Le Baiser d’Hypocras – Françoise LE MER

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Le Baiser d’Hypocras
Par Françoise LE MER
Genre Policier
Pour un public adulte
Chez Palémon Éditions

9€ – 268 pages

Résumé : Vincent Delpeil n’est sans doute pas un homme né sous une bonne étoile. Socialement, il exerce un métier difficile, qu’il aime et respecte, mais dont tout le monde a peur…
Il est thanatopracteur.
S’il mettait sa vie privée en pâture, il serait sûrement la risée de plus d’un… Pourtant,  Vincent est un homme bien. C’est du moins ce qu’affirme l’ex-épouse du commissaire Le Gwen qu’il a connue dans sa jeunesse.
Il vit dans un endroit dont chacun rêve : l’Île-aux-Moines.
Ce lieu magique, tendre comme l’enfance, va être le théâtre de plusieurs crimes, homophobes, autant qu’on puisse en juger.
L’esprit retors qui les orchestre trouve son arme dans la nature. La ciguë ! N’est-ce pas ainsi qu’a été exécuté Socrate ?


Je ne suis pas vraiment attachée au genre policier, mais je commence peu à peu à m’y mettre, ce qui est plutôt cool. Je remercie d’ailleurs les Éditions Palémon pour m’avoir fait parvenir La Baiser d’Hypocras.

Françoise Le Mer a une plume assez paradoxale, quand on y pense, très peu équilibrée. C’est très dommage, car sa plume ne rend donc pas justice à son roman. En effet, nous avons certains dialogues qui rompent l’action, ce qui est assez douloureux pour le lecteur plongé dans l’enquête. Nous passons d’un récit vif et net à des dialogues niais et sans grand intérêt, ne faisant pas avancer l’action. Certes, ces dialogues posent la psyché de nos personnages mais il y a bien plus agréable à lire. Ils ne sont même pas logique : tous écrits de la même manière, ils sont très théâtraux, très grandiloquent. Très peu crédible, en somme. Aujourd’hui, plus personne parle de cette manière (hormis, probablement, quelques hipster old-school, mais ce n’est ici pas le cas de nos personnages). Et, pourtant, malgré cela, Françoise Le Mer arrive à très bien gérer le suspense de notre enquête. Le lecteur cherche en même temps que nos narrateurs, se trompant et découvrant avec effarement l’auteur des crimes en toute fin, surpris. Ne jamais se fier aux apparences. D’ailleurs, cette narration est plutôt étrange. En effet, nous ne suivons pas exclusivement les enquêteurs comme dans les autres policiers que j’ai pu lire (qui restent très rares, n’oublions pas). Nous entrons dans le point de vue des victimes, des futurs victimes mais aussi de simples observateurs. C’est très intéressant, comme mise en pratique. Nous nous intéressons ainsi à tout, observant les développements des uns et les coups bas des autres.

Notamment le développement de Vincent. Vincent est notre personnage principal, le plus récurant, le fil rouge de notre enquête, de notre narration. Le plus attachant de tous, également. Vincent a su véritablement me toucher. Avec lui, Françoise Le Mer a su mettre avec brio le doigt sur l’un des problèmes de nos sociétés : la violence conjugale. Mais pas celle envers les femmes, celle envers les hommes qui est tant bien souvent oubliée des médias et des discussions. C’est plutôt rare, de lire un tel point de vue. Et il est extrêmement facile de plonger à pieds joints dans le cliché. Mais Françoise Le Mer ne le fait pas, elle est juste et pointue. Elle décrit à merveille la pression sociale exercée autour de ces hommes, j’ai vraiment apprécié lire cette justesse. Malheureusement,ce n’est pas forcément le cas chez nos personnages homosexuels. Eux, ils sont très clichés, ne vivant que de futilités, comme notamment les vêtements. C’est malencontreusement aussi le cas pour Diane, l’épouse de notre Vincent. Pervers narcissique, sa maladie est très bien décrite mais le personnage fait trop lisse pour être pris au sérieux. Très bien décrit, mais dans l’ensemble de l’ouvrage, cela fait tâche. Et ça, c’est bien dommage.

Ainsi, je suis très mitigée par cet ouvrage. L’histoire est géniale, le contenu est génial mais l’écriture n’arrive malheureusement pas à suivre. Ça fait un couak entre toutes ces notes bien rangées. J’ai adorée l’histoire, les personnages, suivre cette enquête, tentée de deviner les implications de chacun dans ce Cluédo grandeur nature, me surprendre face au dénouement. Mais, en opposition, j’ai haïr la plume de l’auteur, cette plume qui casse tout le bonheur de la lecture. Dommage, un bon contenu pour un contenant moyen.
2/5.



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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois