien te prévenir. Ta vie va dépendre de l'homme que tu vas épouser. Avec un bon mari, tu auras une vie correcte, mais avec un homme mauvais, c'est la malédiction assurée. Dans tous les cas, il y aura de la douleur. Prépare-toi à souffrir et continue de travailler dur. Personne ne prendra soin d'une pauvre femme : on ne peut compter que sur soi-même.


Lacondition des femmes coréennes est également mise en avant. Elles s'occupent des enfants, de la maison et sont soumises à leur mari, seul décisionnaire. Au fil des décennies, nous voyons les mentalités changer.

J'ai adoré le côté historique de cette histoire qui est vraiment passionnant et j'ai également beaucoup aimé suivre cette famille que j'ai trouvé attachante. Elle est composée de personnes tout à fait ordinaires, imparfaites, meurtries par vie ce qui rend chacun de ces membres attendrissant et attachant. De plus, c'est très agréable à lire. C'est fluide, on sent une certaine pudeur dans la plume de l'autrice.

En bref, une magnifique saga familiale passionnante qui nous fait découvrir l'histoire du Japon et de la Corée. Une histoire où l'on parle d e préjugés, de racisme, de persécutions, de drames familiaux, de guerre, de résilience mais également d'amour, d'espoir, de solidarité et de compassion.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois