Une soeur

Chronique « Une soeur »

Scénario et dessin de Bastien Vivès,

Public conseillé : Adultes / Adolescents,

Style : Intimiste,
Paru aux éditions Casterman, le 5 mai 2017, 20 euros,
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L’Histoire

Antoine, 13 ans et Titi, son petit frère, accompagnent leurs parents, comme tous les ans dans la maison de vacances familiale sur la côte. Sur place, la vie s’organise tranquillement. Frigo à réparer, courses à faire, et plage à volontée.
Le lendemain, les 2 garçons découvrent dans le 3e lit de la chambrée, une jeune fille. C’est Hélène, 16 ans, la fille de Sylvie, une amie des parents.
Après un round d’observation, les 3 jeunes s’en vont ensemble à la plage. Hélène passe son temps sur son portable et fume…

Ce que j’en pense

Difficile d’ignorer tout de Bastien Vivès si vous vous intéressez un peu à la BD. Ce jeune auteur, au dessin hyper sobre, a “explosé” en quelques années. Sa “marque” ? Un dessin hyper minimaliste et des sujets intimes et contemporains (“le goût du chlore”, “Polina”, “Elles”…). Personnellement, je préfère quand ça remue un peu plus (souvent en co-création), comme “Lastman”, “Pour l’empire”

Les éditions Casterman, qui croient beaucoup au potentiel de cet auteur, lui ont donné de nouveau carte blanche, pour un gros roman graphique intimiste, comme il les affectionne. Contrairement à ce que pourrait suggérer le titre, Bastien ne raconte pas la relation entre frère et soeur, mais les premiers émois amoureux et sexuels de deux ados, lors d’une semaine de vacances au bord de mer. Un sujet très “bateau”.
Dans ce moment “suspendu”, la vie d’Antoine et son frère Titi sont bousculées par l’arrivée d’une jeune fille, légèrement plus âgée (16 ans) et dévergondée. Juste les quelques années supplémentaires qui la font passer de l’autre coté de l’adolescence. Plus mature et provocatrice, Hélène est à l’âge des transgressions. Première bouteille d’alcool volé, première cuite, première cigarette et premiers désirs, Antoine se laisse glisser sur la pente douce, par intérêt pour la belle Hélène…

Bastien Vivès ne raconte que le quotidien, tout ce qu’il y a de plus “classique”, d’un duo d’ados de notre époque. Pas de grandes envolées romanesques, ni d’événements dramatiques, juste la vie, simple et quotidienne, racontée avec justesse et poésie.

Même si je suis plus attiré par les albums qui m’entraînent hors de mon quotidien, je suis ressorti de cette lecture avec l’impression d’avoir partagé, le temps d‘une lecture, l’intimité de ces 2 ados.

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Au dessin, Bastien est fidèle à lui même. “Vers l’épure et au delà” pourrait être sa devise. En quelques traits, à peine esquissé, il croque une scène de vie. Langage des corps et impressions fugaces, quelques traits soutenus par des masses noires, et tout est là ou presque. Souvent, ça marche. Quelquefois, c’est moins réussi, mais cette « impression de pas fini”, n’est définitivement qu’une impression. Comme Hugo Pratt à son époque, Bastien cherche à s’éloigner de la représentation parfaite, du réalisme. Il épure encore et encore, cherchant le minimum suffisant, et y arrive souvent.

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois