La Cour des Miracles – livre premier – Anacréaon, Roi des Gueux

Chronique “LA COUR DES MIRACLES – Tome 1 : Anacréaon, Roi des Gueux »

Scénario de STÉPHANE PIATZSZEK
Dessin de JULIEN MAFFRE

Genre : Aventure / historique
Public conseillé : Ado / adultes
Paru le 24 janvier 2018 aux éditions Soleil, collection « Quadrants »
15,50 euros

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Ça commence comme ça…

Paris, 14 février 1667. Un vieux mendiant repère un jeune homme qui tire discrètement la bourse d’un passant. Il donne l’alerte et ce dernier est attrapé. Le vieil homme amène le “gamin” sous bonne escorte au Châtelet. Là, une bande d’hommes d’armes les accueille…
En fait, l’homme n’est autre que “Le grand Coesre”, leur chef et son fils Jean, qui vient de passer haut la main l’initiation.
Pendant ce temps là, sa fille, la “Marquise” est en train de “s’occuper” d’un bourgeois dans son lit. Quand celui-ci s’est endormi, la marquise s’habille et lui vole son argent. L’homme se réveille, mais reçoit un couteau, avant qu’elle ne saute par la fenêtre…

Ce que j’en pense

J’ai un affection particulière pour le travail graphique de Julien Maffre (“Stern”) et c’est grand plaisir de retrouver son trait nerveux et expressif croquer une fois encore les gueules cassées de petites gens.
Pour cette nouvelle série, le scénariste Stéphane Piatzszek a choisi Paris, en 1667, pour cadre et plus particulièrement l’univers de la “Cour des Miracles”. Vous savez bien, cette même cour qui sert de cadre à l’histoire de “Notre Dame de Paris”, de Victor Hugo. Dans ce cercle, loin de la vue des “honnêtes gens”, un petit peuple de miséreux, mendiants, putains, voleurs, vrais et faux malades se retrouvent sous l’autorité d’un roi, élu par eux.

C’est précisément le 87e “Roi de thune” ou “Grand Coesre”, Anacréon, que nous allons suivre. Mais l’homme se fait vieux et aimerait bien que son fils lui succède sur le “throne”. Petits arrangements avec les puissants et lutte de pouvoirs, nous suivons Anacréon dans sa quête de faveurs familiale et ses déboires…

Le cadre annoncé, la “Cour des Miracles” y est abordé avec précision. Entre les us et coutumes de cette société post-moyenâgeuse assez “barbare”, il décrit les différentes strates et fonctions de la micro-société souterraine et invisible. Les piètres, les malingres, les orphelins et polissons, les drilles et les narquois, il en détaille chaque catégorie. Au delà de l’aspect sociétal, Stéphane s’interroge sur les rapports qui existent entre les deux franges de populations. D’un côté, les pauvres et souffreteux mais libres ; de l’autre, les riches engoncés dans leurs privilèges et leur système hiérarchique. Il tente même la comparaison entre Louis, Roi de France et Anacréon, roi des gueux…

 

Au dessin, Julien Maffre est à la fête. Son trait sobre et nerveux est parfait pour retranscrire ce Paris du 17e siècle. Les rues, vivantes, peuplées et souvent sales, sont mise-en-image avec beaucoup de détails. Mais c’est surtout dans la vie et la variété de cette galerie de portraits (puissants comme petites gens) que Julien fait mouche. Les “gueules cassées”, édentées, malades, tordues, pouilleuses, il n’en oublie aucun et s’attache à leur donner à chacun, présence et expressivité.
La mise-en-page classique (3 ou 4 strips) avec de grandes cases pour poser les ambiances, est ultra-lisible, que ce soit dans des intimistes ou des scènes d’action.
Alors, envie de vous évader dans le Paris ancien et souterrain ? Julien Maffre et Stéphane Piatzszek seront vos guides. Il ne vous en coûtera que quelques piécettes, à moins que vos poches aient déjà été visitées…


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