Celui qui veille, Louise Erdrich

Celui qui veille, Louise Erdrich

Celui qui veille, Louise Erdrich, traduit de l’américain par Sarah Gurcel, Albin Michel, collection Terres d’Amérique, janvier 2022, 542 pages.

« Dehors régnait un silence tonitruant. »

Louise Erdrich a écrit là, probablement, son livre le plus personnel. Elle s’est inspirée de la vie de son grand-père qui s’est battu en 1953 contre une loi censée émanciper les Indiens alors qu’en fait elle voulait tout simplement s’en débarrasser. Le choix des termes dans ce roman est capital, c’est pourquoi la traductrice parle bien de « termination » et non « d’émancipation » puisque le but de cette loi n’était pas de rendre leur liberté aux Indiens, mais bien plutôt de les supprimer en tant que tribus afin qu’ils deviennent des citoyens américains à part entière, et ce, sans aucune aide matérielle, sans leur donner les moyens de s’en sortir. Et surtout, en niant ce qu’ils étaient ! Un peuple ! Et en s’appropriant leurs terres.

Louise Erdrich parvient, dans ce roman, à nous intéresser à une foule de personnages, tous plus intéressants les uns que les autres. Si Thomas Wazhashz, le fameux veilleur (qui veille sur l’usine la nuit mais aussi sur ses pairs, sur son peuple) et sa nièce, Patrice Paranteau sont les personnages majeurs de cette histoire, il n’en reste pas moins qu’au travers de tous les autres se dessine une identité indienne.

Les chapitres sont courts, ils s’enchaînent avec fluidité. On s’émeut d’une phrase ou d’un regard, d’un coup de bec de harfang contre une vitre ou de la présence d’un fantôme dans une usine, on souffre avec les femmes qui fatiguent leurs yeux et leurs corps sur les pierres d’horlogerie, on s’indigne de la manière dont sont traitées les femmes indiennes qui débarquent à Minneapolis, on écoute les esprits et on prend des coups sur le ring de boxe…

« On n’est jamais rassasié des gens qu’on aime »se dit Thomas en pensant à son vieux père.

J’ai beaucoup aimé me perdre dans les histoires des uns et des autres, et je ne me suis jamais rassasiée de les dévorer… J’aurais bien continué encore…

Merci aux éditions Albin Michel pour l’envoi de ce livre.


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