Une maternité rouge

Chronique « UNE MATERNITÉ ROUGE »

Scénario, dessin et couleurs de CHRISTIAN LAX,

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : Chronique sociale / Conte
Paru le 16 janvier 2019 aux éditions FUTUROPOLIS
144 pages couleurs
22 euros
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Ça commence comme ça…


Le jeune Alou est un chasseur de miel. Malgré le danger, il aime se rendre auprès du gros Baobab. Ce jour-là, des Djihadistes dans un gros 4×4 ont repérés sa présence grâce à la fumée d’un feu qu’il a allumé pour faire fuir les abeilles. Quand ils arrivent à sa hauteur, un de ces hommes remarque le haut du bâton que tient Alou. Celui-ci est sculpté. Or, selon la loi d’Allah, il n’y a que lui qui puisse créer !
Alou se fait molester par les hommes. Puis pour le punir, il font sauter le vieil arbre. Après leur départ, le jeune homme découvre sur le sol une statuette représentant une femme enceinte. Il l’emmène avec lui et la montre à son père. Celui-ci lui conseille d’aller au payer Dogon rencontrer le vieux sage Hogon pour lui montrer sa trouvaille. Le Hogon va lui apprendre que l’œuvre qu’il détient est certainement une “Maternité rouge” créée par le maître Tintam. Il l’informe également, qu’il y a au Louvre, à Paris, au pavillon des sessions, son double. Le vieil homme lui annonce alors qu’il doit prendre la route et amener cette statuette pour la protéger auprès de sa sœur ! Commence pour Alou un très long et périlleux voyage…

Ce que j’en pense


Entre conte et récit social, cette histoire mélange le folklore africain et l’actualité que vivent, chaque jour, une partie des migrants. Si Alou ne fait pas ce périple pour fuir la guerre ou trouver une nouvelle vie, son parcours est proche de celui des migrants qui prennent la route ou la mer. Parti du cœur du Mali, il va à pied jusqu’en Lybie, en passant par Debdeb en Algérie. En bateau, il se rend jusqu’à l’île de Lampedusa. Ensuite il rejoint la Sicile, remonte l’Italie jusqu’aux AlpesEnfin la France et Paris !
À la capitale, il se retrouve parmi d’autres migrants qui attendent de recevoir un permis de séjour ou la possibilité de se rendre plus loin. Perdu dans cette grande ville, Alou sera aidé par des bénévoles qui aident toutes ces personnes en déshérences. Le chemin sera long jusqu’au point final de sa quête.

Cette histoire est racontée de deux manières. On suit le périple d’Alou jusqu’à son arrivée, au Louvre et en même temps plusieurs personnes qui travaillent au Musée, dans la section où se trouve l’autre maternité rouge. Les deux récits se croisent et s’entrecroisent, pour finir par s’unir à un moment de la quête.

Habilement mis en pages et en images, cette histoire est un pur bonheur pour la tête et les yeux. J’y trouve tout ce que j’aime, pour ne plus lâcher ma lecture et la contemplation de cette odyssée… J’apprécie énormément les titres qui sortent aux éditions Futuropolis/Louvre éditions. À chaque fois, je suis stupéfaite par le talent que chaque auteur y met. Tous les genres sont permis dans cette collection : SF, fantastique, historique, humoristique etc, pour mettre en valeur “l’art” avec un grand A !

Christian Lax est revenu de loin pour terminer son histoire. Il explique avec simplicité comment la pente fut difficile à remonter après un accident. Il s’est passé beaucoup de temps avant que son corps et son esprit aient retrouvé toute la dextérité nécessaire pour ce très beau projet. Qu’il soit à l’écriture, au dessin, ou les deux, il n’y a pas une seule fois où je me suis trouvée déçue. C’est un magicien des mots et son dessin est à chaque fois superbe.

Pour moi, Une maternité rouge est tout au sommet de ce que j’ai pu voir et lire de plus beau. Si le gris et le noir sont les deux couleurs qui dominent cette bande dessinée, l’auteur a su, avec beaucoup de subtilité, rehausser tout cela avec de douces couleurs pastels. Un peu de jaune, un peu de bleu et du rouge pour la “maternité”… Il découle de la force et de la délicatesse dans toutes les pleines pages qui accompagnent le récit. Merveilleux !
Le texte est poignant. Ce que vit Alou tout au long de son périple prend aux tripes et ne peut laisser indifférent. S’il ne faut pas passer à côté d’une bonne lecture en ce début d’année, je le cris haut et fort, c’est “UNE MATERNITE ROUGE” de Christian Lax !

Une maternité rougeCette chronique fait partie de la « BD DE LA SEMAINE ». Réunion chez Noukette, cette semaine.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois