De bois debout · Jean-François Caron

De bois debout  · Jean-François Caron
Un accident survient à Paris-du-Bois, un petit village fictif de la Côte-du-Sud. Un chemin de terre, deux policiers et une balle partie trop vite. Alexandrevoit mourir son père. Le jeune homme prend la fuite, court à s’en époumoner à travers la forêt. Il frappe à la première porte rencontrée. Un homme au visage défiguré, surnommé Tison, l’accueille. Chacun se fait face, empêtré dans ses non-dits et ses secrets. La bibliothèque capharnaüm de Tison délie les langues. Apprivoisement en cours. Et c’est là que le fil des souvenirs et des destins contrariés se déroulent. À rebrousse-poil.

Alexandre fait le deuil de son père André, alias Broche-à-foin. Un père de peu de mots, entouré de silence étouffant, épais. Lorsque le père parle, sa voix est «solide comme une claque derrière la tête». Après la fermeture du moulin qui faisait vivre les hommes du village, les jours creux sont venus. André est devenu Broche-à-foin, faisant toutes les jobines qu’on lui proposait. Devenu ado, c’était également au tour d’Alexandre d’aller vendre ses bras. Lui aussi a fait quelques jobines, mais il s’est surtout mis à faire la lecture à des vieux. Lire de tout: des classiques, des journaux.

Contrairement à son fils, André a dénigré les livres et tout ce qui venait avec. Après avoir vogué dans les hautes sphères de la pensée, il ne voulait plus vivre hors du monde et le regarder de haut. Il voulait vivre la même vie que celle du vrai monde. Il voulait faire partie du vrai monde.

Après la mort du père, Alexandre a quitté son patelin et s’est retrouvé seul à Québec. Pour étudierla littérature et travailler dans une librairie d’occasion. Les livres, toujours et encore… Les livres lui ont sauvé la vie. Ils sont son refuge.

Marianne, danseuse à l’agonie, a croisé la route d’Alexandre. Avant qu’elle ne pousse son dernier soupir, Alexandre s’enfuit. Il retourne sur les traces de son passé, vivre pour un temps dans le camp que son père avait construit dans la forêt. Une découverte l’y attend, de celle qui m’a fait monter les larmes aux yeux. Dans ce bois, il retrouvera Tison, à qui la vie sourit enfin. Pour Alexandre, ce retour aux sources est le moment de faire la paix avec ses fantômes.
De bois debout  · Jean-François CaronDe bois debout m’a aspirée sans possibilité de retour. J’ai plongé à pieds joints dans cette atmosphère ténébreuse, éblouie par ce souffle verbal, ces descriptions au scalpel. Divisé en trois parties, le roman suit le parcours d'Alexandre à différentes étapes de sa vie. Le sentiment de perte vient colorer chaque page.

Le style de Jean-François Caron, incisif et cru, m’a hameçonnée dès le début, pour ne plus me lâcher De la profondeur de son écriture s’élève une musique particulière, unique.Ici, même les silences parlent. La plus grande particularité du roman vient sans doute des voix – celle des chœurs, du père, de la mémoire – qui se joignent aux mots d’Alexandre

Un roman dont chaque page, chaque mot est imbibé d'une justesse infaillible, d'une sensibilité d’écorché. Bouleversant et magistral. Il ne fait aucun doute que De bois, deboutfigurera dans mon top 10 de 2017.
De bois debout, Jean-François Caron, La peuplade, 414 pages, 2017.
Alexandre a travaillé à mi-temps dans une bouquinerie de Québec. La description des lieux et celle du libraire m’ont aussitôt fait penser à Gaétan Genest et à sa défunte librairie, L’Ancre des mots. Ce libraire avait accumulé plus de 20 000 livres dans un minuscule espace, sans compter les 20 000 autres entassés dans un entrepôt. Après 27 ans de bons et loyaux services, il a cherché à donner sa librairie. Trois jeunes se sont pointés. L'aventure a duré... quelques mois. Ils l'ont vendu à Michel Boucher, un libraire passionné. Quoique considérablement dépouillée et dépoussiérée, L’Ancre des mots a toujours pignon sur rue.
De bois debout  · Jean-François Caron© Erick Labbé

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