Les Passagers du vent, tome 8/9 – Le Sang des Cerises

Chronique « les Passagers du vent, tome 8/9 – Le Sang des Cerises »

Scénario, dessin et couleurs de FRANÇOIS BOURGEON

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : Historique, / aventure / Chronique sociale
Paru le 3 octobre 2018 aux éditions Delcourt
88 pages couleurs,
17,95 euros

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Ca commence comme ça…


16 février 1885. Embarquée à Quimper, la jeune Klervi arrive à Paris pour prendre un boulot de bonne. Jour maussade, elle est désorientée, se trompe de pont et tombe sur la place de la Bastille. Ce jour-là, “Paris la rouge” enterre Jules Vallès. Au son de l’internationale, les esprits s’échauffent.
Dans la foule, Clara repère deux olibrius qui s’attaquent à la jeune bretonne endimanchée. Comme elle ne peut se défendre et baragouine à peine le français, elle la prend sous son aile…

Ce que j’en pense


Un album de François Bourgeon, c’est un évènement ! De cycle en cycle, cet auteur respecté et exigeant continue d’explorer sa grande saga familiale. Nous retrouvons donc Zabo, partie de Louisiane vingt ans auparavant, qui s’est installée à Paris. Elle se fait appeler Clara, a changé de vie, mais conserve la même gouaille et fureur de vivre.
Dans “Le Sang des Cerises”, Clara se lie d’amitié avec une jeune bretonne venue travailler à Paris. Un travail de bonne, négocié par le curé de son village, car les bretons (pauvres et demandeurs) sont appréciés par les bourgeois qui voyaient en eux de la main d’oeuvre bon marché et corvéable à merci. Et encore, s’il plaisaient à leurs nouveaux “maîtres”, car sinon c’était le pavé qui attendaient les jeunettes… C’est cette vérité que François Bourgeon dépeint sans fioriture, ni romantisme.

Au delà de cette histoire d’amitié, il nous raconte une lesson d’Histoire. 1885, c’est 5 ans à peine après la commune de Paris, une période l’histoire assez vite oublié des livres. Pour les ex-communards, les plaies ne sont pas refermées. Les 100.000 morts tués pour l’exemple, les privations, les croyance en un avenirs meilleurs et la désillusion, il nous raconte tout ça vu de l’intérieur…

Dans “Le sang des cerises”, il y a aussi une formidable reconstitution. Clara et Klervi vivent sur la butte Montmartre, plein de cabarets et de peintres. François Bourgeon nous fait revivre le quotidien de cette époque bouillonnante. Il faut dire que le sieur est un acharné, un fou du détail, qui n’hésite pas à modeler un buste de son héroïne ou à prendre deux mois pour maquetter la butte, histoire de balader ses héros de papiers de façon réaliste. C’est un maniaque, dont le sens du détail et de l’exigence aboutissent à un résultat étonnant. Tout y passe, les dialogues en vieux breton et en argot parisien, les chansons (nombreuses) de la commune, les décors, les visages mouvants et expressifs, les habits, tout est juste, précis, documenté… Un travail de titan qui se retrouve aussi dans son trait réaliste. Tout à l’encre de chine, il ne s’autorise que les pointillés pour évoquer les ombres et volumes… Un fou, je vous dis.

Alors, moi, même s’il faut attendre encore quatre ans pour lire la suite de la vie de Zabo-Clara, j’y serais !

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