Sue Kaufman : Journal d’une ménagère folle

sue kaufman, Sue Kaufman (1926-1977) est une romancière américaine. Diplômée de Vassar College en 1947, elle débute comme assistante chez un éditeur. En 1953, elle épouse le docteur Jeremiah Abraham Barondess, avec qui elle a un fils, James, en 1957. Sous son nom de jeune fille, elle publie de nombreuses nouvelles dans des revues américaines telles que Atlantic Monthly, Paris Review, Saturday Evening Post. C'est avec son troisième roman, Journal d’une ménagère folle, qu'elle connaît un succès véritable en 1967.

Etats-Unis dans les années 1960. Tina (Bettina Munvies Balser), femme au foyer de trente-six ans et mère de deux filles est l’épouse de Jonathan, avocat plein d’ambitions multiples leur permettant une ascension sociale comme ce bel appartement non loin de Central Park à New York. Outre son métier, Jonathan s’éparpille en boursicotant et en investissant dans le monde du théâtre où il peut côtoyer des people comme on dit aujourd’hui. Les soirées mondaines se succèdent et Jonathan tient à faire bonne figure, au grand désespoir de Tina qui ne voit pas tout ça d’un bon œil. Elle traine les pieds derrière un Jonathan ébloui par les paillettes, aveugle aux moqueries de ce petit monde qu’il cherche désespérément à intégrer.  

Un beau jour, Tina décide de tenir un journal pour tenter d'y voir plus clair dans sa vie. Nous la suivrons dans les moindres détails de sa vie, l’épouse chargée de la logistique ménagère, des enfants et surtout des exigences maritales quant à l’organisation de la maisonnée (« En tant qu’époux et chef de famille, j’ai le droit d’attendre, de demander, et que toi, en tant qu’épouse, tu as le devoir de faire » Une autre époque !). Et lorsque tout ne tourne pas rond, comme le voudrait le mari, il pense que Tina a des problèmes psychologiques et qu’elle doit soigner sa « folie ».

Sue Kaufman a la plume alerte, le rythme est rapide et Tina nous est très sympathique immédiatement. On pourrait penser que le récit étant la voix de Tina, la vérité en soit équivoque mais le ton général, mêlant cynisme et humour, tendresse et émotion, nous laisse envisager une autre interprétation de la situation ce que l’épilogue confirmera, insinué par le titre du roman, provocant et ironique.

« Sue Kaufman dénonce ici les violences symboliques que subissent les femmes de la classe moyenne. Elle explore, avec une repartie rugueuse, la "folie" d'un être qui perd pied dans une société américaine paternaliste. »

Un excellent roman, je vous en recommande la lecture.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois