Le soleil est pour toi – Jandy Nelson

Le soleil est pour toi - Jandy NelsonAperçu lors d’une énième virée en librairie, je n’avais pas, sur le moment, franchi le cap d’acheter le livre dont il sera question dans cette nouvelle chronique, pas encore totalement séduite par la quatrième de couverture. Mais au final, je me suis tout de même laissée tentée dès lors que je l’ai vu arriver parmi d’autres nouveautés jeunesse à la bibliothèque où je travaille. De quel livre je parle, me direz-vous ? Il s’agit du dernier roman de Jandy Nelson, Le soleil est pour toi (éd. Gallimard Jeunesse, coll. Scripto, mars 2015). Ai-je été confortée dans ma toute première impression lorsque j’ai eu connaissance de ce livre, ou bien au contraire ai-je été emportée par l’histoire ?

Jumeaux à la complicité fusionnelle, Noah et Jude ont tout pour être heureux : une famille unie, le projet commun d’intégrer une grande école pour s’épanouir autour d’une passion commune (l’art). Mais presque trois ans plus tard, alors qu’ils sont tous deux âgés de seize ans, tout semble avoir changé… Noah et Jude ne sont plus unis comme ils l’étaient… Pire, ils s’ignorent, chacun fait son chemin de son côté, allant jusqu’à nier l’essentiel de leurs personnalités respectives. Qu’a t-il bien donc pu se passer pour en arriver là ? Un événement va les séparer, et entre non-dits, secrets puis révélations, les jumeaux pourront-ils se retrouver comme avant ?

Tout au long de ce roman, deux points de vue donnés sur deux temps différents se succèdent, laissant ainsi tour à tour s’exprimer Noah à l’âge de 13-14 ans, puis Jude, âgée de 16 ans. Ainsi, lorsque c’est au tour de Noah de s’exprimer, le lecteur prend connaissance de la situation initiale de l’histoire. On découvre alors un jeune homme sensible et rêveur, plutôt en marge, passionné de dessin, qui rêve d’intégrer l’IAC (une célèbre école d’art), très proche de sa mère et de sa sœur jumelle, beaucoup moins de son père. C’est aussi là que nous rencontrons Jude, qui elle aussi partage une passion autour de l’art (la sculpture) et son désir d’intégrer la même école, mais froissée par la complicité particulière qui unit sa mère et son frère. Contrairement à son frère, c’est une jeune fille davantage intégrée auprès des autres jeunes gens de son âge.

En vis-à-vis du regard de Noah, le personnage de Jude nous dévoile une toute autre situation, presque à l’opposé de ce que je viens de vous décrire. Après un ou deux événements qui les ont progressivement éloignés l’un de l’autre, un drame terrible aura raison du lien très fort qui les unissait. Et là, pour comprendre pourquoi, vous n’aurez qu’une seule envie, celle de tourner les pages pour démêler les tenants et les aboutissants de cette histoire. La rencontre de Jude avec un jeune homme et son mentor, maître en matière de sculpture, pourrait bien bouleverser la jeune femme, mais pas seulement, au-delà de toute raison et de toute espérance.

A travers ses deux personnages principaux, en arrière-plan de l’histoire, beaucoup de thèmes chers à l’adolescence sont abordés, tels que les relations familiales, l’amitié, l’amour, l’avenir, mais aussi la différence, la sexualité même. Un bon moyen de permettre aux jeunes lecteurs du même âge que Noah et Jude de se projeter en eux, pour peut-être y trouver quelques pistes de réponses à des interrogations propres à leur âge…

C’est un roman très riche et très dense dans lequel j’ai finalement trouvé beaucoup d’intérêt, même si au départ, comme je vous le disais au tout début de cette chronique, je ne semblais pas spécialement emballée par le livre… Impossible de rester insensible face à cette petite pépite, vous plongerez complètement dans l’univers de ces deux adolescents, et partagerez sans aucun doute ce qu’ils vivent comme si vous y étiez. Vous serez tenus par l’envie de savoir quelle est cette vérité qui doit être mise à jour pour que chacun puisse enfin retrouver paix et sérénité avec lui-même et avec son autre moitié.

En guise de conclusion, je terminerai en vous disant que Le soleil est pour toi est un livre à l’image de ce que peut être la vie : une réelle succession d’émotions vraies, intenses, à la fin desquelles vous finissez par en ressortir différents, grandis par l’expérience et les événements…


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois