Chronique « Duel »

Scénario et dessin de Renaud Farace,

Public conseillé : Adultes / Adolescents,

Style : Aventure fantastique,
Paru aux éditions Casterman, le 24 avril 2017, 192 pages, 22 euros,
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L’Histoire

Devant leurs témoins, Le Maréchal D’Hubert et le Général d’empire Féraud empoignent leurs pistolets et s’éloignent chacun à un bout du bois. Ils y entreront pour régler leur différend, commencé il y a près de 20 ans…
Strasbourg, 20 ans plus tôt., l’armée de Napoléon est en marche. Les duels des officiers y sont formellement interdits ! Pourtant, Féraud, jeune lieutenant des hussards, fier, querelleur et sanguin, finit un duel à la pointe de son épée… puis s’écroule sur la chaussée, fin saoul.
Le lieutenant Armand D’Hubert, flegmatique, discipliné, reçoit pour ordre de mettre aux arrêts insubordonné.
Il se rend dans son logis, et y apprend que le bretteur est dans les salons de Madame de Lionne. Interrompant Féraud dans sa parade auprès de la belle, d’Hubert lui annonce la sentence. Féraud l’accompagne, mais dégaine son épée dès que les deux hommes se retrouvent seuls… A force d’insultes, le ton monte, et d’Hubert accepte de se battre en duel…

Ce que j’en pense

Renaud Farace débarque avec un album aussi inattendu qu’important ! Il s’empare de la nouvelle de Joseph Conrad, adaptée sur grand écran par Ridley Scott – “Les duellistes”, dans laquelle deux hussards s’affrontent pendant plus de vingt ans… Au départ, tout oppose ces deux hommes. Féraud, le gascon, est courtaud, sanguin, querelleur, buveur, coureur de jupon, indiscipliné, tandis qu’Armand d’Hubert est grand et élancé, froid, réservé, calculateur, bien né…
De ces différences totales née un conflit mortel. Qu’importe l’origine, ces hommes doivent laver leur honneur dans le sang de l’autre ! Mais l’affaire n’est pas si simple. Les deux bretteurs sont tellement proches l’un de l’autre que nul d’entre eux ne l’emporte.
Ainsi, ces deux là continuent à vivre leurs campagnes, tout en s’affrontent régulièrement… Surnommés “Titans”, pour leur science du combat et leur bravoure exceptionnelles, ils représentent deux versions de la valeur militaire à son apogée.

Vivant aussi différemment qu’il est possible, Féraud est un hédoniste, parti de rien, qui prend la vie pour ce qu’elle est, une partie de plaisirs et de dangers. D’Hubert est un noble, qui attend ce que la vie lui doit : honneur et argent.
C’est deux façons d’imaginer la vie qui s’opposent, au delà de la rancoeur et de l’honneur…

Pourtant, il n’y a pas vraiment de haine entre les deux hommes. Aussi valeureux l’un que l’autre, malgré leurs divergences, ils peuvent même s’aider pour tuer leurs ennemis dans des actes aussi désespérés que valeureux…

Tandis que les campagnes se succèdent, les hommes vieillissent, remportent des victoires, des titres, mais la “question d’honneur” n’est jamais résolue. C’est une « manie », totalement dénuée de ses, qui opposent ces deux hommes extraordinaires, véritables icônes de la valeur militaire.

Au dessin, Renaud Farace m’ a définitivement séduit ! Ce jeune dessinateur a choisi de s’exprimer par un trait extrêmement nerveux. Quelquefois brouillon et à peine brossé, d’autres fois détaillé, mais toujours expressif.
Dans ce bouillonnement et ce foisonnement continue, Les planches s’enchaînent avec un sens du découpage grandiose.
En pur noir et blanc, (rehaussé par un rouge sang dans les scènes de duel), le dessin est hyper graphique ! C’est beau, profond, épique et… humain !