5 BD pour les grandes vacances

pour grandes vacances

Quelles sont les BD à prendre dans ses valises cet été? Parmi les incontournables du premier semestre 2019, il y a notamment « Nymphéas noirs » de Didier Cassegrain et Fred Duval d’après Michel Bussi, « Le Patient » de Timothé Le Boucher, « Le Loup » de Jean-Marc Rochette, « Le dernier Atlas » de Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Hervé Tanquerelle et Fred Blanchard, « Enferme-moi si tu peux » d’Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg, « Lino Ventura et l’oeil de verre » d’Arnaud Le Gouëfflec et Stéphane Oiry ou encore « Un putain de salopard » de Régis Loisel et Olivier Pont. Mais la sélection estivale ne s’arrête pas là: d’autres bandes dessinées sorties depuis le début de l’année méritent, elles aussi, leur place dans les bagages.

5 BD pour les grandes vacances

1. Le retour à la terre – Tome 6: Les métamorphoses (Jean-Yves Ferri – Manu Larcenet – Editions Dargaud)

Dix ans après la sortie du tome 5, Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri sont enfin de retour aux Ravenelles, ce coin de campagne paumé dans lequel sont venus s’installer les citadins Manu et Mariette, avec leur petite fille Capucine. On aurait pu craindre que la magie de cette série humoristique et sociologique n’opère plus après une interruption aussi longue, mais on découvre avec ravissement que Ferri et Larcenet n’ont rien perdu de leur ironie et de leur tendresse. Il y avait pourtant de quoi être inquiet, puisque le premier a entretemps repris les rênes d’Astérix, tandis que le second a signé des BD magnifiques mais particulièrement sombres: d’abord « Blast », puis « Le rapport Brodeck ». Autant dire que c’est un soulagement de découvrir dans ce nouveau « Retour à la terre » que Larcenet est encore capable de légèreté et d’autodérision. Dans la BD, son double Manu Larssinet est tellement plongé dans « Plast », son oeuvre au noir, qu’il ne se rend même pas compte que sa compagne Mariette est enceinte de sept mois! Mention spéciale aux séquences hilarantes avec Madame Mortemont, la voisine au look de sorcière qui découvre l’utilisation d’un smartphone, et avec Philippe, l’éditeur-adjoint de Manu, qui a bien du mal à rejoindre les Ravenelles pour tenter de convaincre le dessinateur de reprendre le personnage de « Nasty Bonzo ». Dix ans après, Ferri et Larcenet ont toujours la pêche!

5 BD pour les grandes vacances

2. Le Sentier de la Guerre – Tome 2: Paha Sapa (Marc Bourgne – Didier Pagot – Editions Glénat)

Si vous aimez les aventures romanesques et les histoires qui se passent dans le Far West, cette série est faite pour vous. « Le Sentier de la Guerre », c’est de la BD classique mais efficace. Dans le premier tome, sorti l’an dernier, on avait découvert comment la jeune artiste Diane Meyers s’était opposée à son père, un partisan de l’extermination des Indiens d’Amérique, pour aller s’installer chez les Sioux afin de peindre la vie quotidienne de la tribu. Dans le deuxième tome, intitulé « Paha Sapa », la tension monte encore d’un cran entre les Indiens et les « wasichus » (le nom donné par les Sioux aux blancs). Alors que Red Leaf, le neveu du légendaire Sitting Bull, a été capturé par les militaires et est retenu prisonnier à Fort Buford dans le territoire du Dakota, Diane profite du chaos de l’attaque du fort par les Indiens pour libérer Red Leaf et prendre la fuite avec lui. Cette fois, elle décide d’intégrer définitivement la tribu. Elle devient même l’épouse de Red Leaf. Mais la peintre un peu rebelle parviendra-t-elle à s’habituer à la vie difficile des femmes Indiennes, dont les journées se composent essentiellement de corvées? « Le Sentier de la Guerre » est une immersion fascinante dans la lutte inégale entre deux cultures, celle des blancs américains et celle des Indiens, durant la seconde moitié du XIXème siècle.

5 BD pour les grandes vacances

3. Un petit goût de noisettes – Tome 2 (Vanyda – Editions Dargaud)

Cinq ans après un premier recueil d’histoires courtes, Vanyda est de retour avec 14 nouvelles tranches de vie touchantes et sensibles. Avec toujours le même thème central: l’amour. Même si l’autrice franco-laotienne a décidé d’ajouter quelques fruits rouges à son petit goût de noisettes, sa recette reste parfaitement identique. En partant du principe qu’il y a autant d’histoires d’amour que d’êtres existant sur Terre, Vanyda nous raconte tous ces petits moments qui font en sorte qu’une histoire d’amour fonctionne… ou ne fonctionne pas. Grâce à son sens de l’observation, tout sonne très vrai dans cet album. Chacun peut se reconnaître dans l’un ou l’autre de ces petits récits, grâce à toute une galaxie de personnages qui se croisent et se recroisent d’une histoire à l’autre, comme dans la vraie vie. De Chloé, qui a peur de s’engager malgré son rêve d’avoir un enfant, à Lara, qui est un peu trop envahissante avec Barnabé, en passant par Mark, qui retombe par hasard sur son grand amour de l’école primaire, « Un petit goût de noisette et de fruits rouges » nous raconte l’amour sous toutes ses formes, avec toujours la même saveur et la même tendresse. A noter qu’un tome 3 est d’ores et déjà prévu: il s’appellera « Un petit goût de noisette, de fruits rouges et de chocolat amer ».

5 BD pour les grandes vacances

4. Détox (Jim – Antonin Gallo – Editions Grand Angle)

Matthias d’Ogremont est un quinquagénaire qui brûle la chandelle par les deux bouts. Ce directeur d’entreprise vit en permanence à 200 à l’heure, dans une course effrénée à la réussite et à l’argent. Son médecin lui conseille régulièrement de se calmer pour éviter les ennuis de santé, mais Matthias se croit invincible et n’écoute aucun conseil: il continue à travailler comme un forcené, tout en ne dormant pas assez et en multipliant les excès alimentaires et alcoolisés. Autrement dit, Matthias est une véritable bombe à retardement. Une vraie tête de mule aussi. C’est uniquement quand son assistante, la très sexy et très parfaite Victoria, meurt d’un AVC sous ses yeux, que Matthias se rend compte qu’il va droit dans le mur. Il décide alors de tenter un retour à l’essentiel et de participer à un stage un peu particulier. Pendant dix jours, il va devoir vivre sans ordinateur et sans téléphone dans une communauté d’écologistes radicaux gentiment illuminés. Ce citadin ultra-connecté parviendra-t-il à survivre dans la nature, sans accès à ses mails et sans 4G? Une chose est sûre: la « détox » s’annonce très difficile pour lui, tout comme elle le serait pour beaucoup d’entre nous. Jim, dont on connaît la capacité à capter l’air du temps, s’associe avec le dessinateur Antonin Gallo pour signer une fable sociale à la fois drôle et interpellante sur notre addiction au travail et aux nouvelles technologies. De quoi donner envie de décrocher un peu du boulot pendant les grandes vacances…

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5. Et nos lendemains seront radieux (Hervé Bourhis – Editions Gallimard)

N’est-il pas temps de passer à des mesures beaucoup plus radicales si on veut parvenir à sauver la planète? La question est évidemment d’une actualité brûlante en ces temps de réchauffement climatique et de désastres écologiques à répétition. Pour Marion et Sylvain, la question ne se pose même plus. Pour ces brillants jeunes conseillers de la présidente de la République, l’heure est venue de passer à l’écologie totale! Un soir, alors qu’un énorme orage éclate au-dessus du fort de Brégançon, la résidence d’été de la présidente, ils décident de prendre la chef de l’Etat en otage. Leur objectif est de la forcer à faire une déclaration publique dans laquelle elle annonce une série de mesures fortes pour instaurer un « populisme vert »: la fermeture temporaire d’Internet, par exemple, de même que la fin des industries qui utilisent du plastique et des énergies carbonées. Faut-il en rire ou en pleurer? Difficile à dire, car « Et nos lendemains seront radieux » est une BD désarçonnante et inclassable, qui alterne en permanence entre humour et gravité. L’auteur Hervé Bourhis n’y apporte aucune réponse crédible au chaos écologique qui nous menace, mais il a le mérite de poser les bonnes questions. Rien que pour ça, c’est une BD qui vaut la peine d’être lue.


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