Après une campagne de financement participatif très réussie, le premier volume de Heroics, intitulé Pères, est entre nos mains, l'occasion de découvrir les fondations de l'univers super-héroïque de l'auteur français Maxime Garbarini.

Lors d'une exploration en Himalaya en 1938, James Norton et des collègues scientifiques tombent sur ce qui devrait révolutionner notre monde : une source d'énergie qui parait intarissable sauf qu'en l'approchant, l'un d'entre eux meurt. Norton rentre alors apporter la mauvaise nouvelle à la famille de l'homme sans imaginer qu'il a vu la naissance de métahumains à travers le Globe, à commencer par ses enfants qui se mettent à voler. Mais, il est bien loin d'imaginer toute l'étendue de l'événement. Alors que la nouvelle Guerre Mondiale commence, d'autres découvrent en revanche l'existence de ces personnes dotées de super-pouvoirs et cherchent à mettre la main dessus...

Il est toujours un peu compliqué de commencer une histoire, surtout lorsque celle-ci est d'envergure. Il existe plusieurs moyens alors pour happer le lectorat et lui donner envie de découvrir l'histoire naissante. L'une d'entre elles serait de montrer de faire découvrir la situation à travers les yeux d'un personnage et, au fur et à mesure, apporter des éléments qui permettent de comprendre la situation générale ; l'autre serait de peindre un portrait de l'ensemble et, petit à petit, descendre vers les protagonistes. Si Maxime Garbarini semble avoir opté pour la première option en suivant James Norton qui est présent au moment où tout bascule et qui découvre petit à petit la situation globale, il s'avère qu'il utilise plutôt son personnage comme un pinceau pour peindre le portrait global, révélant ainsi de nouveaux outils - à savoir la famille Norton - pour l'assister dans la tâche.

Cela donne un début un peu brut allant de personnage en personnage sans véritable point de référence - d'autant plus que les dates changent à chaque page, mais installant calmement les fondations de son univers avec des personnages qui vont aller se balader à travers l'Europe jusqu'à se retrouver en pleine Allemagne nazie.

C'est certes brut mais cela semble être nécessaire afin de planter petit à petit les personnages dans le décor et de comprendre qui est qui avant que tout ne se mélange de manière habille à la fin. En tout cas, on sent dans ces premières pages une intention d'installer une histoire ambitieuse et, si, ce premier chapitre se termine comme un bon récit de supers, il ne laisse aucun doute que l'histoire n'est pas terminée.

Quelque part, tant mieux, parce qu'au fil de la lecture, des liens se tissent entre les personnages créant une certaine alchimie ainsi qu'un entre eux et le lectorat qui appréciera certainement le caractère bien trempé de Grimace, les frères et sœurs Norton, ou, mon préféré, Aaron alias Encelade.

Le format en album se prête plutôt bien à l'histoire justement parce qu'il permet à Maxime de bien prendre son temps pour exposer la situation et ses personnages et que lorsque l'action démarre tout avance tout seul et que l'émotion fonctionne pour le mieux. Arrivé à la seconde moitié du livre, les pages défilent plus rapidement tellement le récit devient captivant. Et, la final est vraiment très intriguant.

Certes des petites coquilles gâchent un peu le tableau et certains placements de phylactères ralentissent la lecture, mais nous restons dans un comic book "artisanal" et ce sont des défauts qui sont tout à fait compréhensibles.

Je pense aussi qu'il y a le fait que Heroics ait été conçu en premier lieu pour le web avec une sortie page par page et que le style de l'artiste, autant dans l'écriture et dans les dessins, a évolué. Il y a des pages assez sages niveau découpage, d'autres où on sent qu'il cherche le placement idéal, d'autres où il est clairement plus à l'aise, et d'autres où il explose la rétine par des compositions plus personnelles et plus marquées. Clairement, sur les dernières pages, il y a des moments "magiques" comme l'apparition du moustachu, le départ des héros et héroïnes ou la révélation dans le coffee shop. Si la suite est dans cette lignée, on risque de passer du très bon temps, encore plus qu'en compagnie de ce premier tome.