Les mauvaises herbes

Chronique « LES MAUVAISES HERBES « 

Scénario & dessin de KEUM-SUK GENDRY-KIM

Public conseillé : Adultes

Style : Récit témoignage / Drame
Paru le 26 septembre 2018 aux éditions Delcourt, collection Encrages
284 pages couleur,
29,595 euros

Share

Ca commence comme ça…


En 1996, Oksun (Sun) revient pour la première fois en Corée su Sud et cela après de longues années…
Sun, jeune fille de 16 ans, est vendue par ses parents, puis donnée à des soldats japonais comme beaucoup de jeunes filles comme elle. Elle devient une “ femme de réconfort”.
Soixante ans plus tard, Keum-Suk rencontre Sun qui lui raconte son histoire avec beaucoup de pudeur et d’émotions !

Les mauvaises herbes

Ce que j’en pense


J’aurais pu écrire bien plus de choses pour vous raconter comment cette bande dessinée de 480 pages commence… Mais je pense pourtant, que dans ces quelques lignes, j’ai écris tout ce qu’il fallait savoir pour ce rendre compte dans quoi vous allez vous lancer.
Tout débute avec douceur et candeur. La douceur, ce sont les première planches qui ouvrent le récit. Keum-Suk nous dépeint quelques paysages, tels des estampes. La candeur, c’est l’enfance de Sun, petite fille vive d’esprit, qui n’a qu’une envie aller à l’école. En Corée du Sud, à cette époque, les filles ne vont pas à l’école.
Cette vie d’insouciance se termine le jour où ses parents lui annoncent qu’elle a été adoptée par un couple sans enfant qui tient un restaurant. Sun ne comprend pas vraiment pourquoi elle doit partir, mais ses parents lui font miroiter qu’elle pourra alors étudier et qu’elle aura toujours à manger. C’est le début de son calvaire. Placée deux fois dans des familles (car elle n’a pas un caractère facile), c’est lors d’une course pour la deuxième famille qu’elle est emmenée de force par deux hommes de nationalité coréenne…

A 16 ans elle n’a plus le droit d’être un enfant…

Immersion dans une thématique peu connue de l’histoire, qui a pourtant eu un impact destructeur sur ces jeunes filles. Vendues par leurs parents, déportées par des compatriotes de la Corée en Chine et au Japon, elles ont fini dans des camps, abandonnées de tous. Elles sont mal nourries, battues, violées… Elles sont jeunes, voir très jeunes.
Keum-Suk dépeint l’histoire d’Oksun de plusieurs manières. Il y a les parties où on la voit lors de ses rencontres avec la vieille dame. Là, elle nous narre l’histoire de la jeune fille de son enfance à la fin de la guerre, son calvaire, ainsi que celui de toutes ces jeunes filles à avoir servi d’objet sexuelle aux soldat japonais. Elles furent entre 20.000 et 80.000 femmes et enfants violées par l’Armée Impérial Japonaise. Entrecoupé de fait et d’éléments historiques, cela m’a permis de me faire une idée concrète de ce que ces jeunes filles ont subit pendant cette horrible guerre.
Cela est rehaussé par le somptueux dessin de l’auteure. Entièrement dessiné à la main, elle passe de pleines pages majestueuses et délicates, et d’autres lourdes d’émotions et de douleurs. Je me suis prise ces 480 pages en pleine face et en plein cœur. Il n’est tout simplement pas possible de sortir indemne de cette histoire. Sa première bande dessinée,“ Le chant de mon père” (éditée aux éditions Sarbacane) est plus légère. Elle y relate la première fois où sa maman est venue la voir à Paris. Par contre “Jiseul” (toujours aux éditions Sarbacane) m’a autant bouleversé que ce dernier titre. Elle y met en scène le massacre d’une dizaine de milliers d’habitants de l’île Jeju, en Corée du Sud.
La bande dessinée autobiographique ou de témoignages a le vent en poupe et je dis tant mieux ! Rien de mieux que de s’informer de manière imagée. Moi en tous les cas, j’adore et j’en redemande. Si vous en avez pas assez, en appendices, il y a une très bonne documentation comme l’explication de la démarche de Keum-Suk Gendry-Kim pour cette histoire… Passionnant !

Les mauvaises herbesCette chronique fait partie de la « BD DE LA SEMAINE ». Réunion chez Noukette, cette semaine.


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois