Chronique de lecture : Lolita de Vladimir Nabokov

Me revoilà enfin pour une chronique de lecture : celle de Lolita, que je viens à peine de terminer.

Chronique de lecture : Lolita de Vladimir Nabokov

On ne présente plus cette idylle entre un homme mûr et une préadolescente. Depuis longtemps déjà, j’avais très envie de la lire. Captivée par les histoires d’amour passionnelles, les personnages tourmentés et moralement ambigus, voire les relations malsaines lorsque la psychologie en est bien explorée, j’attendais avec impatience de découvrir ce classique. Malheureusement, j’avoue que j’ai vite déchanté… On ne peut pas tout aimer et visiblement, malgré la qualité de l’œuvre, Lolita n’était pas pour moi !

Je pense que clairement, ce qui m’a le plus déplu est le personnage de l’homme, Humbert, pour qui j’ai conçu une véritable aversion. Encore une fois, je suis habituellement intéressée par les personnages ambigus, voire clairement détestables… Mais celui-ci m’est resté en travers de la gorge ! En plus de l’obsession permanente pour les corps des petites filles (au-dessous de quatorze ans, limite sacrée qui tient de la date de péremption pour les « nymphettes »…), il y avait le mépris pour les femmes et la majeure partie de l’humanité, le côté violent (plutôt dans son premier mariage), le pédantisme et j’en passe… J’aurais passé sur à peu près tout si j’avais réussi à m’intéresser psychologiquement au personnage. Il y avait pourtant de la matière, mais à aucun moment il ne m’a inspiré la moindre émotion. Malaise…

J’attendais aussi sûrement autre chose de sa relation avec Lolita. Certes, c’est une passion dévorante et qui le possède totalement. Mais la jeune fille semble totalement déshumanisée — elle est un objet de désir, de fantasme, d’obsession, mais un objet toujours, plus qu’une créature humaine. Son existence propre, ses éventuelles émotions ne sont quasiment jamais considérées. Et comme tout le roman passe par le point de vue du personnage-narrateur, on ne fait que frôler, qu’apercevoir Lolita. Qui est d’ailleurs, elle aussi, assez ambiguë et insaisissable — victime sans sembler l’être, orpheline qui se laisse gâter et entraîner dans une vie d’errance parce qu’elle n’a personne d’autre vers qui se tourner… J’aurais donné beaucoup pour un chapitre dans sa tête !

Cette incapacité à ressentir la moindre connexion émotionnelle avec les personnages m’a donc empêchée d’apprécier vraiment l’œuvre. J’ai cependant plus aimé la fin : Lolita perdue pour lui, Humbert revisite leur relation et semble pour la première fois se soucier de qui était cette jeune fille, ce qu’elle a pu ressentir dans sa vie auprès de lui. Il se lance aussi dans une quête vengeresse contre celui qui la lui a arrachée, dépeinte avec un humour assez irrésistible. Tout au long du roman, le style à la fois poétique, très intellectuel et caustique représente un atout indéniable, mais c’est surtout à ce moment-là que j’en ai le plus profité.

En bref, je reste contente d’avoir tenté ce livre mais je n’en ai pas tiré l’éblouissement que j’attendais… C’est la vie !

Je repars ensuite sur l’œuvre d’une amie autopubliée et à présent éditée, Laure Manel. En espérant ne pas prendre des semaines cette fois 😉

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois