Dandy de Richard Krawiec

Dandy de Richard KrawiecDandy

Richard Krawiec

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Recoursé

Editions Tusitala

2013

238 pages en poche

Roman de l’exclusion, des laissés-pour-compte, des invisibles.

Il frappe fort ce texte, il s’adresse aux tripes avant tout et vous retourne comme une crêpe. L’auteur ne mâche pas ses mots, il n’enjolive rien, c’est brut de décoffrage et ça fait mal. Et en même temps, ça agrippe le lecteur avec une puissance incroyable.

Ces deux-là, je ne les oublierai pas de sitôt, ils m’ont touchée en plein cœur. Elle est seule avec un enfant, il est quasiment à la rue, ils se rencontrent, et s’aiment, sans le savoir d’abord, puis ils comprennent qu’ils ne peuvent plus vivre l’un sans l’autre. Mais :

« Tous les deux, on fait des tout petits pas et on ne va nulle part. »

Et c’est la descente aux enfers. On espère bien à un moment donné qu’ils vont s’en sortir, parce qu’à deux on est plus forts. Mais la chute est rude.

Ils sont pourtant attachants ces personnages, avec leur naïveté, leurs vaines tentatives pour se sortir la tête de l’eau. Artie, surtout, m’a bouleversée. Il joue les gros durs mais il n’est qu’un cœur tendre, une sensibilité à fleur de peau, un être tout en souffrance.

L’écriture de Richard Krawiec est redoutable, on visualise tellement bien les scènes qu’on a l’impression d’être dans la pièce avec les personnages. Et puis ces brefs flash-back sur la jeunesse horrible de Jolene, ça vous perce le cœur, parce que ça arrive là, au détour d’un paragraphe, sans crier gare et ça nous éclate au visage avec si peu de mots.

Et bien sûr, il y a Dandy, cet enfant de deux ans, qui ne parle pas, ne marche pas, bientôt aveugle, dort dans un carton, biberonne du coca, parfois un peu de whisky, c’est la misère à l’état brut. On ne peut pas tomber plus bas.

La coupable c’est Marie-Claude qui a parlé sur son blog du dernier roman de l’auteur (qui a l’air de la même veine que Dandy). J’ai trouvé en poche celui-ci, son premier roman, j’ai commencé le premier chapitre, comme ça, l’air de rien, pour voir si ça me plairait (j’avais un autre roman en cours) et puis je ne l’ai plus lâché ! La première scène est pourtant saisissante, atypique, un combat de catch entre deux femmes dans un lieu sordide, un truc à faire fuir, mais non, ça a eu l’effet inverse.

C’est sombre, extrêmement sombre. Noir c’est noir. Mais ce n’est pas que ça. L’auteur a une véritable tendresse pour ses personnages et on a envie de les aider, de les porter, lorsqu’il y a des lueurs d’espoir on ressent comme une lame de bonheur. C’est terriblement humain.

Jérôme et Ingannmic ont aussi beaucoup aimé.

Richard Krawiec donne des cours d’écriture dans des centres d’accueil de SDF, des prisons ou des cités défavorisées.


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