Layla – Conte des marais écarlates

Chronique « LAYLA, CONTE DES MARAIS ÉCARLATES »

Scénario de JÉRÉMY
Dessin de MIKA,

Public conseillé : Adultes / Grands adolescents (à partir de 16 ans)

Style : Aventure, Heroic-Fantasy
Paru le 17 septembre 2018 aux éditions « Dargaud »,
96 pages couleurs, 16,50 euros,

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Ca commence comme ça…


Le jeune Grenoye se balade dans les marais écarlates, à la recherche de champignons. Au bout d’une souche vermoulue, il est attaqué par un énorme serpent. Il lui échappe de justesse en plongeant dans le fleuve… qui l’entraîne dans une mare putride rougie de sang. Au milieu, se tient une femme, ou plutôt un monstre, aussi terrifiante que désirable. Contre toute attente, Leyla, la Vouivre, lui laisse la vie sauve…
De retour à Nosgrey, la capitale du royaume de Flyne Yord, Grenouille va retrouver Edith, la fille de l’épicier qui a toujours une attention pour lui. Pendant la conversation, Brennan, le chien d’edith, vole la besace du jeune homme. Grenoye le poursuit jusque dans les bas quartiers, une ville souterraine où se sont réfugiés ceux qui crèvent la dalle…

Ce que j’en pense


C’est le premier scénario de bande dessiné de Jérémy, dessinateur de la série Barracuda (Jean Dufaux au scénario) et ex-coloriste de Philippe Delaby, sur la série Murena. Pour son “galop d’essai”, Jeremy réalise un premier scénario tout à fait dans le genre de Jean Dufaux (relisez “La complainte des landes perdues” pour vous en convaincre). C’est un récit fantastique pétri de symbolique et de thèmes traditionnels.
Dans un monde moyenâgeux (aux noms évocateurs des royaumes guerriers du nord), le jeune Grenoye (prononcer “Grenouille” si vous préférez) tombe amoureux d’une Vouivre. Ce “monstre” mi-femme mi-serpent est l’incarnation de la féminité aussi belle et désirable que dangereuse. Puisque c’est un coeur pur (il ne convoite L’Escarboucle, la pierre d’immortalité qu’elle porte au cou), cette dernière choisit de l’épargner. Malgré tout, elle empoisonne son âme, puisque ce dernier ne pourra jamais l’oublier. Le temps passe et le jeune homme épouse une jeune femme, a un enfant. Dans ce petit monde idyllique, le danger guette. A la mort (violente) du roi, sa fille dévorée par l’ambition et le pouvoir déclare la guerre aux royaumes d’à côté. Pour assurer sa vie éternelle, la nouvelle reine entreprend une chasse au monstre qui entrainera dans son sillage tous les protagonistes de l’histoire…

Certainement, Jérémy a bien écouté ses maîtres. Il inclut dans son récit un réseau de symboles, mais surtout les thèmes chers à Jean Dufaux (l’amour et la mort, la chasse au monstre, la vie éternelle, la féminité, la vengeance, le pouvoirs…). Le récit n’est pas particulièrement original, mais il est dense et se construit sur de nombreux arcs narratifs et personnages. Là où Dufaux aurait certainement délayé les nombreuses histoires dans une série en quatre ou six tomes, prenant son temps pour poser des ambiances, Jeremy ne développe qu’un unique tome de 96 pages. Le scénario multiplie les scènes d’action, péripéties et révélations. Ainsi, chaque scène est éclipsé par la suivante et l’histoire, sans vraiment laisser le temps de se poser. Les dialogues sont de qualité et assez maîtrisés, mais cela va trop vite pour moi…

Au dessin, c’est le jeune dessinateur Mika assure le visuel. Son trait et son encrage classiques ne sont pas sans rappeler certaines cases de Loisel et de Mohamed Aoumri. Ce n’est pas vraiment étonnant, puisque que ces deux ”fées” se sont penchés sur le berceau de ce nouveau dessinateur…
Les compositions sont dynamiques (j’imagine que Jérémy veillait au grain…) et l’ensemble est très parfaitement lisible. La composition et le cadrage des planches varient intelligemment suivant le récit et les intentions.

Pour résumer, sans être particulièrement étonnant, ce premier album de Jeremy au scénario et Mika au dessin nous entraîne dans une histoire fantastique et sombre qui devrait satisfaire les amateurs de genre. Gentiment érotique, épique et violente, tous les ingrédients sont là pour s’évader confortablement dans son fauteuil.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois