Les prodiges – Jeremy SCOTT

Les prodiges – Jeremy SCOTT

Les prodiges
Par Jeremy Scott
Chez Michel Lafond

Avertissement de contenu : validisme, attentat, violence, mort.

Lorsque son père lui annonce qu’il est temps d’avoir une discussion sérieuse, Philip, 14 ans, craint le pire. Il n’a aucune envie que son père lui parle de sexualité. Mais cet échange prend un tournant inattendu quand il apprend qu’il est… un super-héros. Comme ses parents et ses grands-parents avant lui, et comme la plupart des habitants de sa petite ville apparemment si tranquille. Philip est télékinésiste, il peut déplacer les objets par la pensée. Mais quel intérêt quand on est aveugle ? Dès le lendemain, lors de son premier jour au lycée, Philip intègre une classe spéciale. La classe des super-héros handicapés. Il est effondré. Pourtant pas le temps de se lamenter car un super-criminel menace la sécurité de leur ville. Philip et ses nouveaux compagnons de classe vont devoir maîtriser leurs pouvoirs et montrer à tous de quoi ils sont vraiment capables.


Les Prodiges m’avait tout l’air d’un roman prometteur. Des personnages singuliers, des super-pouvoirs… Franchement, moi, ça me vend du rêve !

Pourtant, réussir à terminer ce roman m’a été très difficile. J’ai mis beaucoup de temps à le lire, moi qui dévore habituellement tout ce qui passe entre mes mains. Si l’histoire aurait pu être chouette, j’ai eu beaucoup de difficultés à avoir de l’empathie pour le personnage principal, Phillip. On est balancé dans la peau de cet adolescent qui se découvre télékinésie, le tout écrit à la première personne. L’écriture de Jérémy Scott est assez pauvre et très brouillon. Je ne sais pas si c’est la traduction qui fait cela, Les Prodiges ayant eu un bon accueil outre-mer, mais j’ai vraiment trouvé son écriture poussive, faisant tout pour paraître “jeune” sans pour autant réussir.
Le séquençages des évènements m’a également fait tiqué. La narration nous faire miroiter la suite des évènements en mode « quel dommage que ce ne se soit pas passé comme cela » puis passe à autre chose, change de chapitre ou fait une ellipse – généralement les trois en même temps. Ça me coupe énormément dans ma lecture, me sort de la narration. Je veux en savoir plus, je veux savoir comment les personnages ont réagi face à cet évènement tragique !
Je n’ai pas eu une impression de réel en lisant les Prodiges.

Parlons maintenant des personnages. Ceux-ci sont handicapés, notre personnage principal est notamment aveugle. Franchement, lire un roman jeunesse avec des personnages handicapés, ça m’ambiance énormément. Encore faudrait-il que l’ouvrage ne soit pas saupoudré de validisme. Dans Les Prodiges, il y a un personnage, Donnie, qui est trisomique. Je n’ai pas du tout aimé comment il est écrit. Je peux comprendre que d’un point de vue d’un adolescent, on peut avoir un premier contact craintif avec une personne trisomique, surtout si on n’a jamais été en contact avec eux avant. Mais tout le long du récit, Phillip considère Donnie presque comme un animal de compagnie : à suivre silencieusement et obéir lorsqu’il faut. Cela m’a mis en colère.
Il y a aussi toute la narration du « Donnie est non-verbal, très handicapé, mais il sauve tout le monde » ! Le garçon est utilisé comme deus ex machina a plusieurs reprises et je trouve cela très énervant. Vraiment, voir un personnage handicapé aussi infantilisé et animalisé, ça me met vraiment en rogne. Une chose pareille ne devrait pas être écrite. J’entends que ce roman est du point de vue d’un adolescent de 12 ans mais les enfants, ça s’éduque. Phillip est scolarisé dans une classe spécialisée, il doit forcément apprendre sur les différences inter-individuelles avec autant de diversité dans sa classe ! Mais non, que nenni. C’est frustrant.

Je suis peut-être un peu trop salé car les sujets autour du handicap me tiennent particulièrement à coeur de par mon histoire de vie, mais je mettrais Les Prodiges dans aucune main. Jeremy Scott a écrit un second et une troisième tome et même si je suis curieux de voir comment les personnages ont grandi – surtout que les livres ont l’air de traiter d’anxiété et de stress post-traumatique, je ne pense pas lire quoi que ce soit d’autres de lui. Dommage, ça partait pourtant très bien.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois