Le Printemps du Loup – Andrea MOLESINI

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Le Printemps du Loup
Par Andrea Molesini
Genre Historique
Pour un public adulte
Chez Le livre de Poche

6€90 – 261 pages

Résumé : Printemps 1945. Pour fuir les Allemands, Pietro, un orphelin de dix ans rêveur et débrouillard, quitte précipitamment le couvent où il était caché, près de Venise. Avec lui, un petit groupe hétéroclite : Dario, son meilleur ami, Maurizia et sa sœur cadette Ada, deux vieilles dames juives, et Elvira, une jeune religieuse, aussi suspecte que belle, qui tient un journal et dont le récit alterne avec celui de Pietro. Traqués par les nazis, ils reçoivent l’aide d’un pêcheur et d’un frère énergique. Karl, un déserteur allemand dissimulant un lourd secret, les rejoint.
Leur folle équipée les conduira au-devant de partisans et fascistes désorientés. Une véritable épopée, où, si les hommes et les lieux sont chargés de défiance et de terreur, une lueur de bonté réussit, de temps en temps, à percer les ténèbres.

La roulette du dentiste me fiche la frousse, mais pas la mort, à condition que j’aie pas mal.

Un titre qui nous parle, un résumé qui donne monstrueusement envie, une couverture frappante malgré sa simplicité. En somme, Le Printemps du Loup a tout pour plaire. Je tiens à bien sûr remercier le Livre de Poche pour ce service presse.

Dès les premières lignes de ce roman, la narration m’a immédiatement fait penser à celle de La Vie devant Soi, de Romain Gary/Émile Ajar. C’est la même (ou presque). De la même veine. Parce que cette narration, c’est celle d’un môme de dix ans tout juste, écrite comme ce qu’il se passe dans le crâne d’un môme de dix ans. Ainsi, nous sommes dans sa tête, et on y est bien. Pietro, c’est son nom, il faut beaucoup rire avec ses tournures de phrases bancales, ses fautes d’orthographe et ses mots échangés. Mais Pietro, il rend aussi très triste. Par ce que la guerre vue par les yeux d’un gosse qui ne comprend pas tout (mais beaucoup de choses quand même), ça fait mal au coeur.
Cette narration est entrecoupée par des extraits du journal d’Elvira, une jeune religieuse qui cache bien son jeu. J’ai trouvé ces interventions bien moins intéressantes que les passages de Pietro, étant plus froide et plus stricte. Elle coupe un peu trop nettement le récit à mon goût. Ce dernier reste fluide, d’un rythme impeccable, d’un dynamisme de géant.
Oui. Je suis clairement tombée amoureuse de cette narration, de ce roman, de ces personnages. Andrea Molesini a su nous offrir un récit incroyable, plein de références aussi bien historique que culturelle. Un roman poétique, un roman plein de douceur malgré la dureté des thèmes abordés. Et ça, c’est du génie.

Parce que Le Printemps du Loup est un roman qui parle de famille, de fraternité, d’amour mais aussi de peur, de fuite et notamment la fuite de l’enfance. Un pot pourri magnifique, mené avec justesse et précision. Cette intrigue juste nous emmène loin, nous transportant en même temps que nos personnages. Une intrigue bien menée, pertinente, surprenante. Nous sursautons lorsque les corps tombent, le coeur battant, sous le choc de les voir partir aussi vite. Parce qu’ils sont foutrement attachant, nos personnages. Pourtant, la vie est chienne : elle ne prévient pas lorsqu’elle disparaît. C’est ainsi, c’est décrit avec brio dans le roman. Et on ne peut que pleurer. Ce roman est une véritable claque. Aller-retour, et on tend encore la joue. C’est comme ça. Et le roman finit par se terminer, nous laissant méchamment sur les fesses. C’est comme ça, oui. Nous n’avons plus qu’à relire ces dernières pages, hébétés par les mots.
C’est comme ces personnages, tous plus autant attachants les uns que les autres. Ils m’ont fait rêver, ils m’ont fait tomber amoureuse, ils m’ont fait peur, ils m’ont fait pleurer. Parce ce que c’est la guerre, et la vie en est encore plus fragile durant ces périodes de folie humaine. Certains de nos personnages l’ont appris à leur dépend. Et on pleure, on essaye de faire notre deuil de lecteur. Ce n’est pas facile, mais il faut le faire. C’est comme ça.
Ainsi, nous sommes en pleine Seconde Guerre Mondiale, en Italie. Nous avons donc et des fascistes et des nazis. C’est pas vraiment ce que nous pourrions appeler la grande joie, en somme. Andrea Molesini nous transmet l’ambiance de ces heures avec – encore une fois – justesse et précision. Nous sentons très bien qu’elle s’est énormément documentée sur ce sujet. Et moi, il ne m’en faut pas plus pour aimer un roman.

Cette semaine, avec ce roman, je suis tombée amoureuse. Amoureuse d’un auteur, amoureuse d’un panel de personnages (qui finissent tôt ou tard par me briser le coeur, par me tirer des larmes). Amoureuse de ce petite garçon qui ne comprend pas tout, mais beaucoup quand même. Un très bel ouvrage.



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