Éditions du May, 2024 (207 pages)
Ma note : 16/20
Quatrième de couverture …
Sherlock Holmes incarne, pour toujours, la figure du détective privé dans sa mission d’enquêter, de résoudre des mystères et de confondre les coupables. Très représentatif de la passion du XIXe siècle pour les sciences, le personnage reste cependant énigmatique sous bien des aspects. Cet esprit brillant, toujours en éveil, est sorti de l’imagination féconde de son créateur, Sir Arthur Conan Doyle. Mais où ce dernier a-t-il puisé son inspiration ?
Dans Les Mondes de Sherlock Holmes, Andrew Lycett est parti à la recherche de toutes les sources et les influences qui ont permis à Conan Doyle de forger son personnage et tout un univers d’une extraordinaire force à l’épreuve du temps.
Mon avis …
Sherlock Holmes est un personnage de fiction que l’on ne présente plus. Apparu pour la première fois dans Une étude en rouge en 1887, il incarne la figure du détective moderne de l’époque qui, féru de sciences, fait appel à ses capacités de déduction pour résoudre moult enquêtes alambiquées. Violoniste à ses heures et doté d’une personnalité brillante mais ombrageuse et sarcastique, notre héros peut compter sur l’empathique docteur Watson pour l’assister dans ses aventures.
Après avoir adoré Le chien des Baskerville (qui fut une lecture coup de cœur) et apprécié Une étude en rouge puis Le signe des quatre, force est de constater que j’aime me balader dans le Londres de la fin du XIXe siècle mais aussi mener l’enquête au 221B Baker Street. J’ai d’ailleurs pour projet de découvrir, petit à petit, toutes les enquêtes mettant en scène notre détective britannique. En attendant, impossible de ne pas me procurer ce beau-livre alors même que j’ai croisé son chemin totalement par hasard en librairie.
Journaliste de formation, Andrew Lycett nous propose ici un ouvrage richement documenté (les illustrations sont absolument sublimes et offrent une vraie plus-value à l’ensemble). Plusieurs sous-parties nous sont proposées dans l’idée de mieux cerner et comprendre les différentes inspirations et influences qui ont amené à la création de ce personnage hors norme.
Ci-dessous : Baker Street, par John Sutton ; illustration de Sidney Paget pour Le ruban moucheté (1892) ; frontispice de La vallée de la peur, par Frank Wiles dans le Strand Magazine (1914).
L’auteur nous plonge ainsi dans le Londres du XIXe siècle, avant d’aborder les voyages plus lointains effectués par Sherlock Holmes. Un point est ensuite consacré à tout l’intérêt que Sir Arthur Conan Doyle nourrissait pour les avancées scientifiques de son époque ou encore l’apparition de nouvelles méthodes d’investigation et d’enquêtes. Les chapitres « L’art dans le sang » et « Quelques penchants athlétiques » abordent quant à eux les inspirations artistiques et les disciplines sportives, prisées à l’époque, que l’on peut retrouver dans les textes mettant en scène Sherlock Holmes. Notre héros est ainsi passé expert en boxe ou en escrime, même s’il ne fait usage de ses talents sportifs que de manière parcimonieuse.
Cet ouvrage nous permet également d’en savoir plus sur Conan Doyle, et c’est un autre intérêt de ce beau-livre. On apprend ainsi que Sir Arthur Conan Doyle était un grand voyageur, mais aussi un descendant d’artistes (son père était peintre ; son grand-père portraitiste et caricaturiste). S’il ne pratique pas la boxe comme Sherlock Holmes, Conan Doyle était un grand sportif. Inscrit dans un club amateur de football, et un autre de cricket, il était également passionné de sport automobile, de sport équestre, et savait skier ! J’ai donc adoré en apprendre davantage sur cet auteur né en Écosse. Conan Doyle a forcément mis beaucoup de lui dans ses écrits, même s’il était évidemment très différent de son héros détective (moins misanthrope, et plus sociable dirons-nous). Sont également évoqués son intérêt pour le spiritisme (alors très en vogue à l’époque) ainsi que ses prises de position politiques.
Ci-dessous : portrait de Sir Arthur Conan Doyle (1920) ; Conan Doyle à ski dans les Alpes (1894).
Andrew Lycett creuse son sujet en parlant également théâtre et cinéma. Sherlock Holmes a ainsi été incarné de nombreuses fois au cinéma, par des acteurs différents. Mais c’est le théâtre qui véhiculera l’image que l’on se fait de lui aujourd’hui. Si l’on se représente Holmes une pipe à la bouche, portant un pardessus et une casquette à double visière, c’est à William Gillette (qui a longtemps joué Holmes au théâtre, et ce dès la fin du XIXe siècle) que l’on doit cette image marquée dans notre inconscient collectif. J’ai également appris que la fameuse réplique « Élémentaire, mon cher Watson » n’apparaît dans aucun écrit mettant en scène Sherlock Holmes (encore un héritage du théâtre, et des films qui suivront ensuite). Plutôt intéressant, non ?
Ci-dessous : Sherlock Holmes joué sur la scène par William Gillette (1907), aquarelle de Leslie Ward ; Basil Rathbone dans Le chien des Baskerville (1939).
Une dernière partie (« Entretenir la flamme ») est pensée comme une continuité contemporaine. Sont abordés les différents vecteurs qui permettent à Sherlock Holmes de s’inscrire dans une certaine forme d’intemporalité (son apparition dans des jeux vidéos, ou encore le développement de la fanfiction). J’ai été moins emballée par ce dernier chapitre, je dois l’avouer. Je me sens en effet plus proche des écrits d’origine que des produits dérivés.
Les mondes de Sherlock Holmes fut une bonne lecture tant j’ai appris sur les coulisses de la création de ce détective pour le moins atypique, tout en découvrant une partie du vécu de Sir Arthur Conan Doyle. La qualité du travail autour des illustrations (photographies d’époque, gravures, portraits etc) est à souligner tant elle contribue à faire de cet ouvrage un véritable objet-livre.