Micmac à Bucarest

J’avais envie d’un petit polar, et ce Micmac à Bucarest de Sylvain AUDET-GAINAR tombait à pic. Je remercie donc les éditions Ex-æquo pour cet envoi en service presse.

Micmac à Bucarest

256 pages – Éditions Ex-aequo – Broché – E-book (11/2020)

Mon avis :
2018. Arthur, 38 ans, vit en Roumanie avec sa femme Iulia depuis deux ans. Il se retrouve du jour au lendemain accusé de deux meurtres qu’il n’a pas commis, et va tout faire pour prouver son innocence. Son enquête personnelle va le mener sur la trace de ses origines et des secrets de famille bien gardés par le régime communiste roumain des années 70.

Une chose est sûre, l’auteur est très bien documenté sur l’histoire du pays – sans doute parce qu’il y a vécu lui-même – et particulièrement la période où Ceausescu se trouve au pouvoir. On apprend beaucoup de choses sur la vie à Bucarest et autour, des lois imposées par le régime dictatorial aux spécialités culinaires ou la musique… autorisée (ou tolérée, selon le cas). C’est surprenant tous ces petits détails qui agrémentent l’intrigue et la rendent plus palpable, ancrée dans le passé au milieu d’événements réels, grâce aux multiples analepses utilisées à bon escient. Les indices réels ou fictifs semés ça et là sont nombreux et plus que variés, on peut facilement s’y perdre si on manque d’attention tant l’intrigue est complexe.

Le texte est plutôt bien écrit, passant d’un langage familier à un langage plus soutenu selon les circonstances. Et niveau familier/argot, le récit est habilement servi par les répliques parfois cinglantes de Razvan, 8 ans, issu du premier mariage de Iulia. Le tout est saupoudré d’une bonne dose d’humour (noir) qui adoucit un peu le contexte, et les autres personnages – hauts en couleurs ! – ne sont pas en reste…

« Pieds de canard, jambes de teckel, bras d’orang-outang, oreilles de fennec et tête de fouine, ce type est le croisement d’espèces le plus hallucinant qu’il m’a été donné de voir de toute ma vie. Sûrement un de ces héritages remontant à l’époque de l’Arche de Noé et ses innombrables partouzes organisées par ses voyageurs afin de tuer l’ennui au cours de cette interminable croisière imposée. »

Il est intéressant de découvrir des événements historiques racontés par des personnages de roman, ça change vraiment la donne. L’enquête est assez rythmée mais certaines explications peuvent parfois sembler nébuleuses et faire perdre le fil de l’histoire.

Alors malgré la trame alléchante, une plume précise, et une histoire tenant la route, Sylvain Audet-Gainar ne m’a pas embarquée, comme je l’aurais souhaité, avec Arthur et les autres jusqu’en Roumanie. J’avoue être restée sur le tarmac, carte d’accès à bord en main, presque frustrée de rater le vol de si peu. Parce que c’est exactement ça pour moi : un rendez-vous manqué. Ce livre fait suite au roman précédent Du rififi à Bucarest, que j’aurais peut-être dû lire pour mieux connaître/situer les personnages.

Quoi qu’il en soit, si vous aimez les intrigues politico-familiales et l’exotisme des pays de l’Est, vous serez ravis : ce livre est fait pour vous.


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