Se faire plagier, la rançon du succès ?

Je n’ai pas l’habitude d’écrire des articles centrés sur ma personne, mais celui-ci devrait intéresser les fans de comics que vous êtes, puisqu’il s’agit de vous éviter de tomber dans une arnaque ! En plus, on a volé mon travail, et ça, ça craint.

Ce n’est pas des textes de ce blog dont il s’agit, mais de ceux que j’ai rédigés dans le cadre de ma vie professionnelle. J’en ai déjà parlé dans mon article de Noël, je travaille pour une maison d’édition de BD, Graffcomics, comme chargée de communication. Pour vous mettre dans le contexte, il s’agit d’une jeune société qui a l’ambition de lancer quatre séries de comics inédites, qui seraient gratuites pour le lecteur grâce à la vente d’espaces publicitaires. Pour réussir à lancer la publication au plus vite, nous avons lancé une campagne de financement participatif sur Ulule.
(D’ailleurs, si vous voulez participer et m’aider à garder le job de mes rêves, n’hésitez pas à participer les enfants ^^)

Ce qui nous ramène à cette histoire de plagiat. Alors que je travaillais sur la communication de notre dernière semaine de campagne, je suis tombée sur cette campagne de financement participatif sur My Major Company. L’objectif : financer un magazine comportant 3 séries (non inédites) publié par une jeune maison d’édition… Et là, le choc. MAIS C’EST MON TEXTE !!

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Un plagiat pour une arnaque

Ma colère croissant au fur et à mesure de ma lecture, je n’ai pu que constater que c’était un copié-collé pur et simple de la page de ma campagne, légèrement modifiée pour coller à ce projet. Jugez par vous-même…

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Texte de la campagne pour Lugdunum éditions

texte de graffcomics

texte de graffcomics

My Major Company

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son texte

mon texte

mon texte

Là, on est d’accord que ça devient compliqué de nier l’évidence ? Pour info, ni Comics Box ni Zoo Magazine ne sont des quotidiens, mais passons.

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Allez, un dernier exemple pour la route ?

son texte

son texte

mon texte

mon texte

C’est vrai que « crédible », c’est un plus joli mot que « sérieuse »… J’en viendrais presque à regretter mon choix…

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Je m’arrête pas pour les exemples, je pourrais mettre l’ensemble de la page. Voilà voilà. Je suis très énervée ! Mais le pire dans cette histoire, ce n’est même pas qu’on ait volé mon travail, mais qu’il serve pour vendre une arnaque ! Regardez de plus près les membres de l’équipe derrière ce projet…

Une équipe imaginaire

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Nous avons donc Naim Babana, ou sur la même page un peu plus loin, Namaim Babana, qui est un scénariste connu (pas trouvé sa trace). Une recherche sur Facebook ? Un compte ouvert en novembre 2014. Une recherche sur Google Images ? Cette photo est issue d’une banque d’images en ligne !!

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Continuons avec Anne Martin ! La photo est également issue d’une banque d’images en ligne, même le descriptif du métier vient du site lesmétiers.com ! Ce même procédé est utilisé pour le reste de l’équipe.
Nous avons donc une ribambelle de gens inventés derrière ce projet !

Mais le plus fort reste encore à venir…

Les séries qui devraient être publiées ne sont pas inédites, ce sont des comics qui sont déjà sortis aux Etats-Unis. J’ai vu cette campagne grâce à la publication sur Facebook du dessinateur de comics Julien Hugonnard-Bert, que j’avais rencontré au Lille Comics Festival. Selon ses amis du métier qui commentaient ce post, il y avait peu de chances que les créateurs originaux de ces séries aient vendu les droits de leurs comics ! Un peu plus tard, le scénariste d’une des séries en question a confirmé que cette « maison d’édition » n’avait absolument pas acheté les droits !

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Bien sûr, il y a la colère que je ressens à voir mon travail détourné au profit d’arnaqueurs… Je sais, le concept de propriété intellectuelle est assez compliqué à appliquer sur internet quand il est si facile de faire ctrl+c, ctrl+v ! Mais tout ça, cette page complète pour définir une entreprise et son but, les articles que je poste ici… ça demande des heures et des heures de travail ! Je ne pourrais pas vous expliquer à quel point c’est décourageant de voir ses mots apparaître ailleurs. Comme me l’ont fait remarquer quelques personnes sur Facebook pour me remonter le moral, si on copie mon travail, c’est qu’il est d’une qualité irréprochable, et que se faire plagier, c’est la rançon du succès !

Mais quel succès espérer pour les petites maisons d’édition, pour les dessinateurs et scénaristes qui tentent de s’en sortir en passant par ces sites de financement participatif ? Avec des exemples comme celui-ci, comment espérer être crédible face au grand public, comment survivre ? Voilà pourquoi j’ai voulu écrire cet article. Pour vous éviter de tomber dans une arnaque, d’abord. Mais surtout pour éviter qu’on confonde ces ****** avec des entreprises honnêtes qui essayent d’exister dans un contexte très difficile pour vous offrir une offre culturelle de qualité.


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