Nicolas Delesalle / Un parfum de l’herbe coupée

Nicolas Delesalle / Un parfum de l’herbe coupée

Quelques infos sur le livre :

Un parfum de l'herbe coupée
Nicolas Delesalle / Un parfum de l’herbe coupée
  • Auteur : Nicolas Delesalle
  • Serie :
  • Genres : Littérature générale
  • Editeur : Le livre de poche
  • Collection :
  • Publication: 06/ 01/ 2016
  • Edition: Broché
  • Pages : 256
  • Prix : 6,90€
  • Rating: Nicolas Delesalle / Un parfum de l’herbe coupée

Résumé :

Le jour où mon père a débarqué avec son sourire conquérant et la GTS, j'ai fait la gueule. Mais j'ai ravalé ma grimace comme on cache à ses parents l'odeur de sa première clope. J'ai dit " ouais ", j'ai dit " super ", la mort dans l'âme, même si j'avais compris que la GTS pour la GTX, c'était déjà le sixième grand renoncement, après la petite souris, les cloches de Pâques, le père Noël, Mathilde, la plus jolie fille de la maternelle, et ma carrière de footballeur professionnel.

Avis de TeaCup :

Je tiens à remercier le livre poche pour l'envoi de ce SP.

Ce roman marque par sa nostalgie, son rapport à l'enfance. L'auteur y égrène des anecdotes de lieux de vacances, sur sa famille... pour nous faire découvrir une enfance particulière et à la fois semblable à tant d'autres.

J'ai beaucoup aimé les premières pages qui donnent le ton, on sent une plongée intimiste avec des traits d'humour, de belles phrases et foison d'anecdotes. L'auteur a vraiment une plume très maîtrisée, il propose des métaphores qui font mouche, et capable de comparer certaines choses avec un grand décalage (je n'ai pas d'exemple précis en tête, là tout de suite). Et on sent une espèce de tendresse douce-amère qui m'a beaucoup parlé, c'est un juste reflet de l'enfance et de ce qu'elle nous laisse.

D'ailleurs tout le roman tourne autour de ça, le basculement dans l'âge adulte, quel moment devient déterminant et quel moment fait basculer l'enfance dans le souvenir (presque dit en ces termes, si ma mémoire est bonne). Ce rapport au souvenir est lancé par le papy qui a un Alzheimer et sort à son petit-fils une phrase incongrue dans un éclair de lucidité " tout passe, tout casse, tout lasse ". De là le héros se demande pourquoi cette phrase, ce que lui-même dirait il la resitue dans leur histoire... cette espèce de quête est vraiment intéressante à suivre et le premier quart du roman passe dans un vrai plaisir.

Là où je me suis sentie décrochée et ça explique la note, c'est qu'à mon sens le roman est presque " générationnel " si ça se dit. Il parlera plus aux gens des années 70 qui auront gardé souvenir de tout un tas d'événements décrit... que je n'ai pas connu. Des guerres, l'arrivée de tel animateur sur telle chaîne... Il y a presque un catalogue des fois avec de nombreuses personnes/références où je ne me repérais que difficilement.

Ensuite, il y a une forme récurrente dans le roman moins perceptible au début : les chapitres se rapportent à une idée/un souvenir/une personne. Belle idée, concept qui plait un bon moment, puis une forme de répétition se met en place. " je voulais devenir astronaute parce que "... et il déroule l'idée sur un paragraphe. Paragraphe suivant même début, et on repart sur un nouveau déroulé presque similaire, mais pas tout à fait, car il va parler d'un autre souvenir/une autre idée (je ne sais pas si je suis claire ?) ce qui donne au récit une répétition/redondance un peu ennuyeuse. Ou je l'ai perçu tel quel. Des fois la répétition ancre, fonctionne bien, on pense presque à une rengaine sympa genre chanson... des fois ça a totalement cassé mon intérêt, je finissais par sauter des phrases. Ce que je fais rarement.

À mon sens, un bon roman, empreint d'une grande nostalgie, de phrases magnifiques et d'une réflexion globale que j'ai beaucoup aimée, mais qui parlera plus à partir de 40 ans vus les références assez précises (les voitures, l'actualité, les humoristes...). Reste une douce poésie, des phrases qui vous trottent dans la tête et une réflexion empreinte d'une jolie tendresse avec des personnages bien campés tout ça en quelques phrases.

Extrait :

Au plafond, un ventilateur antédiluvien tournait au ralenti et découpait de grosses tranches d'air tiède qui me tombaient sur le visage.

J'étais seul dans le salon avec mon grand-père. Il dormait sur le canapé en cuir élimé. On venait d'enterrer ma grand-mère, une petite ortie brune d'origine sicilienne qui souriait tout le temps.

Les gens déambulaient sans but précis dans le jardin et la maison de mes grands-parents où flottait un parfum particulier, un mélange d'ennui, de soupe aux poireaux et de mélancolie.

Les invités rejouaient la chorégraphie sempiternelle de ces " fêtes " qui parachèvent les enterrements. Chacun faisait ce qu'il pouvait de ses pieds, de ses mains et de ses mots.

La famille se retrouvait malgré elle, penaude, désemparée, entre les petits-fours, les grands silences, le vin, le café, les larmes et les sourires compatissants. On s'écoutait. On prenait le pouls du temps qui passe trop vite. Pourquoi ne se voit-on pas plus souvent ?

Les amis proches naviguaient entre les écueils. Les phrases étaient courtes. Chaque geste, chaque mot pouvait briser une molécule d'air qui en brisait une autre qui en brisait une autre et ainsi de suite, une réaction en chaîne au bout de laquelle une molécule d'eau salée pouvait finir par couler sur la joue de celui qu'on essayait de consoler.

Ma grand-mère venait de mourir de vieillesse, comme on dit. C'est-à-dire que quelque chose avait lâché quelque part.

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Nicolas Delesalle / Un parfum de l’herbe coupée

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