Une jouissive chasse au trésor

Une jouissive chasse au trésor

Les Indes Fourbes (Alain Ayroles – Juanjo Guarnido – Editions Delcourt)

L’or, l’or, l’or! C’est la seule chose qui intéresse le seigneur Alguazil, l’un des principaux représentants du roi d’Espagne dans les Andes. Avide de gloire, ce fier seigneur de guerre rêve d’être le premier Européen à trouver le chemin de l’Eldorado, cette fameuse cité d’or dont tout le monde rêve en Amérique Latine. Or, il se trouve qu’il a devant lui un homme qui en sait beaucoup sur la question. Cet homme, c’est don Pablos de Ségovie. Il a débarqué dans le château de l’Alguazil avec dans sa besace une idole Inca et une carte au trésor menant à l’Eldorado. Sans oublier la tête réduite de don Diego Coronel y Zuniga, un hidalgo espagnol qui s’était lui aussi juré de trouver la mystérieuse cité d’or pour le compte du seigneur Alguazil. Autant dire que ce dernier touche enfin au but! Hélas pour lui, Pablos est mal en point. Il semble même à demi-mort, après avoir traversé les pires épreuves… Mais malgré sa mauvaise condition physique, Pablos se dit prêt à dévoiler à l’Alguazil tout ce qu’il sait sur don Diego et sur l’Eldorado. A une seule condition: il tient d’abord à lui raconter toute sa vie, afin que le seigneur connaisse « les faits qui précédèrent son effroyable et merveilleuse odyssée ». Et don Pablos de Ségovie de reconnaître qu’il a toujours été un fameux bonimenteur. Dès son plus jeune âge, son père lui a donné ce conseil étonnant: « Tu ne travailleras point », sous prétexte que les honnêtes travailleurs ne sont que des bourriques, des animaux de ferme. Au fil des ans, Pablos se mue donc en un véritable expert en mensonges, tricheries et trahisons. Le roi de l’arnaque, c’est lui! Mais après l’escroquerie de trop, Pablos doit fuir l’Espagne et est forcé d’embarquer sur un galion à destination des Indes. En route pour l’aventure et la fortune! Hélas, après avoir triché aux cartes lors d’une partie avec des marins sur le bateau, il est balancé par-dessus bord. Son voyage commence mal…

Une jouissive chasse au trésor

« Les Indes Fourbes » est la BD dont tout le monde parle en cette rentrée littéraire. Il faut dire que c’est difficile de passer à côté de cet album épais au format extra-large, dont la couverture ressemble à une peinture du Siècle d’or espagnol. « Les Indes Fourbes » marque également la rencontre entre deux grands noms de la bande dessinée: Alain Ayroles, le scénariste des séries à succès « De cape et de crocs » et « Garulfo », et Juanjo Guarnido, le formidable dessinateur de la mythique série « Blacksad ». L’association entre ces deux auteurs fait des étincelles. Sans trop de surprise, les dessins de Guarnido, formé à l’école Walt Disney, sont bluffants. Ses personnages sont incroyablement expressifs, ses couleurs sont magnifiques et sa mise en scène est virevoltante. Tout au long des 150 pages, les scènes spectaculaires s’enchaînent, que ce soit sur l’océan, dans la jungle, dans les Andes ou dans la fameuse cité d’or. Un régal pour les yeux! Mais bien sûr, le plus beau des dessins ne vaut rien sans une bonne histoire. Et c’est là qu’intervient Ayroles, dont le scénario et les dialogues parviennent à se hisser au niveau du travail de son compère Guarnido. Découpé en trois grands chapitres, le récit des « Indes Fourbes » tient le lecteur en haleine et lui réserve quelques fameux rebondissements, avec des « twists » dignes des meilleurs films hollywoodiens. Au final, cela donne un livre qui est à la fois beau, drôle et surprenant. On est dans une chasse au trésor pleine de personnages truculents et hauts en couleurs, mais avec un côté particulièrement jouissif et immoral, à l’image du personnage de Pablos. Dès sa sortie, « Les Indes Fourbes » s’impose comme un classique du Neuvième Art.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois