Mrs March, par Virginia Feito

(Image à la une de Jennifer Healy )

Mrs March

AUTEUR: Virginia Feito
TITRE: Mrs March
EDITEUR, ANNEE: Editions du Cherche-Midi, 2022
NOMBRE DE PAGES: 352 pages

Plantée devant ma bibliothèque et regardant avec une certaine concentration ma pile à lire, je me demandais sur quel ton allait débuter mes lectures en cette nouvelle année: une touche de romance ? un frisson d’horreur ? un envoûtant SF ? un thriller haletant ? 
Puis mon regard se pose sur ce petit cancrelat remontant la robe de cette femme « bon chic, bon genre »… Bingo !
Je pars à la rencontre de « Mrs March », de Virginia Feito.

Résumé:
« Mrs March vit oisive dans un appartement huppé de New York. Alors que George, son mari, atteint la consécration littéraire avec son dernier roman, l’existence de Mrs March se met à vaciller. Aurait-elle, comme on le dit, servi de modèle à l’un des personnages peu reluisant du livre de son mari ? Impossible, connaissant George. Mais le connaît-elle vraiment ? N’aurait-elle pas été aveuglée, toutes ces années, par son existence dorée ?
Mrs March se met alors à enquêter sur la vie intime de l’homme qui partage sa vie. Et elle découvre que celui-ci se passionne pour l’étrange disparition d’une jeune femme. Simple travail de romancier ? Peu à peu, le doute s’installe, et ses soupçons la mènent bien au-delà de ce qu’elle pensait. Au-delà même de la raison ? »

Comment a-t-il pu faire cela ? S’inspirer de sa personne pour créer un personnage tellement lamentable ! C’est que tout le monde pense d’ailleurs, sinon pourquoi tous ses regards pleins d’interrogation, voir de dédain. En tant que Mrs March, elle ne peut pas accepter cela… Oui, en tant que Mrs March, elle va devoir porter une « grande attention » sur son mari qui semble dissimuler certaines choses…

Le roman débute comme un peu comme un célèbre roman de Virginia Wolf, « Mrs Dalloway », une femme d’une bonne société finissant les derniers préparatifs pour une réception qui aura lieu dans la soirée. Mais on sent un léger malaise, qui s’accentue lors de la conversation avec la boulangère. On s’éloigne très vite de l’impression fugace du personnage de Mrs Dalloway. Et on comprend très vite que Mrs March ne va pas bien, souffrant d’une maladie mentale qui va prendre de l’ampleur à travers ses visions, ses paroles et ses gestes.
Et étant notre narratrice principale, tout le roman se trouve de son point vu. Il y’a de quoi dérouter plus d’un. Mais pour ceux qui ont déjà lu ou vus des récits semblables, vous avez de fortes chances de ne pas être vraiment surpris par l’attitude de Mrs March. Vous la trouverez, certes, très dérangeante mais peut-être pas aussi imprévisible.
Pour ma part, je voulais percer l’image qu’elle voulait nous renvoyer, car, par une seule fois avant la toute dernière ligne, son nom est prononcé. Même lorsqu’elle se rappelle quelques événements passés, elle est « la fille de », la « sœur de »… Bref ! On comprend qu’elle est une coquille qui ne fait que reflétait l’image que l’on peut attendre d’elle. Mais dès qu’on lui suppose qu’elle a inspiré le personnage pathétique d’un roman, la façade se fissure laissant une femme perdue dans son identité. Et en tant que coupable tout désigné, son mari va devenir la cible de son obsession.

Le cadre de vie où se l’histoire se déroule, ne semble pas non plus anodin: dans un quartier huppé de New-York, au sein d’une famille bourgeoise dont le père est une illustre figure littéraire et où se côtoie tout le gratin new-yorkais. Et on ne peut pas oublier que la ville qui a souvent été utilisée comme toile de fond pour illustrer les névroses humaines.
Le seul détail sur ce point qui reste une énigme c’est la temporalité. En raison des tenues portées par Mrs March, on pourrait penser aux années 60, mais d’autres détails semblent pencher pour la fin des années 70 – début 80. Bref, il y’aura, tout de même, un sentiment de déjà-vu.

Le roman ne reste pas moins attractif, bien que ce type de cheminement pour un personnage ait déjà été traité maintes fois. On garde le désir de savoir comment tout cela va s’achever. La lecture reste fluide, malgré quelques petites longueurs que l’on peut souligner dans la deuxième partie récit. 
En ce qui me concerne, bien que je n’aie pas eu vraiment d’éléments de surprise et trouvé certains moments prévisibles, j’ai apprécié ma lecture dans son ensemble. Certes, cette chère Mrs March n’aura pas eu le même impact que Mima de « Perfect Blue », Teddy Dianels de « Shutter Island » ou Carole de « Répulsion », mais elle aura su me tenir compagnie… Oui, une singulière compagnie.

Conclusion:

Si vous avez déjà lu ou vue beaucoup d’ histoires traitant du même thème, « Mrs March » risque de se fondre dans la masse n’apportant pas vraiment d’éléments de surprise. Mais, il aura au moins le mérite de vous faire passer un bon moment de lecture.
Pour ma part, cela m’a donné envie de revoir « L’échelle de Jacob ». Et si vous ne l’avez pas encore vu, je vous invite vivement à voir ce classique.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois