Placerville

Chronique « PLACERVILLE »

Scénario de CHRISTOPHE BEC,
Dessin de CYRILLE TERNON

Genre : THRILLER/FANTASTIQUE

Public : Adultes
Paru le 23 mai 2018 aux éditions GLÉNAT
128 pages noir et blanc, 9,00 euros

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Ça commence comme ça…

En 1951, rentrant en pleine nuit d’un dîner assommant chez des connaissances, une femme et sa fille croient apercevoir une fillette sur le bas côté de la route. Si l’instinct de mère de la conductrice la pousse à s’arrêter, l’adolescente sent comme un danger et refuse d’ouvrir sa vitre afin de demander à la jeune fille ce qui ne va pas ?
La mère la force à s’exécuter avant que des cris ne viennent briser le silence nocturne…
65 ans plus tard à Placerville, le shérif adjoint, Rich Stasser, fait une macabre découverte en allant visiter un vieil ermite qui n’a pas donné signe de vie depuis longtemps…

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Ce que j’en pense

Christophe Bec, avec notamment la collection “Flesh & Bones », commence à se faire un nom dans le domaine de la bande dessinée d’horreur et “Placerville” va vite vous faire comprendre pourquoi. Un scénario bien ficelé, une tension qui va crescendo et un twist de fin surprenant, voilà de quoi combler les plus exigeants. Le genre d’histoire que l’on croirait tout droit sortie de l’imagination d’un grand maître du fantastique tel que Clive Barker (pour moi de loin le meilleur écrivain d’horreur). Pour arriver à ses fins, Bec utilise la recette qui a toujours fait son succès : utiliser des classiques en se les appropriant complément. Ainsi, il nous propose ici une variante très réussie du “mythe de la dame blanche” tout en jouant sur nos peurs les plus primaires (les arachnophobes vont souffrir). Rien de réellement transcendant sur le papier, mais le scénariste parvient tout de même à nous bluffer une nouvelle fois.

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L’enquête du shérif adjoint Stasser part d’un fait divers malheureusement banal, une mère et son fils disparus sur une route de montagne sinueuse en pleine nuit. Si l’hypothèse de l’accident s’impose assez vite dans l’esprit des enquêteurs, des éléments troublants viennent compliquer l’affaire la rendant étrange. Le scénariste nous livre donc un récit angoissant mais surtout loin de ce qu’il écrit d’habitude. Ici le suspense l’emporte largement sur l’horreur. Pas de monstre issu de tests nucléaires comme dans “Bikini Atoll” ou de maniaque comme dans “Blood Red Lake” et “Hiver station”, mais un scénario oppressant au possible.

placervielle_carreLes dessins de Cyrille Ternon accentuent encore cet effet de malaise. Son trait réaliste, surtout dans les expressions des personnages, apporte un vrai plus à l’album. Une ambiance à la fois mélancolique et horrifique, empruntée aux films d’horreur Japonais tels que “Ring” ou “Dark water”.

Une nouvelle fois Bec m’a surpris, je l’avoue bien volontiers. Je me suis laissé happer par le récit jusqu’à la dernière planche (qui nous dévoile d’ailleurs la dernière pièce du puzzle). Un album qui m’a fait penser aux meilleurs épisodes de “The twilight zone” (la version de 1964). À lire absolument !


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