C'est lundi, que lisez-vous? #246

C'est lundi, que lisez-vous? #246

Jouer aux fantômes. Texte de Didier LEVY et illustrations de Sonja BOUGAEVA. Editions Sarbacane, septembre 2017

Avec sa Maman, le petit garçon de notre histoire, passe de maison en maison. Chaque soir, ils dorment dans un lieu différent, et discrètement s'en échappent le matin. Elle pour aller travailler, lui pour aller à l'école.

Le petit garçon, délicatement, nous raconte leur histoire, comment ils en sont arrivés là, et comment il l'a compris.

Cet album nous sensibilise à la précarité, aux stratagèmes d'invisibilité, au lien mère-enfant, mais aussi au pouvoir de la lecture. Et dans son procédé comme par différents éléments de l'histoire, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec l'album Capitaine Rosalie de Timothée de Fombelle et Isabelle Arsenault; et aussi au petit roman jeunesse La soupe aux amandes de Sylvie Deshors.

Il participe au Prix des Incorruptibles 2018-2019, sélection CE2-CM1.

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Ouvre-moi. Texte et illustrations de Muka. Editions Alice Jeunesse, 2016.

Dans une maison dans les bois près d'une forêt, vit un petit garçon. L'hiver est là et il est très rude, la neige a tout recouvert. Un jour, un ours frappe à sa porte lui demandant le gîte. Sa maison a été détruite et il lui faut passer l'hiver.

Après réflexion, le garçon lui ouvre la porte mais le regrette très vite.

L'ours est trop grand, trop gros, il casse, heurte, détruit, mange beaucoup trop. En somme, il prend trop de place à tous points de vue.

Evidemment, arrive ce qui devait arriver et l'ours est mis dehors avec cris et larmes.

Le petit garçon, pour être sûr que ce dernier ne revienne pas, calfeutre tout et s'endort, d'épuisement.

C'est le feu qui le réveille. Mais comment sortir?

Entraide, amitié, partage sont au coeur de cet album qui n'omet pas quelques pointes d'humour.

Il participe au Prix des Incorruptibles 2018-2019, sélection CP.

ROMAN

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Métaphysique des tubes. Amélie NOTHOMB. Le Livre de Poche

Amélie Nothomb, dans ses romans autobiographiques, a toujours fait preuve d'une grande autodérision et d'un regard sur elle-même très particulier. Dans celui-ci, bien que la période décrite soit entre sa naissance et ses trois ans, elle n'en manque pas.

Son père, diplomate belge, est en poste au Japon, là où naît son dernier enfant, Amélie, après André et Juliette. Après deux ans à n'avoir fait que manger et être restée aussi inerte qu'une plante (surnom donné par ses parents), elle est devenue hurlante pendant six mois avant d'être calmée par du chocolat (blanc - amené par sa grand-mère paternelle) et de prononcer ses premiers mots. Délicatement choisis en fonction de son public et de l'effet souhaité. Elle nous raconte ce petit bout d'enfance au Japon, où les langues japonaise ou belge, n'étaient pas en compétition et lui venaient naturellement, quelques coutumes nippones, quelques comportements aussi, une réflexion quant à la vie et à la mort.

J'ai aimé ce roman, mais sans plus, qui m'a semblé aussi bien long dans ses premières pages

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Surface. Olivier NOREK. Editions Michel Lafon, 4 avril 2019

Premier polar d'Olivier Norek pour moi et assurément pas le dernier temps tant j'ai aimé, adoré, plongé, dévoré ce livre-ci et apprécié son écriture.

Le cadre: La capitaine Noémie Chastain, aux Stups de Paris, est touchée au visage dans le cadre d'une mission. Sa blessure est aussi moche que gênante et un constant rappel d'une insécurité potentielle sur le terrain.

Pour se débarrasser d'elle, et en lui faisant croire à un retour possible, elle est envoyée dans l'Aveyron, dans le commissariat de Decazeville qui gère six communes, et qui se trouve être sur la sellette. Ce commissariat est-il nécessaire, d'autant qu'il y a la gendarmerie non loin? Noémie, devenue No, doit déterminée s'il faut le fermer. Elle a un mois. Mais alors que le délai expire, un fût est retrouvé sur le lac artificiel d'Avalone. Dedans, le cadavre d'un enfant en piteux état.

Double jeu, cold case, mensonges, secrets enfouis, double visage, Noémie va devoir bien quêter tantôt avec précaution tantôt avec force.

Un polar haletant dont je vous parle bien vite davantage!

BD / MANGAS

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Le Réseau Papillon - Tome 1 - Aux Arts, Citoyens! Scénario de Franck DUMANCHE, dessin de Nicolas OTERO et couleurs de Véronique OTERO. Editions Jungle, janvier 2018

1939-1940, la France est occupée, et dans les villages, la présence des Allemands indisposent certains et la Résistance s'organise. A Paris, le Musée du Louvre veut mettre en sûreté ses tableaux, mais Adolf Hitler comme Herman Göring les convoitent pour leur collection personnelle. Le deuxième cherche à agir dans l'ombre du premier et a mis sur pied une opération de détournement.

Dans un village non nommé en Normandie, une bande d'enfants espions entendent ses projets et décident d'agir en informant le grand frère de Gaston (qui se fait appelé Chef en mission). Ils espèrent bien être de la partie lorsqu'il faudra agir!

Dans la bande, il y a donc Gaston (=Chef), Elise (=Princesse mais qui n'aime pas ce surnom; fille du Maire); Edmond (=Doc, doué de ses dix doigts) et François (=Bouboule car il mange tout le temps et fils du boucher qui ravitaille les Allemands ce qui lui vaut d'être traité de collabo).

Deuxième Guerre Mondiale, France occupée, Protection des Arts, une bande d'enfants Résistants, cet album, déjà repéré et qui a fait partie de l'Opération des 48h de la BD 2019, avait tout pour me plaire. De fait, il est très agréable à lire et condense beaucoup d'informations en peu de pages. Il permet aux enfants d'aujourd'hui d'être confrontés aux monstruosités, déchirements de cette guerre et de cette époque sans en montrer les horreurs.

Le dessin est très coloré et avec le scénario n'occultent pas certaines scènes cocasses pour alléger le propos.

J'ai bien envie de continuer la série et de me (re)plonger dans celle des Enfants de la Résistance, qui me semble plus aboutie tout de même.

Cette sauvegarde des oeuvres d'art m'a renvoyée à l'album de Jirô Taniguchi: Les Gardiens du Louvre.

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La Fillette au Drapeau blanc. D'après la vie de Tomiko HIGA. Saya MIYAUCHI. Editions Akata, octobre 2017

Un manga issu d'une photographie prise en 1945 et qui nous raconte l'histoire terrible de Tomiko Higa, six ans.

Je vous l'ai présenté ICI.

C'est lundi, que lisez-vous? #246C'est lundi, que lisez-vous? #246

Editions casterman, collection "Ecritures", 1998-1999

Alors qu'il se trouve dans le train pour rentrer chez lui, à Tokyo, Hiroshi Nakahara, se retrouve dans un train qu'il ne connaît pas et qui a pour destination Tottori, la grande ville qui jouxte celle de son enfance.

Ayant un peu de temps avant de prendre le bon train, il se rend au cimetière afin d'aller sur la tombe de sa mère. Les souvenirs affluent: le départ inexpliqué et brutal de son père lorsqu'il avait 14 ans, la force silencieuse de sa mère, sa mort... La tête lui tourne, il évanouit et lorsqu'il revient à lui, il n'a plus le corps d'un homme de 48 ans, mais celui d'un adolescent de 14.

Aussi incroyable que cela soit, Hiroshi a remonté le temps. La stupéfaction passée, il se dit qu'il découvrira peut-être la raison du départ de son père, et pourquoi pas l'empêcher même de partir.

Mais Hiroshi profite aussi de cette nouvelle jeunesse, retrouve ses anciens camarades, agit parfois comme un homme et non comme un ado, a des réflexions plus posées, plus philosophiques, les choses ne se passent évidemment pas comme dans ses souvenirs, et il craint de bouleverser son avenir...

Dans le même temps, quelques cases nous donnent à voir sa vie de famille actuelle, alors qu'il n'est (forcément) pas encore rentré. Et le parallèle entre son père et lui est saisissant.

Ce manga, c'est à la fois la concrétisation d'une envie (qui ne voudrait pas retourner dans le passé pour revivre un évènement, comprendre un autre, modifier une attitude, une parole?) mais aussi une réflexion sur le temps qui passe, sur la vie qu'on mène (choisie ou subie), la manière dont on l'emploie, ce que l'on accorde aux autres et principalement à ceux qui nous sont chers.

Même si certains moments m'ont paru trop courts, si certains passages trop rapide, j'ai énormément aimé ce diptyque qu'il me faudra relire pour bien le saisir.

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

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Le Grand Meaulnes. Alain-Fournier. Le Livre de Poche.

Lu une première fois en 3e puis 14 ans plus tard, je lis pour la troisième fois ce classique de la littérature française, encensé sans que je comprenne pourquoi.

Je ne l'avais pas aimé, puis m'étais fortement ennuyée. Là, le début m'a plu...

Dans un village de campagne, en 189.,un adolescent rejoint la famille Seurel, dont le père est instituteur, et la mère, Millie, passe de longues journées à coudre. Le jeune fils, François, partage sa chambre (moitié chambre, moitié mansarde) avec Augustin Meaulnes, qu'il admire.

Un jour de fin décembre, pendant le déjeuner, Meaulnes disparaît avec la carriole du père Fromentin et ne revint que plusieurs jours plus tard, comme si de rien n'était.

LE soir, François le voit vêtu d'une délicate chemise de soie qui contraste fortement avec sa tenue habituelle, sale et débraillée. Où l'a-t-il eue? Grâce à qui? Et où est-il allé? Malgré son jeune âge, François comprend que Meaulnes est amoureux et le supplie de l'emmener avec lui la prochaine fois. Car oui, il est sûr qu'il y aura une prochaine fois car Meaulnes n'a de cesse d'étudier l'atlas pour retrouver le lieu où il est allé.

Le début m'a plu, contre toute attente. Mais il me faut quand même m'accrocher. Je sais que "le plus dur" est à venir...

3/ Que vais-je lire ensuite?

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La tombe des lucioles. Akiyuki NOSAKA. Editions Philippe Picquier, novembre 2014

Présentation de l'éditeur: Avant de devenir le célèbre dessin animé de Takahata Isao, La Tombe des lucioles est une œuvre magnifique et poignante de l'écrivain Nosaka Akiyuki. L'histoire d'un frère et d'une sœur qui s'aiment et vagabondent dans l'enfer des incendies tandis que la guerre fait rage ; une histoire qui est celle que Nosaka vécut lui-même, âgé de quatorze ans, en juin 1945.


Mais Nosaka, c'est aussi un style inimitable, une écriture luxuriante que l'on reconnaît d'abord à son brassage de toutes sortes de voix et de langues. Une prose étonnante, ample, longue, qui réussit à concentrer en une seule phrase des couleurs, odeurs et dialogues, secouée de mots d'argot, d'expressions crues, d'images quasi insoutenables, qui trouvent ici une beauté poétique et nouvelle.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois