Des cases ultra-verticales… et ultra-drôles

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Les week-ends de Ruppert & Mulot (Editions Dupuis)

« Tu l’as pas lâché d’un peu haut, là? », demande le pilote d’hélicoptère, juste après avoir largué un surfeur à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. « On n’y voit rien avec toute cette buée, t’as mis trop de chauffage », lui répond son co-pilote, pas plus perturbé que ça par le sort du pauvre surfeur. Humour décalé, dialogues savoureux, personnages de la vie quotidienne tournés en ridicule: il y a clairement un lien de parenté avec l’univers absurde des Monty Python dans la cinquantaine de strips verticaux rassemblés au sein de l’album « Les week-ends de Ruppert & Mulot ». Des strips verticaux? A la base, la contrainte vient du journal « Le Monde », qui demande au tandem d’auteurs français de produire un strip par semaine pour son supplément « Culture & idées » à partir du printemps 2014. Mais pas n’importe quels strips. Afin de ne pas bouleverser la mise en page, les responsables du journal « Le Monde » chargent Ruppert & Mulot d’utiliser l’équivalent d’une colonne de texte du journal. Autrement dit, un format particulièrement inhabituel et allongé, plus précisément 360 mm de haut sur 55 mm de large. « C’est tout ce qu’il faut à Florent Ruppert et Jérôme Mulot pour caser un orchestre symphonique, une équipe de rugby, un bus parisien ou un trois-mâts toutes voiles dehors », souligne Anne Favalier, l’une des instigatrices du projet. « Par la meurtrière ouverte chaque semaine dans les pages du journal, ces deux snipers de l’humour noir et absurde ont épinglé des familles dysfonctionnelles, des couples en crise, des amis toxiques et quelques pétages de plombs, imaginant au passage des solutions narratives inédites. »

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« Les week-ends de Ruppert & Mulot » est une BD totalement inclassable, à l’image de ses auteurs. Car même s’ils ont fait des albums plus grand public récemment, notamment « La technique du périnée », « La grande odalisque » ou « Olympia », Florent Ruppert et Jérôme Mulot sont depuis toujours à la recherche de nouvelles trouvailles graphiques. Tous deux formés aux Beaux-Arts, ils adorent par-dessus tout se réinventer en cassant les codes habituels de la bande dessinée. Autant dire qu’ils se sont fait plaisir avec cette série de cases ultra-verticales, dans lesquelles ils utilisent habilement tout l’espace disponible pour doser dialogues et dessins, et parvenir à faire rire le lecteur en une seule case. Un exercice plus que réussi, puisque cet album s’avère franchement hilarant, faisant preuve d’un humour souvent noir, voire cruel. A noter que le livre « Les week-ends de Ruppert & Mulot » ne contient pas seulement les strips parus dans « Le Monde ». Pour aérer la lecture, les deux auteurs y ont ajouté également des dessins plus larges, réalisés en noir et blanc. Des planches totalement inédites jusqu’ici, mais qui partagent le même ton décalé que les strips verticaux. A noter aussi que deux des cases de l’album ont été réalisées dans les jours ayant suivi les attentats de Paris en janvier puis en novembre 2015. Comme le souligne Anne Favalier dans la préface, « ce n’est pas le moindre de leur tour de force que de nous avoir arraché un de nos premiers sourires après les attentats ».



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