Le Spécimen

Chronique « LE SPÉCIMEN »

Scénario original de WALTER HILL, adaptation et traduction de MATZ,
Dessin et couleurs de JUOLEN RIBAS

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : Thriller fantastique
Paru le 23 janvier 2019 aux éditions RUE DE SEVRES
129 pages couleurs
18 euros
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Ça commence comme ça…


Au milieu d’un paysage enneigé et désertique, une jeune femme en T-shirt avance. Elle est couverte de sang séché. Heureusement pour elle, un vrombissement se fait entendre, puis un hélicoptère s’approche d’elle.
Enfermée dans un pièce vide, elle attend. Derrière la vitre sans teint, trois militaires gradés la jaugent. Ils savent qu’il s’agit du docteur Irina Danko, directrice adjointe du département neurophysiologie, qui travaillait au centre expérimental Rynpenski.
Le major Mikhail Orlev entre dans la pièce pour l’interroger et lui apprendre… qu’elle est enceinte…
Le lendemain, Irina se bloque pendant l’entretien. Quand elle s’énerve, la vitre vole en mille morceaux…

Ce que j’en pense


Vous connaissez Walter Hill ? Le réalisateur américain à succès de “Double détente“, “48 heures” et “Johny belle gueule” (entre autre) travaille depuis quelques albums avec Matz. Chez “Rue de Sèvres”, le duo a créé les très noirs “Corps et âmes” et “Balles perdues” accompagnés au dessin par Jef. Cette troisième collaboration explore de nouveau un scénario original de Walter Hill, que Matz a traduit et adapté au support.

Cet album a un arrière-goût de film “High Concept” des années 80. Immédiatement et sans préavis, le récit nous plonge au coeur d’un paysage isolé et enneigé. Là, une jeune femme est la seule survivante de… on ne sait quoi… Secourue par des militaires, on apprend que cette jeune femme était docteur dans un centre de recherche pharmaceutique très spécial. Qui est-elle et que s’est il passé ? C’est le sujet de ce long one-shot très intrigant. Rapidement, nous apprenons que le lieux avait comme activité, une sorte de prison de l’extreme, ayant passé un accord avec le gouvernement russe pour faire des expériences, puis exécuter les détendus
Le gagnant du jour est un certain Islom Japarom, reconnu coupable de meurtres, viols, enlèvements, acte de torture et de barbarie. Comme le protocole l’exige, le “monstre” passe de vie à trépas avec l’injection d’un sérum mortel, sous la supervision du docteur Irina Danko… Mais dans la nuit, le corps disparaît laissant la place à celui d’un mort inconnu, dont les globes oculaires sont totalement blancs…. Le mystère autour de ce spécimen s’épaissit quand il “se réveille”

Comme dans un vieux film de John Carpenter, hyper simple mais hyper efficace, je me suis fait happer par cette histoire. Qui est cet homme ? Que vient il faire ici ? Quels sont les rapports qui se créent entre lui et Irina ? Les questions se bousculent dans la tête, mais Walter Hill et Matz n’y répondent …pas. Il faudra attendre la résolution finale pour tout comprendre…

Le principe du huis-clos et la fin révélée par anticipation (seule Irina s’en sort !) donnent à ce thriller une sacrée montée de la tension… De façon très surprenante, le récit mélange les styles. Avec les nombreux flash-backs d’autres époques, les auteurs jouent aussi bien sur la SF, que sur un Thriller.
Enfin, cet inconnu devient le révélateur des questions morales laissées à l’écart. Est-ce normal d’exécuter ces hommes et de profiter de leur “faiblesse” pour faire des expériences ? La réponse des auteurs est étonnante…

Au dessin, le duo Matz/Walter Hill nous avait habitué au dessin typé et coloré de Jef. Celui de Julen Riberas sur Le Spécimen est très différent. Il joue la sobriété et la simplicité. Le trait est réaliste, avec un encrage léger. La couleur numérique est elle aussi très sobre, faite de grands aplats de couleurs désaturés et glacées. Vous l’aurez compris, ce n’est pas un dessin “remarquable”, mais il fait proprement le job en accompagnant le récit par un découpage ultra lisible.

Alors, envie de vous replonger dans un thriller simple et efficace dans une ambiance glaciale ? “Le Spécimen” vous attend…


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