La camionnette blanche - Sophie Knapp

La camionnette blanche - Sophie Knapp Il a suffi d’un prof absent. Un lundi. Finir à 16h au lieu de 17. Devoir rentrer à pied, seule. Et là, rue du Clos, une camionnette blanche stationnée le long du trottoir avec le moteur qui tourne, le carreau de la portière baissée et une voix d’homme qui appelle : « Mademoiselle, s’il vous plait ! ». Clémentine se retourne et voit ce quel n’aurait jamais voulu voir : « Ses mains touchent quelque chose, au niveau de la braguette de son pantalon. L’espace d’une seconde, mes yeux passent sur son visage, puis sans que je le décide, mon regard descend plus bas, attiré par le mouvement de ses mains ».
De retour à la maison après une course folle, Clémentine peine à retrouver son calme. Les jours passent, l’inquiétude perdure. Surtout, le lundi suivant approche, le prof est toujours absent et la jeune collégienne n’imagine pas une seconde rentrer seule chez elle…
Attention, sujet brulant, terrain glissant. La mauvaise rencontre, l’émotion engendrée par un événement inattendu et choquant. Comment aborder la question sans tomber dans la dramatisation à outrance et, à contrario, sans donner l’impression de survoler le sujet ? En parlant d’exhibitionnisme et non de viol ou d’enlèvement, Sophie Knapp choisit un angle d’attaque moins « frontal » qui lui permet néanmoins de démontrer avec beaucoup de justesse qu’une agression, même si elle n’est pas physique, peut faire de terribles dégâts psychologiques. On assiste, après la peur et le réflexe de fuite, au cheminement du traumatisme : l’enfermement dans le silence malgré le besoin d’être rassurée, l’impression de se sentir sale, honteuse, « presque coupable », la certitude d’avoir assisté à quelque chose qui n’était pas normal et que l’on n’a pas compris, la certitude que quelqu’un nous a fait du mal.
Clémentine est touchante, on a envie de la prendre dans nos bras pour la consoler, de lui dire que tout va bien, que tout va s’arranger, que l’on comprend son malaise. Ses parents sont eux aussi croqués avec beaucoup de justesse. Ils ne se rendent pas compte du changement de comportement, ils ne voient pas les signaux d’appel à l’aide envoyés par leur fille et ils réagissent de la meilleure manière possible une fois l’abcès crevé.
Publié pour la première fois en 2009 chez le même éditeur, ce petit roman intelligemment mené et d’une grande pertinence est un outil idéal pour faire prendre conscience aux enfants de l’importance de se confier à son entourage et de ne jamais garder pour soi des secrets trop lourds à porter.
La camionnette blanche de Sophie Knapp. Petit à Petit, 2017. 80 pages. 7,50 euros. A partir de 10 ans.
Une pépite jeunesse partagée comme chaque mardi avec Noukette.
La camionnette blanche - Sophie Knapp


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois