Les travailleurs de la nuit

Chronique « Les travailleurs de la nuit », One-shot

Scénario de Matz, dessin et couleurs de Léonard Chemineau,

Public conseillé : Adultes / Adolescents

Style : Chronique sociales / Biographie,
Edité chez « Rue de Sèvres », le 19 avril 2017, 18 euros
Share

L’histoire

Alexandre Jacobs, anarchiste et voleur de grand chemin, comparait devant un jury. Malgré le risque encouru, Alexandre ne courbe pas l’échine. Il apostrophe son juge, ne lui reconnaissant aucun droit, ni supériorité !
Enfant, Alexandre est né dans une famille de boulangers très aimante. Rêvant de voir le monde et des aventures de Jules Verne, le jeune Alexandre s’engage comme moussaillon, à l’âge de 10 ans. De port en port, de ville en ville, il apprend la dure vie des marins et l’horrible vérité : « J’ai vu le monde et il n est pas beau »
De retour à la maison, les nouvelles sont mauvaises. Son père se noie dans la boisson et met en péril l’entreprise familiale. Pour 45 francs par mois, le revoici timonier novice sur un chalutier… à la merci d’un capitaine qui tente de le violer…

Ce que j’en pense

Après « Julio Popper », Matz et Léonard Chemineau se retrouvent sur la biographie d’un homme d’exception. Cette fois-ci, Matz nous raconte la vie incroyable d’Alexandre Jacobs, anarchiste du début du siècle. Inévitablement, on pense à « Robin des bois » et à « Arsène Lupin » (de Raymond Leblanc). Comme ces héros de papier, le vrai Jacobs volait ceux qu’il estimait être les « riches « profiteurs » du système. Ses cibles : les curés (il était profondément anticlérical), les juges et les rentiers. Il n’attaquait pas, avec sa bande des « travailleurs de la nuit » les riches commerçants, qui avaient acquis leurs biens, grâce à leur travail.
Ces vols ou plutôt ces « remises personnelles » (pour reprendre leur jargon) n’avaient pas pour but l’enrichissement personnelle. Du loins, il en redistribuait une partie à la cause et aux pauvres. Un cas, cet homme-la !
Organisé, intelligent, méticuleux, Jacobs évitait de tuer, à moins que sa vie fut en péril. Son intelligence et son efficacité firent tant de dégâts qu’il devint rapidement ennemis d’état. Et comme tout a une fin, un jour, il se fit prendre…

Pour nous faire comprendre l’esprit rebelle et en même temps profondément humain de ce personnage, Matz et Chemineaux retracent le parcours de cet idéaliste ivre de liberté. Par ses voyages de jeunesse, ses lectures et ses rencontres, l’homme se forgea un esprit qui ne supportait nulle autorité. Il lui fallait donc « embrasser la carrière de voleurs, a défaut de travailler ou de mendier pour vivre ».

Accompagnant son personnage de sa jeunesse jusqu’à la mort, Matz raconte les épisodes les plus extravagants de sa vie. Jeunesse en mer, apprentissage politique dans les cercles anarchistes, prince des voleurs, survie dans le bagne et fin de vie « tranquille », cet homme est un roman à lui tout seul !

Au dessin, Léonard Chemineaux nous offre un trait assez classique et expressif. Magnifié par une mise-en-couleur directe, ses planches au nombre de cases réduites (format roman graphique oblige) m’ont immergé dans ce destin et cette époque.
Gueules expressives, scènes d’actions, paysages maritimes et industriels du tout début du 20e siècle et même scène d’amour, son dessin m’a séduit par la simplicité et la vérité de son trait. Ce gars là ira loin !

Les travailleurs de la nuitbouton_amazon


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois