Éditions Flammarion, 2024 (454 pages)
Ma note : 15/20
Quatrième de couverture …
En débarquant dans un village perdu de la côte écossaise, Christopher Runyard est convaincu que sa présence n’est due qu’à un malentendu. Immédiatement subjugué par cette baie hors du temps, il ignore que, voilà des siècles, une tragédie s’y est déroulée au nom d’un secret qui n’a rien d’une légende. Depuis, l’onde de choc du drame n’en finit pas de provoquer rivalités et intrigues, chacun cherchant à s’approprier la clé du mystère. Ces derniers temps, les habitants meurent de façon suspecte, et Runyard est le prochain sur la liste. Pour survivre à cette énigme qui vire à la malédiction, il va devoir découvrir qui est digne de confiance, et répondre aux deux seules questions que nous devons tous nous poser un jour : qui sommes-nous au fond, et que valons-nous réellement quand la tempête se déchaîne ?
La première phrase
« Les rafales chargées d’embruns balaient le modeste village de pêcheurs blotti au fond de sa baie. Il fait nuit, déjà froid pour la saison. »
Mon avis …
Suite à un héritage, Christopher Runyard découvre les paysages enchanteurs d’un village écossais situé en bord de mer. Le hic ? L’accueil glacial des habitants qui semblent tous sur le qui-vive. Mais ce n’est pas tout. Notre héros apprend en effet que les précédents propriétaires de sa maison sont décédés de manière précipitée. Un tueur en série rôderait-il dans les parages ? Ou des secrets bien cachés seraient-ils en lien avec le comportement très étrange des habitants de Kilthorpe ?
Je vous l’avoue tout de go, j’ai passé un bon moment en compagnie de ce thriller. J’ai surtout apprécié son atmosphère ô combien mystérieuse. Les villageois semblent déconnectés du monde réel, comme figés dans une autre temporalité (c’est sans doute ce que j’ai préféré dans ce roman) tandis que plane une menace bien palpable : celle du souffle d’un assassin qui semble savoir à l’avance où il doit frapper.
Gilles Legardinier est un auteur que je suis donc ravie de retrouver dans un tout autre registre que celui de la comédie. J’avais apprécié Demain j’arrête ! (lu en 2015), mais je dois dire que Le secret de la cité sans soleil m’était littéralement tombé des mains. Or celui-ci disposait d’une composante historique, exactement comme J’ai commencé par mourir qui aborde un épisode de massacre perpétré dans les années 1660, décimant alors la population de Kilthorpe. Mes craintes étaient donc fortes à la lecture des premières lignes. J’ai cependant été happée par l’intrigue. La peur des habitants est tangible, et l’on se plaît à mener l’enquête auprès du héros.
Malgré les circonstances, Christopher ne manque en effet ni d’humour ni de second degré. Mais c’est surtout le binôme qu’il forme avec Kate, une enquêtrice de choc à défaut d’être garde forestière, qui offre une plus-value au récit. Si un jeu de séduction s’installe rapidement, ils en viennent tout de même à se soupçonner l’un l’autre, ce qui ajoute un peu de sel à l’ensemble.
Le final est quant à lui assez réussi, nous réservant quelques surprises. On tremble littéralement pour l’un de nos personnages. Si je regrette que le dénouement ne réponde pas à toutes mes interrogations, j’ai aimé cette ambiance de course contre-la-montre, de chasse au trésor, de souterrains cachés. On se plaît à imaginer quels secrets se cachent derrière un phare, ou encore une grotte, dans une atmosphère où chaque lieu est battu par le vent et les embruns. Gilles Legardinier signe ici un thriller addictif, qu’il est difficile de lâcher.
Extraits …
« Les réactions spontanées dont font preuve les individus face aux tracas de parfaits étrangers sont un excellent moyen de mesurer leur degré d’humanité. On peut alors les situer sur une échelle allant de l’indifférence complète à l’empathie sincère. Ceux qui se baissent pour ramasser ce que d’autres ont laissé tomber et le leur rendent, et ceux qui marchent dessus sans même s’en rendre compte. Ceux qui retiennent la porte, et ceux qui n’envisagent même pas que quelqu’un puisse la franchir derrière eux. »