Dominique Falkner – Mojado ***

Dominique Falkner – Mojado ***

Éditeur : Envolume - Date de parution : 11 avril 2017 - 100 pages

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Ils sont plusieurs migrants - mojados - à marcher vers la frontière mexicaine pour la franchir, guidé par le coyote, leur passeur. Parmi eux, il y a Cuauhtémoc, un instituteur en quête d'un père dont il n'a plus de nouvelles depuis des années ; une jeune femme et sa fille en quête d'un paradis ; quelques autres les accompagnent, venus du Costa Rica, du Salvador... Ils s'apprêtent à traverser le Rio Grande, dans l'espoir d'atteindre le Texas. Dans ces contrées désertiques, dépourvues de présence humaine, où l'eau se fait rare, ils cheminent sous la chaleur écrasante, foulent le sol poussiéreux et miséreux, pensant à ce qui les attend de l'Autre Côté, craignant plus les narcotrafiquants et les patrouilles de douanes que la nature sauvage et inhospitalière ...

Tout au long du périple, les souvenirs défilent, les pensées s'agitent, sans ordre, dans l'esprit de Cuauhtémoc. Ses nuits sont agitées de cauchemars plus vrais que nature.

Un texte court plein de pudeur, serti de citations, qui rend compte de la violence du périple. Une économie de mots et une écriture précise et vivante pour décrire cette traversée infernale,si bien que j'avais l'impression d'y être - la quatrième de couverture précise d'ailleurs que l'auteur a lui-même entrepris ce périple. Où chercher encore l'espoir ? En Dieu ? En un avenir aveugle et incertain ?

Un beau roman, puissant, sur ces migrants qui risquent chaque jour leur vie en traversant la frontière, à la recherche de l'idée qu'ils se font du paradis de l'autre côté... Un texte qui résonne comme un témoignage indispensable et nécessaire, d'autant plus à l'heure actuelle.

De Dominique Falkner j'avais beaucoup aimé Ça n'existe pas l'Amérique ; un auteur à suivre, assurément ! Je remercie encore les éditions Envolume pour cette lecture.

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" Il pensa aux couleurs du désert : violet à l'aube, puis mauve en milieu de matinée avant de s'enflammer vers midi pour devenir cette lame de métal chauffée à blanc qui rougeoie jusqu'au soir. "

" Le monde soudain peuplé d'ombres aveugles cherchant leurs repères à tâtons dans l'obscurité. De bruissements et de cris d'animaux qu'on n'entendait jamais la journée. La canicule d'il y a deux heures à peine un souvenir déjà irréel tant il faisait soudain froid. "

" Toute ma vie, pensa-t-il, j'ai cherché le magique, le surnaturel et la marque du divin sans jamais avoir pu y croire, mais dès qu'il se présente, mon premier réflexe est de tourner la tête et de faire comme si je n'avais rien vu. "


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois