Texas Jack

Chronique « TEXAS JACK »

Scénario de PIERRE DUBOIS
Dessin de DIMITRI ARMAND

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : Western
Paru le 2 novembre 2018 aux éditions du Lombard,
128 pages
20,50 euros
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Ca commence comme ça…


Quelque part dans les plaines de l’ouest, des grands propriétaires sont réunis pour parler affaire. Ils se sont mis d’accord pour chasser les misérables colons de leurs terres. Pour cela, Roy a pris les devants en engageant Henry Saül (dit “Gunsmoke”), un tueur et sa bande pour faire le sale boulot, contre l’avis de ses pairs…
Pendant ce temps, la bande de Gunsmoke arrive dans un campement de colons. Sans sommation, ni pitié, ils massacrent hommes, femmes et enfants indistinctement.

Le soir venu, la bande débarque dans le salon de Roy. Quant il présente une main de bébé coupée en témoignage de leurs actes, les “beaux messieurs” du salon s’indignent. Mais Gunsmoke ne se laisse pas démonter. Avec ses hommes, ils les tuent tous, excepté Roy, avec qui il a fait un deal…

Ce que j’en pense


C’est la deuxième fois que le jeune dessinateur Dimitri Armand retrouve Pierre Dubois pour un western. La première fois, les deux complices nous ont offert « Sykes », un magnifique western crépusculaire comme je les aime. «Texas Jack», leur nouvelle création est d’un genre différent.
Le duo nous embarque dans une chasse à l’homme assez particulière. Au bout du fusil, il y a Gunsmoke, le grand méchant, excessif et cruel en diable qu’il faudra abattre. Pour remplir cette mission, c’est Texas Jack, un cowboy de pacotille (qui se produit dans un cirque et fait l’objet de récits populaires), qui est choisi par le gouvernement pour remplir cette mission dangereuse. Inutile de dire que le sieur (qui monte bien à cheval et tire sur des assiettes au vol) n’a pas ni l’entraînement, ni la dureté nécessaire pour s’attaquer à Gunsmoke. Qu’à cela ne tienne, son arrogance suffit pour s’embarquer, lui et ses acolytes, dans l’aventure. Mais la traque prend une direction inattendue, sitôt rendue dans les grandes plaines de l’ouest…

Ce nouveau Western est une belle surprise. Les auteurs auraient pu se contenter de faire une suite à Sykes, mais ils ont choisi de se réinventer. Parti-pris étonnant, ils utilisent la figure rarement usitée de cow-boy d’opérette, et cela tient bien la route. Pour autant, ce n’est pas de la comédie, car Dubois ramène des gros durs dans les parages, avec Sykes himself (plus jeune que dans l’album éponyme) qui s’invite dans la danse.

Autour d’un duo improbable (le lumineux et un brin ridicule Texas Jack, le sombre et efficace Sykes), les auteurs croquent une belle brochette de seconds couteaux très typés. Kwakengoo “Black Bull” l’indien noir, Wild Ryan Green le dresseur et Amy O’hara la tigresse (qui ne sait qui choisir entre les deux hommes), les personnages sont attachants et travaillés. Avec Gunsmoke, ajouter un méchant digne des plus terribles salopards du western et vous obtiendrez un récit de genre varié et dépaysant.

Au dessin, Dimitri Armand assure le GRAND spectacle. Son dessin ultra classique rappelle les très bons dessinateurs du genre, avec un encrage fort et un trait réaliste. Sa mise-en-scène très cinématographique utilise habillement les capacités du medium et la variété des formats. Entre plans plus ou moins cut, cases de toutes tailles et même une double page de gunfight absolument incroyable, il assure, le gars !

Alors, bouclez vos ceinturons et embarquez pour une chasse à l’homme dans les grandes plaines pas comme les autres.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois