Les vieux fourneaux tome 5 – Bons pour l’asile

Chronique « LES VIEUX FOURNEAUX – TOME 5 – BONS POUR L’ASILE »

Scénario de WILFRID LUPANO
Dessin de PAUL CAUUET

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : Humour / Chronique sociale
Paru le 9 novembre 2018 aux éditions Dargaud,
56 pages
12 euros
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Ca commence comme ça…


À Paris dans une rue bourgeoise, une petite mamie déambule. Elle lâche sa valise devant l’ambassade de Suisse. L’objet s’ouvre, se gonfle en un radeau de sauvetage et un tas de vieux, tous habillés de fracs et de gros cigares s’y jettent en un éclair. C’est un sitting sauvage contre la lois pour les riches !
Les voilà au poste de police, en attendant d’être entendus. Mais Pierrot et se amis des “Ni Yeux, ni Maître” ne se laissent pas faire. Ils traitent les flics de fascistes et jouent les “prolongations”
Pendant ce temps, Antoine joue les babysitters. Il débarquent à Paris pour ramener la petite Juliette à Sophie, sa maman. Son copain, Mimile, qui n’est pas revendicatif est monté à la capitale pour profiter du match de rugby France-Australie…

Les vieux fourneaux tome 5 – Bons pour l’asile

Ce que j’en pense


Bons pour l’asile, le titre de ce nouvel opus ne s’adresse pas aux trois petits vieux de la série. Non, Pierrot, le vieil anard, Antoine, le papy en recherche de liens familiaux et Mimile, l’ex-aventurier ne sont pas à mettre à la benne, mais c’est bien de notre monde actuel que Lupano, scénariste inspiré et revendicatif parle. C’est un vrai cri du coeur sur les dérives de notre système ultra-capitaliste (mais surtout qui oublie ses origines) que Wilfrid lance avec humour et intelligence.
Dans ce nouvel épisode (tiens, je croyais que le tome précédent focalisé sur Sophie laissait supposer une suite…), nous retrouvons nos trois petits vieux dans leurs activités favorites. Pierrot, le contestataire de service, organise avec ses amis de “Ni yeux, ni maître” des opérations coup de poings pour attirer l’attention. Après la protection des abeilles, la dernière en date est un sitting devant l’ambassade de Suisse, version “radeau-de-la-méduse-des-grands-capitalistes”. Un beau délire qui finit au poste… Si Pierrot ne bouge pas d’un millimètre dans ses convictions, c’est la rencontre avec Patricia, surnommée “Patate”, une fliquette dont il s’occupait il y a quinze ans avec d’autres jeunes défavorisés, qui va remettre en cause sa perception de la police…

Pour Antoine, les problèmes du moment sont familiaux. Quand il ramène Sophie, son arrière-petite fille à Sophie, sa maman, il découvre que cette dernière a préparé une surprise. Il va devoir assurer une cohabitation forcée avec son fils. Gros passif et conflits d’hommes qui s’occupent (plus ou moins mal de leurs progénitures), ça ne va pas être simple…

Les vieux fourneaux tome 5 – Bons pour l’asile

Enfin, il y a Mimile, le plus “calme” du trio qui arrive sur Paris pour profiter tranquillement d’un match de Rugby France-Australie… Bien sûr, ça ne se passera pas comme ça…

Wilfrid et son complice Paul Cauuet emmêlent les trois récits pour nous offrir, comme toujours, un album au goût doux-amer. J’adore les situations ironiques que Wilfrid imagine, souvent délirantes, mais toujours avec un fond très humain.
Dans ce cinquième épisode, il aborde à sa façon la question des migrants. Ses trois vieux papys montrent la voix et nous rappellent, du haut de leurs vieilles carcasses branlantes, que l’humanité et le bon sens n’attendent pas le nombre d’années. Qu’on choisissent de blouser le système, comme “L’ile de la Tordue”, qu’on profite d’un gros événement médiatique pour pointer du doigt une horrible vérité, à leurs manière, chacun de ces petits vieux nous rappellent notre devoir d’aide aux autres et qui définit notre ADN national…

Les vieux fourneaux tome 5 – Bons pour l’asileAu dessin, Paul Cauet est totalement maître de son petit monde. Le trait est caricatural, mais pourtant criant de vérité. Les gueules, les émotions, l’acting des personnages, tout sonne juste. Dans la galerie de portrait de ce cinquième tome, nous faisons connaissance avec quelques nouveaux personnages, tandis que d’autres “tirent leur révérence”… Et oui, c’est ça, aussi, la vieillesse. A côté du trio initial, il y a “Patate”, la fliquette robeu, le fils d’Antoine, la jeune Juliette et Fanfan, la mamie de “La Tordue”.
Alors, oubliez vos obligations et venez passer un moment drôle et profond qui nous fait encore croire en l’humanité avec les tarés des “Vieux fourneaux”.

Les vieux fourneaux tome 5 – Bons pour l’asileCette chronique fait partie de la « BD DE LA SEMAINE ». Réunion chez Noukette, cette semaine.


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