Alvin - Dillies et Hautière

Alvin - Dillies et Hautière Ne pas comparer l’incomparable. C’est avec ce leitmotiv en tête que je me suis lancé dans ce diptyque reprenant l’univers du chef d’œuvre Abélard. Ne pas comparer l’incomparable pour éviter toute déception, car il m’apparaissait évident avant le coup qu’Alvin ne pourrait pas rivaliser avec le poussin rêveur et cueilleur d’étoiles qui avait fait fondre mon petit cœur tout mou.
Ce postulat de départ posé, j’ai pu retrouver avec plaisir Gaston, l’ours bougon compagnon de route d’Abélard. Un Gaston mélancolique, travaillant comme manœuvre sur des chantiers et noyant son blues le soir venu dans un bar où il retrouve la jolie Purity, avec laquelle il passe quelques moments d’intimité tarifée. Avant de succomber sous les coups d’un client aviné, la belle demande au plantigrade de s’occuper de son fils Alvin. Prendre soin d’un gamin teigneux et turbulent n’ayant pas sa langue dans sa poche n’enchante pas vraiment Gaston, mais une promesse est une promesse. L’assistance publique ne voulant plus du garnement, l’adoption par un riche couple tournant au fiasco, Gaston se résout à ramener l’enfant dans le village natal de sa mère, dans le sud profond.
Alvin - Dillies et Hautière J’avoue que je n’ai pas vraiment su par quel bout prendre cette histoire. D’abord un peu déçu par le manque d’originalité du duo Gatson/Alvin. Le père malgré lui à la froideur de façade qui a en fait un cœur gros comme ça et le gosse pénible mais finalement touchant et fragile, cela m’a paru un poil stéréotypé et manquant de subtilité (ne pas comparer, ne pas comparer, ne pas comparer…). Manque de subtilité encore dans le second tome dénonçant les méfaits d'un discours pseudo-religieux alimentant la haine ordinaire et la stigmatisation d’une population (les « emplumés à bec ») considérée comme inférieure et dégénérée. Le parti pris est certes limpide mais il manque cruellement de nuance. Dernier détail qui m’a gêné, une happy end bien trop mielleuse à mon goût, surtout après l’émotion tragique de la fin d’Abélard (punaise, on a dit qu’on ne comparait pas !!!!!!).
Reste (encore heureux !) de nombreux points positifs. Le fabuleux dessin de Renaud Dillies, offrant une humanité débordante aux animaux qu'il met en scène, son jeu sur les couleurs, ses gros plans si explicites, ses trouvailles graphiques pleines de charme, sa capacité à rendre expressif le moindre silence, etc. Et cette poésie qui surgit du chapeau d'Abélard dont Gaston a hérité, la tendresse et l'émotion jamais surjouées, des séquences magnifiques où le dessin et les dialogues s'unissent parfaitement... bref, le plaisir de lecture est là et bien là, ça ne fait aucun doute.
Un diptyque que je conseille donc plus que fortement malgré mes bémols, c'est une évidence (et pas un mot de plus sur Abélard, non mais !).
  
Alvin T1 : L’héritage d’Abélard de Dillies et Hautière. Dargaud, 2015. 56 pages. 14,00 euros.
Alvin T2 : Le Bal des Monstres de Dillies et Hautière. Dargaud, 2016. 56 pages. 14,00 euros.
Une lecture commune que je partage avec Mo et Noukette. Je ne pouvais rêver meilleure compagnie pour suivre les traces d'Alvin et Gaston.
Alvin - Dillies et Hautière