Copra volume 1 : michel fiffe où la liberté de créer

COPRA VOLUME 1 : MICHEL FIFFE OÙ LA LIBERTÉ DE CRÉERC'est vraiment un casse-tête pour le critique de s'atteler à un article au sujet d'une création de Michel Fiffe. C'est ainsi que chez Delirium débarque en ce mois de septembre Copra. Nous qui aimons bien toujours coller une étiquette aux choses pour les ranger, les classer plus facilement, nous sommes là devant un problème insoluble, et aurais-je envie de dire, un problème bienheureux. En apparence nous tenons entre les mains quelque chose qui ressemble à un fanzine élaboré, avec des dessins ébauchés mais pas toujours dégrossis. En réalité quand l'œil s'attarde et qu'il cherche à en voir plus, on tombe sur des prouesse techniques assez incroyables. D'abord parce que Michel Fiffe est avant tout un créateur, quelqu'un de réellement inventif. Copra est un hommage évident, fruit de son amour inconsidéré des comics et des super-héros, mais l'artiste n'est pas pour autant une simple éponge, qui absorbe ce qu'il a vu et ce qu'il a lu. Il le transforme à sa façon. Dans la même vignette on peut passer des plus petits détails minutieux, à une simple ébauche des formes, qui se révèle grâce à la couleur principalement. Il suffit de voir la façon dont parlent les personnages, la façon dont ils se meuvent et dont ils usent de leurs pouvoirs, tout est une recherche continuelle de nouveauté, sans pour autant que nous ayons l'impression qu'il s'agisse d'artifices savamment préparés. La sensation est d'une grande spontanéité, de l'inventivité en roue libre, propres à un auteur complet déroutant. Son Copra, plus prosaïquement, c'est avant tout une équipe de super types qui ressemble un peu à la Suicide Squad, mais aussi à la Doom Patrol. On les charge de missions peu reluisantes et vraisemblablement mortelles, que personne d'autre n'accepterait, et les "pauvres" ne bronchent pas. L'histoire est extrêmement complexe dans les faits, et nécessite une lecture attentive; il y a un peu de Grant Morrison dans la manière de présenter les choses chez Fiffe. COPRA VOLUME 1 : MICHEL FIFFE OÙ LA LIBERTÉ DE CRÉER
L'histoire s'ouvre d'emblée sur une intervention délicate où œuvre la fine équipe. Il y est question de récupérer un artefact alien qui s'est planté dans la tête d'une malheureuse victime, dont tout le monde aimerait bien s'emparer. La mission tourne au fiasco, un village entier est rasé au sol et plus de 30 000 morts viennent ponctuer la tragédie. L'équipe Copra est naturellement recherchée et sera désormais en cavale. Quelques pages suffisent pour que l'évidence explose; nous sommes en présence là encore d'un Ovni, dont Delirium s'est un peu fait la spécialité. Fiffe se réfère ici aux années 80, à une époque plus naïve où les artistes avaient le devoir de livrer chaque mois une grosse vingtaine de pages, assorties de cliffhangers à effet, de morts choquantes, d'action spectaculaire, et c'est ce qu'il fait à son petit niveau, sans jamais douter ou chercher l'adoubement d'une quelconque critique. Au départ présenté sous forme de produit autoproduit dès 2012 (400 copies par numéro, pas de quoi enflammer le marché), Copra a connu un succès d'estime inattendu, est devenu un objet culte, avant de séduire jusqu'à Image Comics. Il en faut de l'inconscience, pour tout gérer, tout absorber, sur la chaine de fabrication d'un comic book mensuel. Fiffe relève le défi, un peu artisan comme vous et moi, un peu Simonson, un peu Kirby ou Ditko, surtout. Il digère et met en scène ses propres versions de la Suicide Squad, comme déjà dit, du Docteur Strange, du Punisher, semble en transe, comme en phase d'écriture automatique, mais une transe passionnelle, de celle qui font oser tutoyer les cimes du délire, sans se soucier du qu'en dira t-on. Copra, c'est en fait impossible à raconter, je vous l'ai déjà dit. Il n'y a qu'une chose à faire, ouvrir l'album (très bel objet, remarquable édition française soulignons-le) et accepter ce qui sera une expérience, une vision "d'autre chose" et inédite. Ce n'est pas si courant, c'est même salutaire! COPRA VOLUME 1 : MICHEL FIFFE OÙ LA LIBERTÉ DE CRÉER

                                   

wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois