Aquarica (T1/2) – Roodhaven

Chronique « Aquarica (Tome 1/2) – Roodhaven »

Scénario de François François Schuiten et Benoit Sokal, dessin de Benoit Sokal,

Public conseillé : Adultes / adolescents,

Style : Conte / Aventure fantastique,
Paru aux éditions « Rue de Sèvres », le 11 octobre, 18 euros,
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L’Histoire

Roodhaven, côté est, décembre 1930. Un vieux marin se souvient… Il était marin à bord du baleinier ‘Golden Licorn’, quand soudain, une nuée d’oiseau apparue et des dents énormes surgirent de l’eau, broyant la coque du navire…
En quittant le pub, à moitié saoul, Mac Ban fait halte sur la plage pour vider sa vessie. Devant lui, se dresse une sorte de crabe géant !
Accompagné par ses acolytes du pub, qui ne croient pas ses déclarations, les marins doivent pourtant se rendre à l’évidence : un monstre marin s’est échoué sur la plage de Roodhaven…

Ce que j’en pense

C’est la première fois que les deux grands auteurs de BD Benoit Sokal et François Schuiten s’associent pour travailler ensemble. Appréciant les oeuvres “naturalistes” et dramatiques de Sokal (« Kraa », « Syberia »), tout autant que les albums humains et “architecturaux” de Schuiten (« Revoir Paris »), j’attendais cette lecture avec impatience.

Le duo d’auteurs nous plonge donc dans un diptyque classique. Dans les années 30, un monstre marin, sorte de chimère entre crabe géant, méduse et conglomérat de navires, apparaît sur la côte du village de pêcheurs de Roodhaven…
A l’intérieur du “crabe”, à la façon de Noé et sa baleine, une jeune fille a voyagé. Son but : trouver de l’aide pour sa famille qui vit sur le dos d’une une baleine géante… L’aspect fantasque et incongru de ses dires déplait fortement à la populace, qui voit dans sa venue l’occasion d’une vengeance inespérée…

Le duo d’auteurs nous entraîne dans un récit fantastique, quelques part entre les voyages fantastiques de Jules Vernes et la bible… C’est un récit “écolo”, dans la droite ligne des précédents albums de Sokal. Ici, s’affrontent dans un duel sans pitié l’homme et la nature. D’un côté, la petitesse, la bêtise qui ne songe qu’à détruire ce qu’il ne comprend pas. de l’autre la beauté “surnaturelle” qu’engendre la nature…
Pour dynamiser le récit, Sokal et Schuiten font des allées/retours dans le temps, laissant une place à chaque protagonistes, brossant, morceau par morceau, le tableau complet.
D’où vient la la jeune fille et qui est-elle ? Quel drame ont vécu les marins ? De quoi ou qui espèrent-ils se venger ? Entre ces deux mondes qui s’affrontent, un jeune scientifique fait le lien et tente de comprendre, guidé par son esprit ouvert et peut-être un peu aussi par l’amour…

Au dessin, c’est Benoit Sokal qui prend le pinceau. Dans son style reconnaissable entre tous, il met en image ce récit dur et fantastique. Les belles couleurs bleues, rouges et ocres “ambiancent” son dessin semi-réaliste. Gueules tordues et regards méchants, toute la cruauté de ce peuple d’ignares transparaît dans son trait. La mise-en-scène, en 3 ou 4 strip par page le plus souvent, reste sobre et classique, favorisant une lisibilité maximale, en jouant sur des plans variés.

Alors, saurez-vous patienter jusqu’à la parution du second épisode ou plongerez-vous, tout comme moi, dans ce monde qui flirte entre “fantastique naturel” et croyance populaire ?

Aquarica (T1/2) – Roodhaven


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