Paris-Venise - Florent Oiseau

Paris-Venise - Florent Oiseau J’avais qualifié le premier roman de Florent Oiseau de « roman de branleur » (ce qui n’avait rien de péjoratif pour moi, bien au contraire). Je constate que le second est du même tonneau. Un personnage sans ambition à la vanne facile, un quotidien de banlieue triste comme un jour de pluie, une forme de renoncement et de désillusion assumée, pas un rond en poche, la glandouille comme principale activité...  un parfait branleur quoi. Sauf que la pression mise par sa banquière oblige Roman à chercher un job. Engagé par une compagnie ferroviaire privée sur le Paris-Venise, le jeune homme plonge dans l’univers très particulier des trains de nuit longue distance.
Dans ce train faussement haut de gamme, il découvre les avantages de certains postes par rapport à d’autres, les collègues magouilleurs, les clients pénibles, les pigeons bons à plumer, les fraudeurs et les clandestins qui tentent de monter à bord pendant les escales en Suisse ou en Italie. Il découvre l’état effroyables des toilettes à nettoyer en fin de nuit, les douaniers portés sur la boisson, les policiers lourdingues, les supérieurs pénibles. Sans compter les arrivées au petit matin dans une ville grise et lugubre où il passe sa journée à dormir dans un hôtel miteux avant de repartir le soir suivant vers Paris.
Roman se met vite au diapason de ses collègues et profite de la moindre opportunité pour améliorer l'ordinaire. Il a parfois des états d’âme mais les scrupules ne l’étouffent jamais longtemps. Il y a une truculence jouissive dans la prose de Florent Oiseau. Son récit sent le vécu à plein nez. Loin du glamour et du romantique, son Paris-Venise est sordidement drôle, porté par une langue très orale. C’est frais, moderne, spontané et derrière le je-m'en-foutisme de façade affleure une réflexion profonde sur la nature humaine.
Seul petit bémol, j’ai parfois trouvé Roman trop gentil, trop naĂŻf, trop bien-pensant. Je l’aurais préféré plus roublard, plus cynique. Un poil moins lisse en somme. Mais je chipote parce qu’au final j’ai pris un vrai plaisir à partager son quotidien de galérien et ses mésaventures tragi-comiques. Il se confirme donc que les romans de branleur me vont comme un gant, ce qui ne surprendra personne je pense.
Paris-Venise de Florent Oiseau. Allary Éditions, 2018. 240 pages. 17,90 euros.
Paris-Venise - Florent Oiseau


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois