Oblivion Song – Tome 1

Chronique « OBLIVION SONG – tome 1 »

Scénario de ROBERT KIRKMAN
dessin de LORENZO DE FELICI
couleurs de ANNALISA LEONI

Genre : Aventure / Science-fiction

Public conseillé : Ado-Adultes
Paru le 7 mars 2018, aux éditions “Delcourt”,
16,50 euros

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Ça commence comme ça…

Dans un monde dévasté, deux survivants courent à perdre haleine.. Un homme, visage caché, les mets en joue et tire. Une fléchette se plante dans l’épaule de l’homme. Après un petit éclair, ce dernier disparaît !
Soudain, un monstre énorme apparaît, renversant le tireur. La femme en profite pour tenter de s’échapper, mais elle aussi est atteinte par la fléchette qui la fait disparaître, juste avant que le monstre ne la croque.
Le tireur se retrouve face à la bête. Il court, saute, grimpe, tente d’utiliser sa “ceinture” qui ne marche pas. En ultime recours, il s’injecte la fléchette dans le cou…
Dans le désert, la femme reprend connaissance. Elle est maîtrisée par Bridget et Duncan, les deux assistants de Nathan Cole, l‘homme encapuchonné qui vient de sortir deux survivants de “Oblivion”, la dimension parallèle qui s’est écrasée dans notre monde il y a 10 ans, emportant dans son sillage 300.000 personnes…

Le contexte

C’est à grand renfort de com’ que les éditions Delcourt sortent (en avance sur les états-unis), la nouvelle série de Robert Kirkman, le scénariste de “Walking dead”. Difficile d’ignorer le succès énorme dont la série et encore plus son adaptation TV ont reçus.
Cette fois-ci, Robert Kirkman sort de son monde de zombies pour tenter la science-fiction. Un peu à la façon de “The left over” (la sublime série de HBO), il nous entraîne dans un futur proche, où un crash “dimensionnel” a eut lieu. Une dimension parallèle s’est abattue sur Philadelphie, happant vers les limbes un grand nombre de ses habitants et apportant un lot de gros monstres au passage. Le chaos qui s’en est suivi est énorme et le traumatisme toujours sensible 10 ans après la catastrophe.
Le pire est que les “disparus” ne sont pas vraiment morts, comme l’a prouvé un scientifique du nom de Nathan Cole, le héros de la série. Ce dernier en a compris l’origine et mis au point un sérum qui réaligne les personnes avec leurs univers. Sa recherche est coûteuse, mais lui permet de voyager vers “Oblivion” et d’en ramener des survivants… Mais l’univers en question est peuplé de monstres redoutables. Alors, reste-t-il encore des gens à sauver et si oui, où se planquent-ils ?

Ce que j’en pense

J’ai trouvé le début de cette série remarquablement dynamique. Robert Kirkman nous plonge directement dans “Oblivion”, ne nous laissant pas le temps de respirer. C’est au fur et à mesure que nous comprenons les personnages et les conflits.
En bon conteur, Kirkman joue les multiples conflits. Tout d’abord, il y a le conflit externe, physique, avec ce monde parallèle, où survivre est un art. Nathan Cole, qui y est étranger, s’en sort plutôt bien. Dans les conflits plus internes, c’est là qu’il semble en difficulté. Le scientifique est très décrié. Ses recherches coûtent horriblement chères et le politiques se refusent à lui accorder plus de crédits.
En termes idéologiques, après 10 ans, ne serait-il pas le temps de laisser aux familles des disparus le droit de faire leur deuil ? Mais pour Nathan, la poursuite ressemble à une croisade, car il y a perdu son propre frère et en reste obsédé…

En filigrane, Robert Kirkman s’amuse à opposer deux façons de vivre. Ethan semble prêt à tout pour ramener les survivants d‘Oblivion, mais le désirent-ils vraiment ? Comment se reconstruire après 10 ans passés à fuir et à combattre dans un monde hostile ? Peux-t-on de nouveaux se rendre gentiment au boulot tous les matins ? Comment reprendre sa place de femme/d’homme auprès de son/sa conjointe qui a refait sa vie ? Ceux qui sont la bas n’auraient-ils pas trouvés une forme de bonheur dans un mode de vie sauvage et simple ou la survie passe la l’entraide ?

Un peu comme dans “Walking dead”, Kirkman trouve la façon de nous faire réfléchir à des sujets profonds, sous une apparence de série d’entertainment, et ca ne fait que commencer…

C’est Lorenzo de Felici qui assure le visuel. Ce dessinateur italien (qu’on a pu remarqué sur “Drakka”, “Alix et Arsénou à Rome” et “Infinity 8”) nous donne le maximum d’énergie possible. Son trait fluide et clair est au service d’une composition dynamique et très cinématographique. Les corps bougent, les gueules sont expressives et la narration remarquablement fluide. Design character organique et délirant ou monde contemporain, Lorenzo fait feu de tout bois. Vraiment, le choix de ce dessinateur, qui évolue entre “comics” et “franco-belge” est parfait !


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