Dans les angles morts d’Elizabeth Brundage

Dans les angles morts d’Elizabeth BrundageDans les angles morts

Elizabeth Brundage

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Cécile Arnaud

Quai Voltaire/Editions de la Table ronde

Janvier 2018

528 pages

Dès les premières pages, je me suis dit : « zut, c’est un polar, pas sûr que ça me plaise » et puis très rapidement, j’ai compris que ce n’était pas du tout ça. Certes, le roman commence sur un assassinat, une femme retrouvée morte sur son lit. Mais il se déploie dans bien d’autres directions, bien plus complexes, bien plus intéressantes, bien plus poignantes.

C’est un roman qui commence presque par la fin, on connait presque le coupable, finalement ce roman, c’est l’histoire d’une maison, d’une petite ville, d’une famille de garçons orphelins, d’un couple sans amour… des relations des uns avec les autres, la femme avec la maison, les garçons avec la femme et l’enfant… la femme avec le fantôme bienveillant de la mère des garçons…

C’est très bien raconté, très addictif. Très difficile pour moi de m’arrêter dans ma lecture. Et puis cette manière de raconter un événement  du point de vue d’un personnage, puis du point de vue d’un autre, de remonter le temps et d’entrelacer les histoires, de montrer les côtés ambigus de l’âme humaine, de jouer avec les nerfs du lecteur qui ne sait plus que penser, c’est d’une grande puissance évocatrice et d’une grande qualité romanesque !

J’en ai aimé l’écriture, parfois poétique, elliptique juste comme il faut, et cette fin… qui scelle le destin des personnages d’une phrase, d’une image, sublime. C’est sombre, c’est tortueux, comme j’aime, mais pas complètement désespéré, ça a failli… mais non.

De fausses vérités en vrais mensonges, George est un personnage antipathique, mais on le suit sans déplaisir, parce qu’on veut savoir ce qu’il va faire, de quelle manière, pour quelles raisons, on l’accompagne dans ses errances et dans son machiavélisme et on sait bien que la mort est au bout de son parcours (puisque le roman commence par la fin). Les autres personnages sont parfaitement dépeints, façonnés par leur éducation et par leur époque, les femmes cherchent à s’émanciper, les hommes les accompagnent ou pas dans leurs choix, c’est passionnant.

Je vous le conseille, c’est un très bon roman noir.

L’avis de Jostein.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois