Le Prince écorché

Lawrence © Bragelonne 2012

A 10 ans, le prince Jorg d’Ancrath a assisté au massacre de sa mère et de son frère par les troupes d’un ennemi juré de son père. Ce dernier n’a pas daigné laver cet affront dans un bain de sang. Ronger par une insupportable soif de vengeance, Jorg a quitté le château de son enfance et a pris la tête d’un groupe de hors-la-loi semant la terreur et la désolation dans le royaume. A bientôt 14 ans, le prince est décidé à rentrer chez lui pour s’emparer de ce qui lui revient de droit. Mais entre traitrise et magie noire, c’est un chemin pavé d’embûches qui l’attend...
Une éternité que ne je ne m’étais lancé dans une saga de Fantasy. Pour moi, c’est un genre trop enfermé sur lui-même, totalement incapable de se renouveler. Pire encore, je déteste la propension des éditeurs à présenter chaque nouvelle trilogie comme un pur chef d’œuvre. Ce Prince écorché n’échappe pas à la règle : « Un premier tome qui marque les débuts fracassants d’un nouvel auteur » (l’éditeur), « Le meilleur livre que j’ai lu de toute l’année » (Peter V. Brett), « Un page-turner sombre et implacable » (Robin Hobb). Ben voyons... Toutes ces tirades dithyrambiques censées prouver au lecteur blasé que cette fois-ci, promis juré, il a entre les mains un livre incontournable, me sortent par les yeux. Je veux bien reconnaître que pour un premier roman, Mark Lawrence s’en tire plutôt bien. Son univers tient debout et son héros est bien campé, c’est un fait. Pour autant, il reste quelques maladresses. Les dialogues sonnent parfois creux, il y a quelques longueurs et les scènes d’action, un brin mollassonnes, sont loin d’égaler celles de David Gemmel (Waylander).
En fait, je crois que ce qui m’a séduit au départ, c’est le coup de la bande de hors-la-loi sanguinaires. J’ai fait un rapprochement avec les fameux coquillards de Villon et je me suis laisser tenter. Problème, le prince Jorg n’a rien à voir avec le célèbre poète. C’est un sale gosse bouffi d’orgueil et absolument insupportable. Tellement tête à claque que l’on en viendrait presque à souhaiter sa disparition dans les pires tourments. Pour le coup, il s’agit là d’une certaine originalité. Autre originalité, les références à des auteurs comme Platon et Sénèque ou encore à la Bible. Du coup, on en vient à se demander si le monde de Jorg n’est pas une vision du futur où la Terre serait retombée en plein Moyen-âge après une catastrophe nucléaire. Un peu comme dans la planète des singes, quoi.
Le Prince écorché signe donc le début d’une énième épopée de Fantasy tout ce qu’il y a de plus classique. Ce n’est pas en soi un gros problème, pour peu que le lecteur sache d’emblée qu’il ne va pas tomber sur le chef d’œuvre annoncé. Pour ma part, vous l’aurez compris, j’en resterais à ce premier tome.
Le Prince écorché, de Mark Lawrence, Bragelonne, 2012. 382 pages. 21 euros.